La mission principale du CCAS de Prades auprès des jeunes est de contribuer au quotidien à l’éducation du citoyen de demain, « quelqu’un qui par son action au quotidien participe au bon fonctionnement de la société ». Le CCAS conçoit ce citoyen de demain comme quelqu’un d’autonome, responsable et acteur de sa vie. Il participe également à la vie de la société et respecte les règles imposées par cette dernière. Ce citoyen se soucie aussi de l’autre et se montre solidaire. Cela se traduit par plusieurs formes d’accompagnements, de suivi et de projets socio-éducatifs.
Principaux objectifs
Le CCAS travaille sur différents points qualifiés d’objectifs intermédiaires :
- Rendre la personne actrice de son évolution : « passer de vivre à exister ».
- Donner du sens aux différentes interventions
- Développer l’estime de soi
- Travailler sur l’autonomie
- Accompagner l’élaboration d’un projet professionnel cohérent
- Engager les jeunes
- Repérer les sources de motivation permettant l’action
- Leur permettre de prendre conscience de leurs capacités
- Donner des repères, intégrer le rapport à la règle, à la loi
Ces missions sont en constante évolution afin de répondre aux besoins décelés sur le moment.
Public(s) Ciblé(s) par l'action
Le CCAS vise plusieurs publics :
- Principalement des adolescents ayant des problèmes liés à leur âge, souvent couplés à des problèmes familiaux et/ou sociaux :
- A partir de 12 ans en collaboration avec le collège afin de lutter contre le décrochage scolaire et
d’accompagner les parents dans leurs responsabilités éducatives - A partir de 16 ans en collaboration avec le lycée et la Mission locale afin d’éviter la déscolarisation d’une part et établir un projet professionnel cohérent
- A partir de 12 ans en collaboration avec le collège afin de lutter contre le décrochage scolaire et
- Des jeunes adultes de plus de 25 ans, pour lesquels l’accompagnement est ponctuel en fonction des besoins
- Des personnes sortant de prison ou ayant un bracelet électronique
- De jeunes nouveaux arrivants à Prades, afin de faciliter leur insertion dans la vie de la cité
- Des enfants, à l’occasion d’interventions avec la police municipale dans les écoles primaires. Ce projet, qui permet d’effectuer de la prévention routière, donne l’occasion de se présenter, d’aborder les missions du CCAS, d’établir le contact et de repérer des enfants susceptibles d’être accompagnées dans un avenir proche.
Contexte
En 2007, le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) a créé un questionnaire qui est distribué par l’adulte relais du moment au sein de l’Education Nationale, aux associations sportives et aux associations à caractère social afin de faire un point sur la situation.
Plusieurs remarques ressortent de ces études :
- Les établissements se plaignaient d’incivilités en interne, accueillent des publics connaissant des difficultés psychologiques ou sociales.
- Les problèmes les plus souvent rencontrés étaient la dégradation de matériel, la violence
verbale, le vol, le manque de respect envers l’adulte.
- Toutes les structures connaissant des dégradations et des vols en extérieur, aux abords de leur espace et commis hors des heures d’entraînement ou de scolarité, se disaient démunies et sans moyens d’agir.
- Certains établissements et associations travaillaient déjà en partenariat avec la gendarmerie, la police municipale, la mairie, le Conseil Départemental et souhaiteraient un approfondissement des relations. Un partenariat avec des éducateurs, des psychologues, conseillers en économie familiale était souhaité.
- Le problème de l’absence sur Prades de structure adaptée pour accueillir des jeunes déscolarisés et livrés à eux même était évoqué.
- Certaines structures évoquaient l’aide d’un éducateur.
Suite à ces différents diagnostics, la Mairie a décidé en 2008 de mettre en place un poste d’éducateur de rue à l’essai sur 6 mois pour aboutir peut être à une titularisation en fonction des résultats.
Description / Fonctionnement de l'action
La stratégie
Le fonctionnement du projet peut être illustré sous forme d’un engrenage composé de trois grosses roues, représentant les principales missions, avec le jeune au centre du dispositif et en embranchement les projets socio-éducatifs, les partenariats et l’accompagnement.
En s’appuyant sur de multiples interventions, échanges, projets, le CCAS cherche à rendre le jeune acteur de sa vie personnelle et professionnelle.
En d’autres termes, pour travailler sur l’éducation du citoyen de demain, le CCAS s’oriente sur :
- le court terme à travers des actions au moment de l’intervention
- le moyen terme par l’intermédiaire d’accompagnements, d’un suivi par les partenaires
- le long terme par un travail quotidien visant à faire acquérir des compétences transférables dans d’autres secteurs.
Il est important de souligner que les deux premières façons d’intervenir que sont le court et le moyen terme participent également à faire acquérir des connaissances et des compétences transférables dans la vie quotidienne. Le projet exploite les ressources disponibles à proximité, utilise des outils et des supports (la culture, le sport…) et collabore avec les partenaires adaptés pour atteindre les objectifs éducatifs recherchés.
Le projet socio-éducatif
Les priorités du projet sont de répondre aux exigences de la stratégie nationale de la prévention de la délinquance car les différents projets mis en place ont participé à améliorer la tranquillité publique et ont permis la prise en charge de jeunes exposés à la délinquance. En 2020, le CCAS intervient également sur une troisième priorité nationale, concernant les violences intrafamiliales par l’impression d’une bande dessinée créée par les jeunes et pour les jeunes.
Tout au long de l’année, le travail au quotidien se décline en trois grands axes, liés les uns aux autres, avec comme finalité commune la construction du citoyen de demain :
- un travail d’accompagnement individuel et collectif en collaboration avec les partenaires locaux
- de nombreux projets socio-éducatifs permettant de répondre efficacement aux besoins décelés lors des différents échanges avec le public concerné
- un travail administratif pour mettre à jour nos accompagnements ainsi que pour créer et évaluer les multiples actions
Voir la vidéo imaginée par l’équipe des éducateurs de rue de Prades :
Formation d’une stagiaire
En 2020, le CCAS de Prades a eu la responsabilité de former une stagiaire en dernière année de diplôme d’éducateur spécialisé sur la période de juin 2019 à mars 2020. Cette expérience a été bénéfique à plusieurs niveaux .
Tout d’abord, grâce à sa formation, elle a su apporter un regard nouveau et professionnel sur les pratiques puis proposer des projets socio-éducatifs, des outils de travail et de communication. Ces différentes propositions ont pu être prises en compte par la hiérarchie et certaines ont participé à l’évolution du travail et ont donné une dimension supplémentaire à l’action.
Les retours de son référent de formation ont confirmé que le travail du CCAS au quotidien était original, adapté, pertinent et totalement en cohérence avec les dernières recommandations de la profession. Il a proposé à l’équipe du CCAS de venir présenter ce fonctionnement aux étudiants de Toulouse au cours de l’année 2020-2021.
En d’autres termes, cette période a permis de prendre du recul sur le travail, de conforter les convictions et orientations, d’avoir une reconnaissance du travail auprès de professionnels et formateurs et de rendre plus lisible nl’action quotidienne.
Bilan
Le CCAS se sert de plusieurs indicateurs pour établir un bilan. Ils sont répertoriés de la façon suivante.
Axes de travail et nombre d’intervention
Un travail est effectué autour de chaque situation spécifique autour de 9 axes d’évaluation :
- Répondre présent en cas de besoins : 50
- Autonomie/Responsabilisation : 44
- Mettre en relation avec les partenaires/Socialisation : 30
- Affiner le projet professionnel : 29
- Donner du sens à ses actions : 23
- Proposer un espace d’échange : 22
- Éviter le décrochage scolaire : 15
- Comportement/Addiction/Repère : 11
- Travail sur l’estime globale de soi : 7
Cette orientation par suivi a été privilégiée pour des raisons de lisibilité, cependant, il semble important de préciser que chaque accompagnement est complexe et nécessite un travail autour de plusieurs axes dans une même période. Une évaluation est opérée régulièrement afin de modifier les orientations du suivi en fonction de l’évolution de la situation.
Accompagnements par catégorie et nombre d’intervention
Le CCAS de Prades accompagne spécifiquement 231 personnes :
- 93 jeunes en collaboration avec l’Education Nationale
- 86 avec la Mission Locale
- 52 qui ont déjà un travail ou qui ont plus de 25 ans, pour lesquels un accompagnement ponctuel est proposé en fonction des besoins
Temps de travail en pourcentage
- Accompagnements : 36 %
- Partenariats : 9 %
- Projets socio-éducatifs : 40 %
- Administratif : 15 %
Nombre de rencontres
Afin d’obtenir davantage de précisions sur le nombre de jeunes abordés et sur la fréquentation de la structure, un outil a été créé permettant d’avoir un retour par mois. Ce travail a permis de déterminer qu’en moyenne chaque semaine, 109 situations sont abordées par semaine, concernant 75 jeunes, que ce soit sous forme d’accompagnement individuel, collectif ou de projets socio-éducatifs.
Moyennes du mois de février 2019 par semaine
Situations Abordées : 130
Rencontres : 106
Personnes Différentes : 80
Moyennes du mois de juin 2019 par semaine
Situations Abordées : 88
Rencontres : 74
Personnes Différentes : 70
Origine des signalements
- Famille : 26
- Partenaires : 103
- Éducateur/CCAS : 92
- Rencontre à l’initiative du jeune lui-même : 10
La diversité des personnes ou organismes ayant signalé des situations compliquées prouve l’efficacité des actions et du repérage dans l’environnement Pradéen.
Moyens
Moyens humains
Un poste fixe est dédié depuis 2008, en contrat aidé, généralement renouvelé pour 3 ans.
Depuis 2020, une jeune apprentie est en poste pour 3 ans, en formation d’éducateur spécialisé.
Moyens materiels
Un bureau séparé en 2 parties : une partie avec ordinateur permettant de travailler sur CV, lettre de motivation, recherches, soutien scolaire et une autre partie destinée à l’échange avec de la documentation préventive.
Coût total du projet
L’éducateur effectue des demandes de subvention pour pouvoir réaliser les projets envisagés.
Les partenaires
Partenaires opérationnels
Le secteur de Prades comporte de nombreuses structures ayant de multiples compétences, souvent méconnues des jeunes de la ville, qui fonctionnaient quelquefois de façon isolée, perdant ainsi en efficacité.
Depuis quelques années, le CCAS travaille pour faire connaître les missions spécifiques des structures à proximité par les actions du quotidien et développer les liens du réseau de partenaires de prévention de la délinquance locale par le rôle sur le terrain.
C’est grâce à cette diversité de partenaires et à la qualité du fonctionnement du réseau que les nombreux accompagnements détaillés quelques lignes auparavant sont possibles. Afin de rendre les partenaires plus lisibles, ils ont été présentés par l’intermédiaire du tableau ci-dessous en quatre catégories : santé, éducation nationale, insertion et justice.
Ils financent l'action
Les actions sont essentiellement financées par le FIPD (Fond interministériel de prévention de la délinquance), par VVV (Villes Vie Vacances) et par le PDASR (Le plan départemental d’action et de sécurité routière).
Les outils pour évaluer l'action
Le CCAS s’appuie sur des indicateurs spécifiques présentés sous forme de pictogrammes.
Les observations du CCAS/CIAS
Tout d’abord, une bonne connaissance de l’environnement, des difficultés et des atouts du territoire paraît primordiale. La première partie du travail consiste à créer des questionnaires pour rencontrer les personnes afin d’établir un bon diagnostic de la situation.
Il est également essentiel de veiller à l’intégration au réseau existant. La rencontre des partenaires va permettre de connaître réellement les missions de chacun, mais également de présenter les missions des éducateurs tout en précisant que ces actions sont complémentaires et que l’action sur le terrain va permettre de rendre le réseau plus réactif. Il faut faire constamment le lien entre les jeunes et les structures en jouant un rôle de facilitateur.
Enfin, il semble tout aussi important de faire évoluer sa pratique afin de répondre constamment aux problématiques décelées. C’est pour cette raison qu’il est primordial d’avoir un recul sur celle-ci et d’échanger régulièrement avec la hiérarchie, les partenaires, la population et les élus.
Photo : Wikimedia Commons / Pradéen66