Le concept « Logement d’abord » initié aux Etats Unis dans les années 90 s’adressait prioritairement aux personnes vivant dans la rue et souffrant de troubles psychiques. Le concept a été développé ensuite dans de nombreux pays européens au travers de son intégration dans des stratégies nationales et dans certains cas, il est en cours d’expérimentation.
Finlande, une stratégie qui fonctionne
Souvent considérée comme un modèle en Europe, la Finlande a vu le nombre de sans – abri passer de 18 000 en 1987 à 7 000 en 2016.
C’est dans les années 1980 que la Finlande a entamé des actions pour lutter contre l’itinérance. Cette priorité a été inscrite dans l’ensemble des programmes gouvernementaux ces dernières années. La Finlande serait ainsi devenue l’un des seuls pays européens où le nombre de sans-abri diminue. Le « Logement d’abord » est ainsi apparu en 2007. Au centre du dispositif : une offre de logement permanent couplé à un ensemble de services personnalisés, accompagnés de mesures de prévention.
Réduire de moitié le nombre de sans-abri
Pour répondre à la hausse croissante de demandes de logements locatifs abordables, des auberges ont été transformées en logements avec des appartements indépendants et les organismes de logements sociaux ont proposé des logements pour ce programme. Plusieurs programmes pluriannuels ont vu le jour. Le premier 2008-2015 avait pour cibles les sans -abri de longue durée. Le second 2016-2019 était plus axé sur la prévention. Le programme actuel a débuté en 2020 avec pour ambition de réduire de moitié le nombre de sans-abri dans les quatre années à venir et mettre fin définitivement au sans-abrisme dans les quatre années suivantes.
L’ambition finlandaise affichée : supprimer d’ici 2027 le sans-abrisme définitivement
En 12 ans, la Finlande a divisé le nombre de sans-abri par trois et ambitionne d’ici 2027 de supprimer définitivement ce phénomène. Ce succès pourrait s’expliquer par les éléments suivants :
- La lutte contre le sans-abrisme est inscrite depuis de nombreuses années comme une priorité nationale dans laquelle « Le logement d’abord » a été pleinement intégré. Ce principe repose sur la conviction que les problèmes connexes rencontrés par les personnes sans-abri peuvent être résolus une fois qu’ils sont dans un logement stable.
- Un partenariat solide construit au fil des années entre l’Etat, les collectivités, les associations mais aussi les bailleurs et fondations intervenant dans le domaine du logement. Par exemple, la Fondation Y qui est le quatrième plus grand propriétaire de Finlande est aussi l’un des principaux promoteurs nationaux du principe du “logement d’abord”. Fournisseur de logements sociaux à but non lucratif, la fondation compte plus de 17 300 appartements et opère dans plus de 50 villes et municipalités en Finlande. La plupart des appartements sont loués à des partenaires, des organisations et des municipalités.
- Un programme de logements pour répondre aux besoins avec la construction de logements subventionnés, des rénovations mais aussi l’utilisation des logements sociaux et l’achat d’appartements privés pour les louer à des sans-abri (dans des conditions d’accès facilitées). Une partie importante du programme a consisté à transformer massivement des refuges et des foyers de type dortoir en “logements avec assistance” afin de répondre à l’énorme besoin de logements offrant une aide aux locataires. La dernière grande auberge pour sans-abri à Helsinki avec 250 places-lits était gérée par l’Armée du Salut. Il y a quelques années, cette auberge a été rénovée et se compose maintenant de 80 appartements indépendants avec du personnel sur place. La baisse drastique de solutions temporaires du type foyers a complètement changé le paysage de la politique finlandaise en matière de lutte contre le sans-abrisme.
A noter que si l’Etat a investi 320 millions d’euros sur 12 ans pour les constructions, de nombreuses collectivités, entreprises ou même particuliers ont accepté de faire dons de terrains.
Une recette simple, qui semble fonctionner en Finlande.
Objectif 3 - Éradiquer l’itinérance en deux mandats gouvernementaux
Le logement d’abord en Europe
Le logement d’abord en France