Deux contributions au Grand Débat National par le CCAS de Tours

Accès aux droits, Insertion sociale et professionnelle, Logement
Publié le 20 mars 2019
Environnement et éco-citoyenneté, accessibilité des services publics, logement, santé, rôle de l'Europe... les usagers du Restaurant Convivial Voltaire ont répondu le 14 mars à l’invitation du CCAS de Tours pour faire part de leurs préoccupations lors du Grand Débat National. Le 6 mars cela avait également été le cas pour les personnes hébergées par le Centre d’Hébergement d’Urgence (CHU) Paul Bert, confrontées aux difficultés d’accès au 115, au désœuvrement, à l’errance et à d’importantes problématiques d’accès aux droits.

Compte-rendu des échanges au CHU Paul Bert, le 6 mars 2019


L’accès au 115 apparaît compliqué et nébuleux. Les participants souhaitent mieux connaître et comprendre le fonctionnement de cette plate-forme, et que les réponses soient plus transparentes : par exemple, pourquoi selon l’heure d’appel il y a plus ou moins de places ?

Aussi, l’accès aux papiers français et à leur obtention mériterait une meilleure information auprès de ces personnes. Il est difficile de savoir exactement quels sont les délais, les prérequis, etc.

La question de l’errance est beaucoup revenue dans le débat. Les personnes vivent mal le fait de devoir partir du Centre à 8 heures le matin et ne pas savoir comment occuper leurs journées jusqu’à 18 heures. Certains participent à des actions bénévoles (Croix Rouge, Secours catholique, etc.) mais souhaiteraient que les CCAS puissent leur proposer une occupation, telle qu’un travail d’intérêt général par exemple.

La thématique de la mobilité se situe également au centre des préoccupations des personnes sans domicile stable. Grâce au tramway à Tours, les déplacements se font plus facilement. Néanmoins, une question demeure sur les tarifs : lorsqu’on est étudiant ou demandeur d’emploi, il est possible d’avoir des réductions, alors qu’en tant que demandeur d’asile, le tarif à acquitter est le plus élevé.

De même, les demandeurs d’asile estiment qu’il est compliqué d’accéder aux formations. On les encourage à chercher des axes d’apprentissage, mais ceux-ci se révèlent régulièrement inaccessibles en raison de leur statut.

Une personne ayant fui son pays qui n’accepte pas les LGBT a également évoqué sa situation. En France, à son arrivée, aucune institution ou association n’a pris en compte sa demande et les réponses apportées n’ont pas semblé satisfaisantes.

Pour terminer, les participants ont émis l’idée de regrouper plusieurs migrants en colocation. Bénéficiant chacun d’allocations, il leur semble envisageable de pouvoir vivre ensemble sous le même toit. Toutefois, cela ne pourrait se faire qu’avec le soutien d’institutions. Cela pourrait d’ailleurs être également le cas des personnes occupant un emploi mais ne pouvant accéder à la location à cause des demandes trop élevées des bailleurs.

Compte-rendu des échanges au Restaurant convivial Voltaire, le 14 mars 2019


Le thème de la transition écologique s’impose en ouverture compte tenu des actualités et du risque de marée noire sur la côte atlantique. Les personnes présentes estiment que les pollueurs doivent être les payeurs, et regrettent qu’il n’y ait plus d’oiseaux ni d’abeilles dans la nature.

La question de la citoyenneté en découle : par le passé, lors d’un événement tel qu’une marée noire, les gens mettaient en avant leur rôle de citoyen et proposaient leur aide pour nettoyer les plages. Aujourd’hui on constate que l’engagement n’est plus le même et que l’individualisme a pris le dessus. C’est tout le pan fraternel de la devise républicaine qui s’en trouve perdu.

On évoque aussi le fait que l’écologie doit passer par des petits gestes au quotidien : réfléchir à ses achats pour ne pas surconsommer, préférer des modes de déplacement doux à la voiture, etc.

Le problème de l’accessibilité des services publics est au cœur des préoccupations. Un certain éloignement donne l’impression d’une déshumanisation et d’une considération reposant uniquement sur un numéro de dossier : cela crée un véritable manque de repères pour ces citoyens. De plus, avec l’obligation de passer par des démarches numériques, plusieurs personnes s’avouent démunies et manquent de moyens pour poursuivre leurs démarches en autonomie.

La question du logement prend aussi place dans le débat. On déplore que les logements sociaux destinés aux publics fragiles soient souvent des passoires thermiques, ce qui amène des coûts relatifs aux fluides très élevés au regard des faibles ressources des locataires. On exprime un véritable problème de précarité énergétique, qui pousse certains à chercher à accéder à d’autres logements.

L’organisation des services publics apparaît complexe et manque de clarté pour les personnes présentes. Ils exposent des situations vécues avec des travailleurs sociaux qui devaient contacter d’autres collègues pour obtenir une réponse, avant de renvoyer l’individu vers un autre service. On s’interroge sur la faisabilité d’une simplification administrative, notamment lorsque cela touche en direct les citoyens.

En termes de santé, on reconnaît que la CMU est un dispositif très remarquable qui permet d’accéder aux soins sans avoir à avancer ou à débourser d’argent. Néanmoins, le prix des mutuelles est pour certain un frein à la bonne médicalisation. C’est toute la question des seuils et de la situation du « travailleur pauvre » qui est alors abordée. Lorsque la personne est « trop riche » pour bénéficier des minima sociaux mais « trop pauvre » pour prétendre à vivre dignement de son travail, quelles sont les solutions qui s’offrent à elle ? Mais cela touche également plus largement les retraités qui ont cotisé toute leur vie et les jeunes en situation de précarité.

On aborde enfin la question européenne. Les personnes qui assistent au débat iront s’exprimer lors des élections du 26 mai. Néanmoins, ils déplorent que l’Union Européenne ne prenne appui que sur une question économique et financière et omette le versant social : pourquoi ne pas harmoniser les salaires minimums, les temps de travail, la fiscalité, etc. ?

Pour terminer, l’ensemble des usagers du Restaurant convivial ont souhaité dire leur enthousiasme à l’égard des actions du CCAS. Ils trouvent les agents très humains et très à l’écoute de leurs situations. Le Restaurant leur permet d’ailleurs d’avoir un foyer qui crée des liens presque familiaux et leur procure une bouffée d’oxygène au quotidien.

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