Aide alimentaire dans le Lot : l’ensemble des acteurs autour de la table

Accès aux droits
Publié le 14 mai 2019
Le député Aurélien Pradié organisait le 20 mars dernier à La Petite Fourchette, espace de cuisine autonome et pédagogique de Labastide-Murat, une réunion avec l’ensemble des organisations lotoises investies dans le champ de l’aide alimentaire. L’Union départementale des CCAS (Udccas 46) était représentée par sa présidente Martine Hilt. Un moment précieux pour évaluer l’évolution des profils bénéficiaires et effectuer un tour d’horizon des actions proposées en réponse.

Des publics de plus en plus hétérogènes


Les participants observent qu'une partie du public cible de l'aide alimentaire est resté le même, recourant depuis des années aux mêmes organisations. Les petits frères des Pauvres, par exemple, continuent à être des référents clés pour le public âgé du territoire, octroyant des colis ponctuels à domicile pour répondre aux difficultés de ce public à se déplacer vers les lieux de distribution, surtout lorsqu'ils se situent hors de la ville. L’aide alimentaire constitue cependant une activité secondaire de cette association, concentrant ses actions sur la lutte contre la solitude.

L’aide alimentaire représente en revanche un tiers des aides financières distribuées par le Secours Catholique du Lot. Elle prend la forme de repas ou de petits-déjeuners pris dans des lieux d’accueil dédié à Cahors, Figeac, Gramat ou Gourdon. Ailleurs dans le Lot, des aides prenant la forme de colis d’urgence ou d'aides financières sont également distribuées. L’accueil est réalisé par les bénévoles de façon confidentielle. Le public se compose de personnes en rupture de droit ou sans accès aux droits, notamment migrants... L'association rencontre également des jeunes isolés, des travailleurs pauvres, souffrant de fins de mois difficiles en raison d'un emploi à temps partiel, mais aussi des personnes sans abri, souffrant d’addictions, en fragilité psychologique...

La Croix-Rouge du département entend aborder l’aide alimentaire dans une vision globale de la personne afin de mieux définir les besoins. Cela permet à des personnes d’éviter le circuit classique de l’aide, avec son dossier auprès de l’assistante sociale. L'association confirme l'apparition d'un nouveau public de travailleurs pauvres dans le département, ainsi qu'une augmentation des familles monoparentales. Les travailleurs pauvres n’osent pas toujours demander de l’aide, note la Croix-Rouge, qui indique également que les femmes sans domicile s'avèrent un public manquant de visibilité.

Les associations familiales laïques apportent leur aide à des familles ne rentrant pas dans les critères classiques de l’aide, fragilisées suite à un accident de la vie. Le Secours populaire a opté pour une aide alimentaire basée sur le libre choix des produits laissés aux bénéficiaires, qui disposent d’un système de points. L'organisation souhaite ainsi améliorer les relations d’accueil, primordiales et strictement confidentielles là aussi. Elle note une présence plus importante des familles monoparentales, des personnes âgées et des migrants.

Les associations bénéficient de l’aide alimentaire dispensée par la Banque alimentaire, dont le rôle est aussi la mise en œuvre de mesures d’accompagnement, avec le soutien du Fonds Européen d’aide aux plus démunis (FEAD).

Le lien social, au-delà de l'aide alimentaire


En zone rurale, le milieu scolaire reste un indicateur essentiel des problèmes rencontrés par les familles. Difficultés pour payer les frais de cantine, absence de petit-déjeuner pris, fonds sociaux de plus en plus sollicités (surtout au collège), les signes sont nombreux, avec leur lot de conséquences pour la santé et la réussite scolaire des élèves : « coup de barre » du matin, obésité, manque de concentration…

Cette précarisation visible est liée à des causes multiples :

  • isolement des familles monoparentales où la pension alimentaire n’est pas versée,
  • progression du travail à temps-partiel,
  • accès aux droits complexifié par une non-connaissance des aides disponibles ou par une multiplication des démarches administratives.

Aussi, l’accompagnement social s'articule-t-il nécessairement à l’aide alimentaire, revêtant plusieurs aspects. La diversité des publics suppose un accueil différencié. Entre situation d’urgence, précarité durable, aide ponctuelle, les besoins d’accompagnement sont variables... Pour répondre la mauvaise alimentation, la mise en place d’ateliers de cuisine avec diététicienne est proposée par plusieurs CCAS et CCAS. Des goûters à l'école ont également été évoqués, ce temps de la journée étant également un marqueur de différences sociales importantes.

Pour certains publics, les participants ne disposaient d'aucune réponse évidente. Face aux travailleurs pauvres ne souhaitant pas forcément suivre le parcours classique de l’aide, les bénévoles se mobilisent pour proposer un accueil en amont, mais le recours à des professionnels spécialisés serait idéal. Cependant les moyens financiers manquent.

Facteur de complexification, depuis la loi NOTRe et le transfert de compétences de nombreux CCAS lotois aux CIAS du territoire, le repérage et le suivi des publics est assuré par des acteurs hétérogènes, notamment les Villes. Les participants notent également un renforcement du rôle des associations en ces matières.

En perspective


La notion d’accompagnement à travers l’aide alimentaire est perçue comme un levier par l’ensemble des structures participantes, quel que soit leur degré d’implication dans l’offre départementale. Il s'agit de se pencher sur les causes de la mauvaise alimentation pour prévenir leurs conséquences, en termes de santé notamment. Les organisations souhaitent adopter une démarche permettant d’appréhender la personne de façon globale, de recréer du lien social sans rentrer dans le schéma du suivi spécialisé. Quelles synergies entre les diverses structures et autres intervenants de l’accompagnement à l’insertion sociale pourraient se développer ?

Deux pistes convergent :

  • L’aide à l’alimentation est un vecteur permettant un accompagnement vers une meilleure alimentation : il convient de favoriser son développement sous forme d’ateliers cuisine ou de toute autre activité portant sur la nutrition et la santé. Il peut s’agir aussi de dispositifs d’éducation alimentaire à l’école, pendant le temps péri ou extrascolaire, au moyen d’ateliers pratiques proposés dès le plus jeune âge.
  • L’accompagnement autour de l’alimentation permet de créer ou recréer du lien social : il faut favoriser les synergies entre les structures pour apporter des mises en relais avec d’autres acteurs du champ social ou associatif et favoriser ainsi la connaissance des droits des personnes et des aides mobilisables.

Une initiative parlementaire sur ces sujets a été évoquée par le député Aurélien Pradié.


Participants


  • Aurélien Pradié, député
  • Jean-Pierre Cayenne, président de la Banque alimentaire du Lot
  • Martine Hilt, présidente de l'Union départementale des CCAS du Lot
  • Patrick Charron, secrétaire du CDAFAL-46 / UDAF
  • Romain Vezine, président territorial de la Croix-Rouge française du Lot
  • Michel Albareil, secrétaire général de la Fédération du Lot du Secours populaire
  • Lucette Gas, présidente et Jacques Chauvin, chargé des relations extérieures des petits frères des Pauvres du Lot
  • Claude Caulet, vice-présidente du Secours Catholique du Lot
  • Pierre Gasnault, chargé de mission « Grande pauvreté » à l’Education nationale, proviseur de la Cité scolaire de Gourdon

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