Qu'attendez-vous de ce congrès de l’Unccas ?
Rencontrer des acteurs de l’action sociale locale ancrés dans les territoires avec toutes leurs variétés et leurs différences, mais également portant des valeurs partagées telles que la compassion, la justice et l’efficacité (au sens d'atteindre ses objectifs). Ces différences et ces valeurs ressortent des recherches que nous avons menées au plus près des décideurs publics.
Que vous évoque la notion de crise dans le secteur de l'action sociale ?
L’enquête que nous avons menée portait sur la décision publique pendant la crise pandémique de la Covid-19. Cette dernière nous a enseigné quelques leçons : nous sommes entrés dans un nouveau monde, celui des discontinuités. L'écrivain et statisticien spécialisé en épistémologie Nassim Nicholas Taleb l’appelle "l’extrémistan", ou celui des "cygnes noirs", car il est imprévisible et a des conséquences systémiques dans tous les domaines, notamment pour les plus fragiles. Ce nouveau monde questionne les limites de nos connaissances et de nos expertises. Il implique la nécessité absolue de mettre à jour avec le plus de cohérence possible nos connaissances pour éviter les effets dominos massifs de propagation. Il implique également la transformation du monde médiatique instantané et affectif qui inhibe toute communication fondée sur les faits et la complexité. Au-delà des techniques de gestion de crise, il pose la question beaucoup plus profonde des réponses à apporter aux besoins de sens des citoyens auxquels doivent répondre les pouvoirs publics dans le chaos de la crise.