Enfants placés : mieux prendre en charge les violences sexuelles

Publié le 20 mars 2023 (Màj le 16 mars 2023)

A l’occasion de la 21e journée de l’observatoire départemental des violences envers les femmes, la Seine-Saint-Denis a exposé les résultats d’une enquête menée avec l’aide sociale à l’enfance (ASE).

Cette enquête, rendue publique le 9 mars 2023, concerne 100 dossiers d’enfants placés. Au moment de la consultation, les enfants sont âgés de 14 ans et 7 mois. Cette étude met en avant le quotidien des enfants abusés et démontre des chiffres importants concernant la situation sur le département.

  • en moyenne, 75% des enfants placés ont été violés,
  • 80% des enfants agressés sont principalement de sexe féminin,
  • les victimes ne subissent pas que les violences sexuelles : 90% d’agressions psychologiques, 79% physiques ou/et aussi souvent 58% co-victimes de violences conjugales,
  • pour plus de 67% des enfants, il y a au moins deux agresseurs,
  • les premières violences apparaissent très tôt : environ 6 ans pour les garçons et 10 ans pour les filles,
  • les agresseurs sont connus à 94% des enfants, dont 72% d’entre eux appartiennent au cercle familial. Quand la famille n’est pas concernée, les agresseurs font partie de l’entourage de l’enfant à 23%.

L’enquête met en lumière trois préoccupations importantes :

  1. les enfants ne sont pas forcément placés pour la raison des violences sexuelles,
  2. les agresseurs sont souvent accusés par une autre personne que la victime,
  3. les actes d’agressions peuvent continuer après le placement. Par exemple, parmi les 57 enfants victimes pendant le placement, 15 le sont toujours lors du droit d’hébergement, et 32 avant et pendant leur prise en charge.

Ces éléments alertent quant à la situation des enfants. Il y a des conséquences très lourdes pour la santé et la scolarité de ces derniers. Ils souffrent de problèmes de sommeil, de troubles du comportement alimentaire, d’addictions, d’angoisses, ou de dépression à 76%. Il y a également les idées suicidaires à 55%, voire les passages à l’acte 32 % et les hospitalisations à 35%. La scolarité est aussi impactée, car plus de la moitié des enfants connaissant un retard scolaire.

La formation des professionnels, une priorité

Il faut donc trouver des solutions pour aider, orienter et accompagner les enfants abusés. L’objectif est d’améliorer le repérage et la prise en charge des victimes. Pour cela, la formation des professionnels apparaît comme une priorité clé. Il est recommandé de proposer une procédure adéquate à l’intention des intervenants, permettre un accompagnement de l’enfant avec une offre de soins de qualité, adaptée et ciblée. Enfin, il serait essentiel d’informer la victime des suites judiciaires concernant les violences qu’elle déclare : beaucoup d’enfants ne sont pas informés ou pensent qu’on ne les croit pas. Il faut donc leur expliquer correctement la signification des décisions de justice.

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