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Fiche d'expérience

Voy’Âge par mots et par vies

Voy'Âge par mots et par vies

Contexte

L’action « Voy’Âge par mots et par vies » a pour objectif de faire vivre le lien social entre les générations, entre les cultures, et ce dans une démarche de partenariat de proximité (objectif inscrit dans son projet d’établissement).L’EHPAD et l’accueil de jour César Geoffray sont gérés par le CCAS et implantés près de l’Université Catholique de l’Ouest (UCO), où séjournent et étudient des étudiants étrangers du monde entier. Les résidents ont fait remonter auprès de l’équipe de la résidence le souhait de s’impliquer davantage dans la vie de quartier, notamment par la rencontre et le partage avec les jeunes étudiants très présents autour de la résidence.
En 2009, l’EHPAD César Geoffray fait savoir à l’administration de l’université le souhait des résidents d’ouvrir leurs portes à la jeunesse étudiante. De son côté, l’Université Notre Dame (Indiana, USA), qui organise des semestres de cours de français au sein de l’UCO, exprime la volonté de faire converser les étudiants américains avec des Angevins et de les impliquer dans le tissu social local via son CSC (Center for Social Concerns).

C’est à travers la rencontre de ces différents partenaires que s’est tissé le projet « Voy’Âge par mots et par vies » en 2011, autour de plusieurs objectifs :

Pour les étudiants :

-  améliorer leur français et créer un lien social à l’intérieur de l’EHPAD,
- s’imprégner de la culture française,
- être en présence d’un groupe social très différent d’eux par l’âge, la culture, la langue, l’expérience.

Pour les résidents :

-  être en situation de soutenir un public jeune étranger dans une démarche de transmission valorisante,
- continuer à apprendre de l’autre,
- être en présence d’un groupe social très différent d’eux par l’âge, la culture, la langue et l’expérience.

Pour l’ensemble des participants :

-  encourager l’expression de tous et insuffler de la convivialité, des relations amicales et respectueuses entre les participants,
- développer les liens intergénérationnels via le partage de savoirs et d’expériences.

Description / Fonctionnement de l'action

Le dispositif s’organise sous forme de rencontres hebdomadaires. Les binômes formés par les résidents et les étudiants se réunissent pour faire de la conversation. La base de la conversation est la lecture et la compréhension de textes que le professeur de français choisit en fonction du thème de son cours et de sa pédagogie.
Les résidents ont un rôle de correcteur pour la prononciation du français mais aussi de transmission de savoirs et d’expériences autour de la compréhension du contexte historique, littéraire, social, environnemental des textes.
Les étudiants ont un objectif d’amélioration de leur compétence en français, mais aussi un rôle de candide pour appréhender avec des aînés des œuvres littéraires, des écrivains, des personnages, des événements et autres subtilités inscrits au patrimoine français. Ils se placent en situation d’apprentissage social avec une communauté spécifique.

Ce dispositif se déroule sur un semestre et différents travaux viennent l’illustrer : 
- un film, réalisé par un étudiant inscrit dans la section cinéma. Cette réalisation permet de laisser une trace des conversations et permettra éventuellement de reproduire l’action,
Rosie McDowell a proposé d’utiliser ce film dans le cadre de la préparation universitaire aux Etats-Unis avant de venir à Angers, pour sensibiliser les étudiants à la découverte d’une maison de retraite française, très différente de la maison de retraite américaine.
- une exposition reprenant les textes abordés, des illustrations des personnages ou des écrivains évoqués, assortie des extraits des travaux universitaires des étudiants (ex : leurs journaux de bord),
- des témoignages de résidents ayant contribué à l’action sur l’intérêt de celle-ci lors de la rencontre conviviale de clôture du projet.

Les étapes de mise en œuvre :

- une sensibilisation auprès des résidents et des étudiants pour constituer des groupes de volontaires, 
- une réunion de préparation à la résidence César Geoffray avec : le groupe des 10 étudiants volontaires, Rosie McDowell, la directrice du CSC de l’Université Notre Dame, Odette Menyard, la directrice du SUNDEF et professeur de français, les résidents intéressés, Sylvie Vigan, aide médico-psychologique de l’accueil de jour César Geoffray, Florence Lemonnier, animatrice de l’EHPAD César Geoffray. L’objectif de cette rencontre est d’organiser les rencontres à venir (présentation des personnes, planning et déroulement des rencontres…). Une information sur les différentes pathologies cognitives des résidents auxquelles les étudiants pourraient être confrontés a également été faite.
- les rencontres autour de la lecture des textes et d’échanges, durant 4 mois,
- la clôture du projet par une rencontre collective finale, avec présentation du film, inauguration de l’exposition et des témoignages. Cette rencontre coïncidait avec le retour des étudiants dans leur pays, il a donc donné lieu à un temps festif avec l’ensemble des participants. Des étudiants musiciens de la même université mais non inscrits dans le partenariat étaient également présents pour offrir un récital.

Bilan

Une action qui a mobilisé :
- 10 étudiants américains,
- une dizaine de résidents et un aidant naturel,
- les familles de résidents, notamment lors de la rencontre conviviale de clôture.Le temps convivial fin mai 2012 a clôturé le projet et a permis de recueillir les impressions de tous les participants et de faire un bilan très positif des rencontres menées tout au long du semestre :
- la qualité linguistique des conversations visible dans le film, les journaux de bord des étudiants présentés lors de l’exposition,
- la nature des relations entre participants qui témoigne d’une vraie implication sociale des publics présents, pourtant si différents. Des remerciements de la part des résidents, de l’élu, du directeur de l’établissement et des chansons franco américaines en sus du projet initial en sont les preuves.
Certains résidents, suite à ces rencontres, ont envoyé des courriers aux étudiants rentrés chez eux pour conserver et entretenir le lien créé.
Le goûter qui a rassemblé les participants, les familles des résidents acteurs du programme, le personnel a fini par convaincre d’autres résidents de participer aux futurs échanges.

Quelques pistes d’amélioration sont identifiées pour les futures sessions :
- La composition des groupes, faire un trinôme de résidents (plutôt qu’un binôme) pour ne pas déstabiliser les groupes en cas de départ ou maladie d’un des résidents
- Continuer à veiller à l’équilibre du groupe selon les personnalités notamment en ce qui concerne les prises de parole (chacun, résident ou étudiant, doit pouvoir trouver sa place, en fonction de sa personnalité).

Cette action sera renouvelée en octobre 2012, à l’arrivée du nouveau semestre américain, l’idée étant de poursuivre cette action chaque année.

Moyens

Les moyens humains :
- le directeur de l’EHPAD,
- Florence Lemonnier, animatrice de l’EHPAD,
- Sylvie Vigan, aide médico-psychologique de l’accueil de jour,
- l’équipe enseignante et pédagogiques de l’université Notre Dame. 

Les moyens techniques et financiers :
- mise à disposition d’une salle au centre audio-visuel multimédias de l’université et de matériel pour le montage du film pour l’étudiant cinéaste, 
- mise à disposition de salles de la résidence César Geoffray pour les conversations et la clôture du programme, 
- goûters offerts par le SUNDEF pour les gâteaux et par le CCAS pour la boisson, 
- le DVD du film réalisé par le SUNDEF.

Les partenaires

Partenaires opérationnels

L’université française et américaine travers :
- le SUNDEF (Stage de l’Université Notre Dame En France), représenté par Odette Menyard,
- le CSC (Center for Social Concerns) ou centre d’intérêt social de l’Université Notre Dame (South Bend, Indiana, USA) représenté par Rosie McDowell, 
- le CIDEF (Centre International d’Etudes Françaises) de l’Université Catholique de l’Ouest.

Ils financent l'action

L’université catholique de l’Ouest et le SUNDEF (locaux et prestations alimentaires).

Les observations du CCAS/CIAS

Une action en faveur du lien social et de la transmission de savoirs et connaissances

Pour l’EHPAD, la principale réussite de ce projet réside dans la réussite d’une forme d’accompagnement social pour un public fragile, malade et quelques fois isolé et peu habitué aux relations avec la jeunesse, un public qui peut se sentir inutile ou en rupture avec la vie de la cité, la vie culturelle ou encore des actualités mondiales.
Pour les résidents de l’EHPAD et usagers de l’accueil de jour, ce projet permet finalement de créer des temps valorisants de réminiscence et de participer comme tout à chacun à la transmission des savoirs et connaissances.

Pour les étudiants, l’apport est multiple : journaux de bord relatant leur réflexion autour de leur participation au projet, progrès linguistiques immenses, joie d’avoir vécu une expérience de vie, une expérience humaine, le témoignage de penser la vie en n’oubliant pas de laisser la place aux aînés, l’envie même de changer de comportement face aux personnes âgées en général.

Une action qui stimule et favorise la mémoire

Le résident retrouve une certaine estime de lui et retient des événements récents grâce à l’impact du lien social. Pour certains résidents, la mémoire les empêchait de se rappeler de leur âge actuel, ils s’en souviennent aujourd’hui grâce à leur anniversaire fêté avec les étudiants de leur groupe. D’un point de vue médical, le partage entre les deux publics contribue aussi à une forme de stimulation cognitive, qui rencontre la notion d’approche non médicamenteuse des personnes âgées souffrant de troubles mnésiques.
Le jour de clôture, une participante au langage fleuri disait à des étudiants avec ravissement en découvrant l’exposition : « Mon p’tit, ce n’est pas parce qu’on est vieux et avec une mémoire de passoire qu’on est foutu !!!! »

Photo : Wikimedia Commons

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