Vieillissement de la société française : réalité et conséquences

Publié le 22 février 2023 (Màj le 16 février 2023)

Les plus de 65 ans, un cinquième de la population française en 2020, représenteront près de 30 % à partir de 2050. Véritable changement de société, donc probablement également de civilisation, notre paysage démographique sera bouleversé, sans que nous en ayons pris la pleine mesure. Face à ce constat, le Haut-commissariat au Plan propose un plan d’actions et formule des préconisations. Décryptage.

Ce phénomène de vieillissement massif constitue un défi important pour de nombreux services dus à la population, qu’ils soient publics, privés ou associatifs : système de santé, services sociaux et médico-sociaux, dispositifs publics ou associatifs de solidarités et de lutte contre l’isolement, secteur du logement ou encore la justice civile et pénale. Cette évolution aura un impact significatif sur nos finances publics.

Un défi important pour nos finances publiques

Les dépenses liées à l’âge (comme les retraites), à la maladie et à la perte d’autonomie représentent les trois quarts des dépenses de protection sociale.

Le financement de la retraite

En 2020, les retraites représentent 14 % du PIB, l’équivalent de près de 25 % de l’ensemble des dépenses publiques (contre 22 % en 2002). Cette hausse est responsable d’une part importante de l’augmentation des dépenses publiques dans le PIB. Le Haut-commissariat au Plan chiffre dans ses travaux le besoin de financement à venir et évalue le déficit moyen des régimes de retraite de l’ordre de 2,1 % du PIB par an sur les 25 prochaines années. Il propose des leviers d’actions pour couvrir ce déficit, insistant sur la nécessité d’augmenter le taux d’emploi, notamment chez les plus de 55 ans.

Le financement du système de santé

Dans la mesure où l’avancée en âge accroît la consommation de soins, le vieillissement de la population française entraîne une hausse des dépenses de santé prises en charge par la solidarité nationale. Ce phénomène est d’ores et déjà mesurable. Les dépenses de santé liées à des affections de longue durée (ALD), qui touchent structurellement plus les personnes âgées, ont augmenté de 3,8 % par an en moyenne entre 2011 et 2016, dont plus d’un quart est attribuable au vieillissement de la population. Selon une estimation du ministère de la Santé, le vieillissement a contribué pour environ un tiers à la croissance de la consommation de soins et de biens médicaux entre 2011 et 2015.

A l’avenir, en l’absence d’une politique adéquate de prévention, le vieillissement de la population française aura pour conséquence l’augmentation des dépenses prises en charge par le système de santé.

Le financement de l’aide sociale

L’avancée en âge accroît de même inéluctablement le risque de dépendance, qui touche 25 % des personnes de plus de 85 ans et 100 % des personnes de plus de 95 ans. En 2015, l’Insee évaluait à 2,5 millions le nombre de personnes en perte d’autonomie et en prévoyait 4 millions pour 2050. Le système de santé devra se doter de moyens supplémentaires et d’une organisation adaptée pour faire face à cette situation.

En raison de cette augmentation du taux de dépendance, le nombre de bénéficiaires des aides sociales en faveur des personnes âgées, et donc leur coût global, devraient s’accroître sensiblement dans les prochaines décennies. Selon les estimations du ministère de la Santé, les dépenses consacrées à l’autonomie passeraient de 28 milliards d’euros en 2014 à 45 milliards en 2045, pour atteindre 52 milliards en 2060.

Un choc de vieillissement différent selon les territoires

Le phénomène du vieillissement ne se présente pas de façon homogène selon les territoires. Selon les territoires, il existe des variations importantes du nombre de personnes âgées et de leur part dans la population. Un des axes de développement, pour les territoires que l’augmentation considérable de la proportion de personnes âgées menace de déséquilibres, réside notamment dans l’exploitation du potentiel que constitue l’ensemble des biens et services à destination des personnes âgées.

L’offre de logement et de soin doit également être ajustée, tout comme les perspectives d’activité pour les personnes de plus de 65 ans.

Un changement de regard sur la vieillesse nécessaire pour libérer les capacités individuelles d’action

En considérant la vieillesse comme un tout, nous nous rendons incapables d’entendre les désirs individuels d’action des personnes âgées. Nous nous privons de leur apport, en les privant en outre d’une source de reconnaissance et d’épanouissement alors même que chaque jour, nous constatons la contribution des plus de 65 ans dans notre vie associative et politique.

La contribution reconnue des personnes âgées dans les champs associatifs et politique

Une part importante de la gestion, du financement et de l’activité des associations est assurée par les personnes âgées. Cette contribution doit être valorisée, par exemple, à travers une communication dédiée, ou encore des actions de sensibilisation et de formation.

Les seniors participent également à la vie de la cité à travers un engagement politique plus important que le reste de la population. A partir de 60 ans, un regain d’intérêt pour la chose publique est observable.

Une contribution trop peu sollicitée dans l’univers professionnel

Contrairement aux idées reçues, les seniors restent efficaces et productifs pour les entreprises. Les équipes intergénérationnelles ont une productivité supérieure à la moyenne, et le pic individuel de productivité (actuellement situé à 50 ans) peut être prolongé grâce à une politique de formation continue. Il est donc urgent de reconnaître aux travailleurs les plus âgés la réalité de l’utilité de leurs engagements et de leur efficacité.

Le secteur d’activité en plein essor des biens et services à destination des personnes âgées

La croissance démographique des seniors représente une opportunité économique, avec l’émergence de nouveaux marchés et de besoins propres. Les seniors ont une capacité à investir et à consommer plus élevée que l’ensemble de la population. Ils ont des pratiques propres de consommation.

L’augmentation du nombre de personnes âgées impliquera un besoin croissant d’activités de service à leur égard : services médicaux, aides à la personne, auxiliaires de vie sociale, soutien aux aidants, technologie au service de la vieillesse. Outre les services à la personne, une partie de l’activité économique devra être orientée également vers les transports, les loisirs, ou encore l’habitat.

Un autre enjeu réside dans le développement d’une filière « silver ». Le réseau innovant des acteurs de la « silver économie » n’est à l’heure actuelle pas assez structuré.

L’anticipation du vieillissement de la population par des politiques publiques adaptées à la diversité des situations

Pour garantir aux personnes âgées un libre choix dans leurs conditions de vie et d’accompagnement, une diversité de réponses doit être proposée. Une politique d’ensemble doit être construite par l’Etat et les territoires, en fonction de l’échelle pertinente dont doivent s’inspirer toutes les politiques sectorielles (logement, emploi, mobilité, soin, aide, loisirs, etc.).

Pour mettre en œuvre cette politique et prendre en compte les grandes étapes de l’avancée en âge, de 60 ans jusqu’à la dépendance éventuelle, un véritable plan d’action est proposé par le Haut-commissariat au Plan :

  • maintenir en activité ceux qui le souhaitent via la prise en charge par la puissance publique d’une partie du coût du travail expérimenté, la gestion prévisionnelle des parcours professionnels, les équipes intergénérationnelles, l’aide aux aidants, le soutien à l’engagement associatif des seniors ;
  • planifier une offre adaptée en matière d’habitat, de soins et de mobilité pour favoriser l’autonomie via la diversité de solutions d’habitat, un suivi médico-social important, la participation des aidants familiaux, l’évolution des Ehpad, l’organisation des espaces pour faciliter les déplacements, l’enrichissement de l’offre de soin et son adaptation aux différentes situations, un interlocuteur unique pour les démarches de personnes âgées, les maisons départementales de l’autonomie avec des relais au niveau communal.

A suivre... notre décryptage sur les projections d’habitat adapté à l’horizon 2030-2050 quand les babyboomers auront 85 ans !

Pour en savoir plus, consultez le site du Haut-Commissariat au Plan

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