Une nouvelle forme de logement adapté aux personnes en souffrance psychique

Logement, hébergement, Grand âge
Publié le 1 octobre 2013
A Lure, le foyer de jeunes travailleurs, géré par le CCAS, a repensé son accueil pour survivre et mieux répondre aux besoins locaux. Depuis 2012, il s’ouvre à des usagers sortant de psychiatrie afin de favoriser leur réinsertion. Ce dispositif s'inscrit dans le cadre du projet "Retour à la vie sociale (Re.Vi.S.)". Les bénéficiaires, âgés de 18 à 60 ans, sont accompagnés et hébergés grâce à un dispositif renforcé s'articulant autour d'un travail partenarial avec le centre hospitalier spécialisé Nord Franche-Comté (Haute-Saône) et l'ESAT.

Elements clés

Contexte

Le foyer de jeunes travailleurs de Lure est situé en zone rurale, dans un bassin économique et de l’emploi peu dynamique avec un taux de chômage élevé et un nombre important de bénéficiaires de minima sociaux. L’isolement associé à la précarité économique et aux problèmes de santé ont pour conséquence des demandes d’hébergement d’un nouveau type : personnes isolées, en rupture familiale, ayant des comportements à risque (alcool, drogue) et/ou présentant des troubles psychiques pour lesquelles l’offre de logements n’est pas adaptée. Parallèlement, le centre hospitalier spécialisé de Saint-Rémy (à 40 km de Lure), fait état de patients contraints de rester hospitalisés, faute de solutions d’hébergement. L’ESAT de Villersexel, non loin de Lure, témoigne par ailleurs de la difficulté d’insertion des personnes qui n’ont pas de logement ou qui ne sont pas suffisamment autonomes pour « habiter ».

Description


Présentation de l'action


Un partenariat s’est créé avec l’association hospitalière de Franche-Comté (qui gère le CHS), l’ESAT de Villersexel et la Fondation de France. Grâce au financement d’un travailleur social et au travail de collaboration avec la psychiatrie de secteur, le dispositif permet d'héberger et d'accompagner des personnes sortant d’hospitalisation psychiatrique. La convention avec l’association hospitalière de Franche-Comté renouvelée en 2014, porte le nombre de personnes pouvant être accueillies à 8 et a permis d'ouvrir le dispositif aux personnes de 50 à 60 ans - la demande auprès des plus de 50 ans étant plus importante (la première convention limitait l'accès aux 18-50 ans). Objectifs du projet :  - permettre l’accès au logement à des personnes sortant d’hospitalisation psychiatrique,- favoriser leur maintien par un accompagnement renforcé,- assurer un suivi dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un projet personnalisé d’insertion sociale et professionnelle, au regard des difficultés de chaque résident,- contribuer à améliorer le parcours de vie du résident en favorisant l'épanouissement et l'autonomie,- promouvoir la mixité des populations afin de favoriser l’intégration des personnes en souffrance psychique voire en situation de handicap psychique dans leur environnement proche et contribuer de ce fait à (re) créer voire renforcer le lien social. Modalités d'accès :  L’admission dans le programme Re.Vi.S se fait sur proposition du médecin psychiatre hospitalier. Il s'adresse aux patients "stabilisés" ayant un projet professionnel de sortie et orienté vers l'ESAT, les ateliers thérapeutiques ou l'hospitalisation de jour. Le médecin fait parvenir à l'équipe du FJT une présentation brève de la situation du patient et de son projet professionnel de sortie. Une réunion de préadmission est ensuite organisée dans les locaux de l’hôpital avec les animatrices sociales du FJT, l’équipe hospitalière (psychiatre, infirmière, assistante de service social) ainsi que celle de l’ESAT (si le patient y est orienté), l’usager et son tuteur. L'idée étant une première prise de contact avec présentation du FJT et écoute du projet du patient. Si toutes les parties s’accordent, une période d’essai de un mois renouvelable est proposée, durant laquelle le patient s’installe progressivement au FJT. Cette période d'essai est flexible et aménagée suivant les besoins et attentes du patient. La durée d'occupation du logement n'est pas limitée.

Animations et accompagnement : Chaque résident dispose d’un projet personnalisé, élaboré avec ses référents sociaux et les soignants, qui précise sa situation médicale, son degré d’autonomie dans les actes de la vie quotidienne et ses objectifs : passer un brevet de secouriste ou un permis de conduire, augmenter le temps partagé avec ses enfants, trouver un médecin traitant, mettre à jour ses vaccinations… Tous les six mois, une synthèse est réalisée avec l’ensemble de l’équipe et de nouveaux objectifs sont fixés. 

Pour l’ouverture de droits et les différentes démarches administratives, les animatrices travaillent également en lien avec l’assistante de service social hospitalière, ainsi qu’avec les curateurs présents. En individuel, les animatrices peuvent accompagner les résidents à faire leurs courses, à divers rendez-vous, à travailler avec eux sur la gestion de leur budget, sur l’équilibre alimentaire, le bien-être et la santé, la recherche d'un stage, etc. 

Parallèlement des ateliers sont proposés : jardinage (création d'un jardin à visée thérapeutique), une activité carton, pour réaliser du petit mobilier de rangement ou de décoration tout en travaillant la dextérité, la collaboration et l’imagination, une animation socio-esthétique, afin de travailler la confiance en soi. Ponctuellement, des activités de rédaction de curriculum vitæ et de lettres de motivation ou d’initiation à l’informatique sont mises en place. Des activités collectives imaginées pour renforcer la cohésion entre les résident et le lien social sont proposés, par exemple un atelier cuisine pour préparer un repas collectif. Il est également question de monter une association avec les résidents afin de participer à l’organisation de manifestations tout public telles que des lotos, des kermesses, etc.

Si l’établissement dispose d’une femme de ménage et que les draps sont changés tous les quinze jours, chacun est néanmoins chargé de passer le balai dans sa chambre, de se faire le plus souvent à manger et de s’occuper de sa propre lessive. Dans certains cas, une aide ménagère intervient de manière à montrer au résidents comment faire.


Moyens


Moyens humains :  - 1 animatrice sociale à mi-temps chargée de l’accueil dans le logement et l’aide à la vie quotidienne : achats, préparation de repas équilibrés, hygiène, aide administrative… Constatant que cela n’est pas Intégrés aux autres locataires du foyers, les résidents bénéficiaires de ce dispositif sont également accompagnés par le reste de l'équipe de la structure d'hebergement :  - 1 directrice, - 1 agent d’accueil, - des agents d’entretien, - des veilleurs. Moyens matériels : Les personnes accueillies disposent toutes d’une chambre individuelle équipée d’une cuisinette. L'établissement est équipé d'un service de restauration rapide ouvert 3 soirs par semaine et d’espaces collectifs (salle TV, espace détente, lieu d’information, cuisine collective, laverie, salle informatique avec accès libre à internet. Le FJT met a disposition des espace intérieurs et extérieurs pour la réalisation des activités.  Coût : Charges de fonctionnement du FJT annuelles : 90 000 euros. Subvention de la Ville : 12 000 euros ; Subvention du conseil général : 6 000 euros ; Subvention de l'Etat : 40 000 euros ; Produits issus des loyers : 32 000 euros. A partir de 2015 : activité équithérapie : 3 000 euros (financée dans le cadre d'un appel à projet)  Indications complémentaires :  Coût résiduel du logement pour un bénéficiaire disposant d'aides sociales : 30 euros / mois plus un surcoût comprenant les repas, la laverie et une participation à certaines animation.

Partenaires opérationnels


Ce type d’accueil nécessite un travail partenarial avec les équipes de soin et d’insertion concernées : - le centre de psychiatrie générale proposant des soins, des ateliers thérapeutiques et des hospitalisations de jour.Une convention de partenariat a par ailleurs été signée avec l’association hospitalière de Franche-Comté dont dépend le centre hospitalier, - l’ESAT de Villersexel notamment pour les activités organisées en dehors du temps de travail, - d’autres structures participant à l’insertion sociale : autres service du CCAS, centre social et culturel, Croix rouge, - les tuteurs et les familles.

Ils financent l'action


La Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations, l’agence régionale de santé, le conseil général, la Fondation de France.La Fondation de France subventionne la rémunération du poste d'animatrice sociale à hauteur d'un mi-temps, pendant 18 mois.

Bilan

Le projet initial était la création de places en maisons-relais au sein du foyer de jeunes travailleurs de Lure. Face  à la demande, le CCAS a décidé de démarrer l’action avec les moyens existants, faute d'autres financement que celui de la Fondation de France. Le service dédié a officiellement été créé le 15 octobre 2013, avec l’embauche de l’animatrice sociale. Son poste, à mi-temps, est financé par la Fondation de France pendant 18 mois. Néanmoins ce mi-temps reste insuffisant pour mettre en place des activités en journée, essentielles pour (re)créer du lien social mais aussi pour palier à d'éventuelles périodes de décompensation. C'est pourquoi le CCAS envisage d'augmenter son temps de travail, sous réserve de trouver d'autres financeurs. A ce jour, le partenariat entre les professionnels de l’association hospitalière de Franche-Comté et du FJT fonctionne bien. La dynamique impulsée par l’équipe d’animation avec l’ensemble des publics accueillis permet un accompagnement global. Les résidents accueillis sont satisfaits. Toutefois, ce sont des publics fragiles qui nécessitent une attention particulière et le temps de travail de l’animatrice est actuellement insuffisant pour réaliser un accompagnement encore plus suivi.

Les 7 personnes accueillies à ce jour ont entre 18 et 54 ans. Deux sont en ESAT, une en entreprise adaptée et les autres sont en hôpital de jour ou en atelier thérapeutique. 

La volonté politique du CCAS de Lure est de poursuivre cette expérience. Aussi, des demandes de financements complémentaires sont en cours pour pérenniser l'emploi de l'animatrice sociale et le transformer en temps plein.

Observations

Cette action présente un intérêt pour les patients sortant d’hospitalisation psychiatrique parfois longue. Les personnes accueillies disposent de leur propre logement dans un lieu collectif, certes non médicalisé mais sécurisant : présence de personnel (attention, écoute, conseils, accompagnement…), organisation d’activités permettant un retour progressif vers la vie sociale. La proximité de l'hôpital, la disponibilité des professionnels de santé (médecins et infirmiers) et de manière plus générale le fort partenariat qui s’est mis en place avec l’association hospitalière de Franche-Comté mais aussi avec les familles, tuteurs et acteurs de l’insertion permettent d’assurer une continuité dans le parcours de vie de ces personnes.

Photo : Wikimedia Commons / Laurent Eon

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