Contexte
Les services existant sur le territoire ne sont pas encore suffisamment outillés (qualification insuffisante, absence de pluridisciplinarité) pour assurer toutes les interventions en rapport avec la grande dépendance dans le respect du projet de vie de la personne. Le Service d’Aide et d’Accompagnement à Domicile (S.A.A.D.) se trouve de plus en plus souvent confronté à la prise en charge tardive de personnes présentant des troubles du comportement. Lorsque ceux-ci n’ont pas été clairement identifiés, ils ne sont pas, de ce fait, considérés par l’entourage comme une pathologie pouvant nécessiter une aide professionnelle. Certaines familles repoussent leur seuil de tolérance ou se trouvent dans un déni face aux troubles de leurs proches. La prise de conscience des aidants est tardive, soudaine et difficile, obligeant le service d’aide à domicile à intervenir régulièrement en urgence. Dans le cadre du maintien à domicile, les besoins des personnes dépendantes évoluent de plus en plus, nécessitant des accompagnements complexes. Ce secteur se développe mais il doit, pour se maintenir dans l’offre médico-sociale, compléter sa qualification et ses compétences.
Le but de la démarche du CCAS de Villeparisi est de doter le SAAD de moyens afin de repérer les troubles, de prévenir leur aggravation en maintenant le plus possible les capacités existantes des malades et retarder leur placement en institution, voire leur décès. Le personnel du SAAD est déjà sensibilisé à la détection de certains signes d’alerte. Mais face à l’accroissement des demandes de prises en charges, l’équipe doit se structurer et se qualifier.
Pour cela, il est nécessaire d’organiser l’offre de service à domicile et de rechercher une harmonisation des politiques de soutien aux personnes âgées. Le CCAS souhaite poursuivre le développement de sa politique globale de prévention de la perte d’autonomie, de repérage et d’accompagnement de situations de dépendance. Cette ambition se concrétise notamment par la création d’une équipe d’intervenants à domicile dédiée à l’accompagnement de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés.
Description / Fonctionnement de l'action
La mise en place de cette action découle d’une étude des besoins de prise en charge par le SAAD. Il apparaît qu’entre janvier 2009 et 2010, le service a du admettre 16 nouveaux patients dans le service. Selon le GIR qu’ils représente, ces nouvelles prise en charge représentent 4 158 heures supplémntaires de travail. Le C.C.A.S. de Villeparisis propose donc une formation spécifique pour plusieurs aides à domicile de l’équipe actuelle afin de créer un pôle de 6 agents intervenant principalement auprès d’un public atteint de la maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés.
Les agents ciblés bénéficient d’une formation organisée par l’UNA 77 en lien avec France Alzheimer sur deux journées. Cette action permet aux agents de mieux connaître la maladie ainsi que sa détection et de savoir réagir, notamment face à l’agressivité, le refus d’alimentation, les problèmes d’hygiène.
Cette équipe, à l’issue de sa formation, bénéficiera d’une réelle expérience des situations, pour une bonne définition des pratiques professionnelles.
Cette équipe sera soutenue par la responsable de secteur du service qui possède une bonne connaissance de l’ensemble des partenaires médico-sociaux.Les objectifs de cette action sont :
Identifier, qualifier et stabiliser l’équipe d’intervenants à domicile auprès des bénéficiaires.
Rythmer la vie quotidienne : renommer les proches, ne pas bousculer mais stimuler avec patience, établir un ordre pour les tâches quotidiennes : l’aide au repas, l’aide à la toilette …
Aider et soutenir les aidants naturels, établir un planning journalier, aider à l’aménagement du lieu de vie.
Organiser et sécuriser l’environnement de la personne malade mais aussi faciliter l’aide apportée par l’aidant naturel, ne pas changer la place habituelle de ses affaires …
Stimuler par des activités ludiques, participation aux tâches de la vie quotidienne qui peut entraîner une satisfaction d’être encore capable de faire, de se sentir utile, d’être valorisé et de ressentir un sentiment de bien-être.
Décoder les comportements, observer les mimiques, rechercher les expressions de plaisir ou de déplaisir, adapter les réponses à leurs capacités, valoriser le « positif », communiquer autrement avec des gestes doux et affectueux, gérer la déambulation en proposant des sorties régulières qui peuvent calmer les angoisses.
Dialoguer et reconstruire le lien avec la réalité, ne pas aller contre les propos du malade mais s’appuyer sur le passé pour renouer les fils ténus de la communication, valider les propos et les idées de la personne accompagnée.
Valoriser tout acte ou attitude positif.
Détecter et alerter sur les signes de dégradations.
Contribuer à éviter les institutionnalisations précoces.
Bilan
Pour une meilleure qualité d’accompagnement des prises en charge, le service a choisi depuis septembre 2009 de positionner des binômes auprès des personnes aidées : un agent pour l’aide à la personne (stimulation, aide à la toilette, promenade….), le deuxième pour l’entretien du domicile.Ce dispositif a déjà permis :
Une meilleure approche et compréhension de la personne aidée.
Une application des plans d’aide plus adaptée aux besoins.
Une stabilisation et une forte mobilisation de l’équipe avec le soutien de l’encadrement.
Une plus grande reconnaissance de la part des familles du professionnalisme de l’équipe.
Une meilleure communication avec les familles, qui acceptent mieux les interventions et confient progressivement leur confiance.
Les heures des plans d’aide mieux utilisées.
Le CCAS envisage d’accompagner la création de ce pôle par l’accès à la formation « Assistant de soins en gérontologie ». Cette nouvelle mesure est inscrite au plan Alzheimer 2008-2010. Elle s’adresse, entre autre, aux auxiliaires de vie sociale en situation d’emploi auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et s’appuie sur des apports théoriques mais, aussi, sur l’analyse des pratiques en valorisant l’expérience professionnelle. D’une durée de 140 heures, cette formation pourrait se dérouler en interne. Un dossier CNSA a été déposé pour le financement de la formation prévue pour septembre 2010.
Moyens
Moyens humains :
6 agents titulaires du DEAVS, en formation « Alzheimer » avec France Alzheimer 77 et l’U.N.A. 77
Les partenaires
Partenaires opérationnels
Association France Alzheimer de Seine-et-Marne,
UNA 77,
Equipe A.P.A. du Conseil Général,
Hôpitaux – cliniques,
CLIC,
Médecins et infirmiers libéraux,
Equipes mobiles de Gériatrie des Hôpitaux de Meaux et de Lagny-sur-Marne.
Ils financent l'action
Ville de Villeparisis,
UNA 77 : formations prises en charge par le F.M.A.D. demandées par la Fédération UNA de Seine-et-Marne.
Les observations du CCAS/CIAS
La prise en charge des malades Alzheimer était principalement centrée sur l’accès aux institutions : EHPAD ; accueil de jour. Par cette nouvelle pratique professionnelle, la volonté est de travailler plus fortement en amont avec les partenaires intervenants à domicile pour garantir un maintien à domicile prolongé et un accompagnement plus global.
Cette action valorise l’évolution des pratiques des CCAS confrontés aux mêmes problématiques. La mutualisation des outils et des expériences est indispensable pour défendre la qualité du service public qui démontre sa capacité à s’adapter aux évolutions des métiers à domicile.
Photo : Wikimedia Commons / Benjamin Smith