Tremplins et coups de pouce : une réponse solidaire aux précarités

Publié le 1 janvier 1996

Elements clés

Contexte

De par sa vocation, le Centre Communal d’Action Sociale de la ville de Saint André lez Lille est amené à recevoir les personnes de sa commune qui, pour une raison ou pour une autre, se trouvent dans une situation difficile. Il est ainsi naturellement un observatoire des différentes formes de précarité, à sa charge de trouver les solutions adaptées à chaque problème en activant son réseau partenarial.


Jusqu’à il y a quelques années, le public aidé était essentiellement un public dépourvu de ressources issues du travail, pour lequel seuls les revenus de « l’assistance » étaient présents et également un


public retraité qui du temps de leur activité auraient pu justifier du terme de « travailleur pauvre », percevant de faibles pensions de retraite, ils nécessitaient un soutien financier pour couvrir une facture plus importante que prévue ou supporter les dépenses liées aux aléas de la vie. Depuis quelque temps et de façon significative, le CCAS constate l’arrivée d’un autre public,  salarié, venant le solliciter afin d’obtenir un soutien financier permettant le règlement de factures, la possibilité d’assurer une fin de mois décente ou de trouver la solution à un problème de logement : accès à un logement social, souhait d’une mutation vers un logement plus adapté à la composition familiale. Ces salariés relèvent souvent d’une situation de surendettement liée à l’accumulation de prêts rendus faciles à la fois par leur statut et les effets d’annonce de crédits alléchants.  Des jeunes, ou entamant leur vie professionnelle par un enchaînement de CDD souvent à temps partiel, ou dépourvus de revenus et non éligibles au RMI, sans qualification professionnelle viennent frapper à la porte du CCAS. A ces deux publics vient s’ajouter celui qui, suite au moindre accident de la vie, (séparation, divorce) se retrouve dans une situation difficile où le salaire ne permet plus de faire face aux besoins de la vie courante et qui très vite se retrouve en situation difficile, allant jusqu’à la perte du logement et l’arrivée en structures d’hébergement, le public retraité étant de plus en plus nombreux à faire part de ses difficultés face à l’augmentation du coût de la vie. Le repérage de ces populations s’est fait naturellement dans le cadre des partenariats existants entre le CCAS et les structures intervenant localement : missions locales, unités territoriales de prévention et d'action sociale (UTPAS), structures d’insertion, centres d’hébergement,… interpellant le CCAS pour proposer ou  compléter la prise en charge du public accueilli.

Paradoxalement, le repérage de ces populations a également été facilité par la mise en place de la Loi de Lutte contre les exclusions mettant en place des dispositifs, ô combien positifs pour les personnes qui peuvent en bénéficier : aides pour l’accès ou le maintien dans le logement,  pour le maintien des énergies, … dispositifs dont ces populations sont exclues compte tenu des conditions d’attribution. Le repérage s’exerce différemment pour la


population retraitée, qui dévoile plus tardivement ses difficultés,  assumant, en premier lieu, les dépenses à caractère obligatoire avant de satisfaire des besoins du quotidien qu’elle s’oblige à considérer comme secondaires. Le maillage de cette population, rendu possible par la présence, dans les quartiers, de bénévoles référents intervenant dans le cadre d’une action menée par le CCAS, nous a permis de constater, chez ce type de public, une aggravation de la situation en matière de pouvoir d’achat.

Le Centre communal d’action sociale a pu, sans doute favorisé par la taille moyenne de la commune,  et la mixité de la population, intégrer depuis plusieurs années ce public dans ses actions et développer des aides adaptées aux difficultés rencontrées dans tous les domaines de la vie quotidienne : fin de mois difficile, logement, emploi, famille, santé.

Description


Présentation de l'action


Le CCAS a pour éthique d’apporter le même service et les mêmes aides à sa population précarisée qu’elle soit active ou inactive. Le conseil d’administration du CCAS a, depuis plusieurs années, infléchi sa politique d’aide facultative en ne la réservant pas uniquement aux bénéficiaires des minima sociaux mais en appliquant avec souplesse un barème revu chaque année à la hausse et permettant d’intégrer dans l’octroi des aides, les petits salaires. Les aides facultatives à destination des aînés - Une double tarification pour les personnes bénéficiant des services de restauration à domicile ou en foyer. Ce principe tient compte des ressources des intéressés. C’est ainsi qu’il prend en charge, pour certains usagers, la différence entre le coût du repas, facturé au CCAS par le prestataire, et la participation demandée, allant parfois jusqu’à assurer une gratuité pendant une période définie pour permettre à l’intéressé de faire face à une situation particulière.

- Une participation financière aux dépenses liées à l'entretien de l'habitat des personnes non imposables. Nombre de retraités, qui vivent en maison individuelle, négligent l’entretien de leur jardinet ou des petites réparations, non seulement à cause du vieillissement mais également faute de ressources suffisantes. Le CCAS leur a permis de combler cette lacune en recourant aux services d’un employé familial. Cette prestation a pu être développée grâce à une convention avec une association locale. - Un service de transport accompagné à faible coût. Ce service permet aux retraités de se déplacer à des fins personnelles, de se rendre à leurs rendez vous médicaux, lorsque la prise en charge ne peut se faire par la sécurité sociale, évitant ainsi des dépenses souvent répétitives liées à d’autres modes de transport.

 

Les aides facultatives à destination des foyers - La délivrance de chèques services. Il s'agit d'un « plus » dans pour le foyer qui donne davantage de souplesse dans la gestion du budget familial : couvrant une partie des dépenses alimentaires, elle lui permet de régler les charges courantes.

 

- La gratuité des cantines scolaires, la prise en charge des études, des frais de garderie péri-scolaire ou de centre aérés et une aide financière pour les "classes de découverte". Ces mesures permettent de réduire les charges qui pèsent sur les budgets des parents. Afin de lever un frein lors du retour à l'emploi, le CCAS prend également en charge, temporairement, les dépenses supplémentaires liées aux frais de garde des enfants.  

Ces aides sont accessibles bien sûr aux personnes bénéficiant des minima sociaux mais également aux gens du voyage dont les enfants sont scolarisés sur la commune, aux personnes en attente de régularisation hébergées temporairement dans des structures implantées sur la commune (La Halte Saint Jean – Foyer Emmaüs,  Le Cliquennois, La Phalecque). Chaque situation qui ne rentre pas dans les barèmes fixés fait l’objet d’un examen particulier en commission de secours, cette commission qui se réunit chaque lundi permet ainsi, par sa régularité, d’agir dans des délais raccourcis et de donner le coup de pouce nécessaire pour estomper la difficulté rencontrée. Cette commission composée de membres du conseil d’administration et de la directrice du CCAS intervient pour les dépenses de vie courante, pour l’aide aux paiements des factures d’énergie, pour pallier les délais de carence entre des versements d’organismes différents mais également s’adapte à des nouveaux besoins comme : l’aide à la mobilité, la prise en charge du coût du transport, des frais liés à la restauration lors de la reprise d’un travail. Pour ce faire, il accorde des secours financiers sous forme de dons ou d’avances remboursables en fonction des situations.

Parallèlement, le CCAS propose également un micro-crédit socialet des chantiers d'insertion.


Moyens


- la directrice du CCAS, - la responsable du Département Aides légales / Aides facultatives, - la responsable du Département Insertion Emploi Formation, - la responsable du Département logement, - la responsable du Département seniors, - les membres du Conseil d’Administration du CCAS siégeant lors de la commission de secours.

Partenaires opérationnels


- la Maison de L’emploi, le  PLIE, - la caisse solidaire du Crédit Mutuel Nord Europe, - la caisse des dépôts et consignations, - l’ensemble des institutions, des organismes sociaux et associations intervenant sur le territoire pré-cités, - le service restauration Ville

Ils financent l'action


- le CNASEA, la direction départementales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle, - les organismes de formation, - le Conseil Régional, - le PLIE

Bilan

S’engager vers un public qui risque de se marginaliser faute de revenus suffisants, donner le coup de pouce pour éviter une dégradation des situations en s’adaptant aux besoins des « nouveaux précaires » sont des enjeux que le CCAS a intégré dans ses missions. Le CCAS a épuisé en 2008 la totalité de son budget d’aide facultative. Si celui-ci a été revu à la hausse pour 2009 permettant de maintenir les actions et services mis en place en continuant son soutien à tout public fragilisé, il a besoin d’une lisibilité plus complète des besoins à venir de la population, il se doit de travailler avec l’ensemble de ses partenaires sur la mise en place d’un observatoire permettant de mettre en place des actions innovantes et préventives avec pour objectif de répondre durablement aux différentes formes de précarités.

Observations

Les actions mises en place sont facilement transposables et peuvent être partagées par d’autres CCAS. L’implication et la motivation se doivent en effet d’être identiques pour l’ensemble des services sociaux dont l’objectif commun est de lutter contre toutes les formes d’exclusion en considérant chaque situation avec équité.

Photo : Wikimedia Commons / Philippe Brizard

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