Dans les années à venir, une très forte accélération du vieillissement va avoir lieu, du fait de l’avancée en âge des baby-boomers : en 2040, 10,6 millions de personnes auront 75 ans ou plus. Et dès 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans. Destinée à mettre en cohérence les initiatives existantes et à les renforcer, la Stratégie nationale de prévention de la perte d’autonomie présentée mi-janvier s’organise autour de quatre axes et dix-huit mesures.
Axe 1 : Promouvoir la prévention tout au long de la vie pour repousser la perte d’autonomie
Protéger sa santé grâce à la prévention, c’est protéger son autonomie à long terme. La perte d’autonomie, est, en effet, liée à une ou plusieurs maladies chroniques (une maladie cardiovasculaire, un diabète, une obésité, une insuffisance respiratoire…) et non pas à l’âge.
Pour ce faire, trois mesures sont présentées :
- Le lancement par Santé publique France d’une application en santé « avancer en âge en bonne santé », offrant une auto-évaluation de ses besoins, des conseils opérationnels et des orientations personnalisées pour une prévention renforcée à 40-45 ans, fin 2020 ;
- La montée en puissance d’un rendez-vous de prévention au moment du départ à la retraite, avec la contribution des Caisses d’assurance maladie et de retraite (CNAM, CNAV, CCMSA, AGIRC-ARRCO), dès 2020 ;
- Une campagne annuelle de communication pour accompagner la Semaine Bleue.
Axe 2 : Dès 70 ans, agir sur les facteurs accélérant la perte d’autonomie
La préservation de l’autonomie nécessite de détecter le plus précocement possible les fragilités ainsi que de renforcer l’action sur les facteurs d’accélération de la perte d’autonomie (les chutes, les hospitalisations évitables, l’isolement, les déficits sensoriels mal diagnostiqués, soignés ou compensés).
Neuf mesures composent ce deuxième axe :
- L’expérimentation dans plusieurs régions d’un programme de dépistage de la fragilité selon la démarche ICOPE, démarche innovante de prévention du déclin fonctionnel conçue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur la période 2020-2022 ;
- Le déploiement d’un moment réflexe rappelant la possibilité et le besoin de procéder à l’adaptation fonctionnelle des logements le plus tôt possible, en soutenant l’accès à des diagnostics logement gratuit ou à prix réduits, à partir de 2020 ;
- La diffusion massive, dès à présent, des offres de soutien à l’adaptation des logements pour les ménages modestes ;
- Un investissement fort pour atteindre l’objectif « zéro passage par les urgences » pour les personnes âgées dépendantes d’ici 5 ans ;
- Un appui aux initiatives locales permettant de se mobiliser pour les aînés afin de lutter contre l’isolement social. Cet appui pourra être financier ou une contribution à l’ingénierie des projets, afin d’accompagner les territoires. La diffusion du label « Villes amies des aînés » et la mobilisation des jeunes du service national universel et du service civique viendront enrichir ces actions dès 2020.
- Une campagne de communication en 2020 et 2021 pour mobiliser le 100% santé, notamment pour l’accès aux lunettes et aux prothèses auditives.
- L’expérimentation d’un autotest de dépistage du déficit auditif pour le grand public et les professionnels de soins primaires, sous forme d’une application, dès 2020.
- La définition de repères pour le dépistage des troubles de la vision associés au vieillissement (presbytie, glaucome, cataracte, DMLA) et l’orientation vers un spécialiste, en 2021 ;
- L’adaptation aux personnes âgées de VigilanS, dispositif de prévention du suicide, dès 2020.
Axe 3 : Mettre la préservation de l’autonomie de chaque personne au cœur des priorités des professionnels
Récemment, de nombreuses actions ont déjà été engagées afin de favoriser le « réflexe prévention » des professionnels de santé en direction des aînés. Ayant pour objectif de placer la prévention au cœur des priorités de tous les professionnels de la santé et du grand âge, cet effort se poursuit avec :
- L’introduction de critères de prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées dans la certification des établissements de santé en 2020 ;
- La prise en compte, dans les systèmes de tarification des services d’urgence des établissements de santé, des bonnes pratiques visant à favoriser la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées dépendantes, en 2021 ;
- Le déploiement d’actions de prévention dans les EHPAD, financées à hauteur de 15M€ par an ;
- La diffusion d’outils d’information et de dialogue entre médecins et patients pour promouvoir la dé-prescription des médicaments à partir de 2020.
Axe 4 : Mettre la France au niveau des pays européens les plus avancés en matière de prévention de la perte d’autonomie, par la recherche et l’innovation
Dans les années à venir, les questions du bien vieillir et de la prévention de la perte d’autonomie relèveront des axes majeurs de recherche dans lesquels il conviendra d’investir. Relevant d’un programme national de recherche, deux mesures sont préconisées :
- La constitution et le suivi d’un ensemble cohérent d’indicateurs nous permettant d’évaluer l’impact des actions de prévention en direction des personnes âgées, dès 2020. Santé Publique France élaborera, en particulier, un indicateur de prévalence de la fragilité.
- La mobilisation du Programme d’investissement d’avenir (PIA), mis en place par l’Etat pour financer des investissements innovants et prometteurs sur le territoire, pour investir dans la recherche sur le vieillissement et la prévention de la perte d’autonomie.
Quatre leviers
Afin de favoriser la mobilisation de toute la société, grâce à des impulsions communes et une expertise partagée, quatre leviers sont présentés :
- Renforcer le pilotage et la visibilité des conférences des financeurs par la définition d’orientations nationales en 2020 ;
- Créer un centre de ressources en 2020 constitué d’experts reconnus dans le champ de la perte d’autonomie ;
- Inscrire la priorité de la prévention de la perte d’autonomie liée à l’âge comme enjeu central de la Stratégie du Grand Âge à l’ordre du jour du prochain Comité Interministériel de Santé et renforcer le niveau d’information du Parlement à l’occasion de chaque projet de loi de financement de la sécurité sociale ;
- Lancer un « tour de France de la Silver Economy » dans toutes les régions afin d’organiser la mobilisation des acteurs institutionnels et économiques.