Contexte
Situé à l’Ouest du département des Vosges et en périphérie sud de le région Lorraine, l’arrondissement de Neufchâteau, communément appelé « Plaine des Vosges » par opposition à l’Est du département plus montagneux, regroupe 174 communes réparties dans 7 cantons et comptait lors du dernier recensement 61 656 habitants (INSEE, 1999). Il constitue un territoire vaste et globalement rural puisque la densité de population demeure faible et varie de 17 habitants/km² (cantons de Coussey et Lamarche) à 72 habitants/km² (canton de Mirecourt). Il s’organise autour de trois pôles à caractère urbain : Neufchâteau, Mirecourt et Vittel - Contrexéville qui regroupent plus du tiers des habitants du territoire et la majorité des services à la population.
L’analyse de la situation démographique montre que la population à l’échelle de l’arrondissement est âgée. La tranche d’âge des plus de 60 ans représente près de 24% de la population, 24% pour les jeunes (0 à 19 ans) et 52% pour les adultes (de 20 à 59 ans). De plus, le rapport personnes âgées/jeunes (nombre de personnes de plus de 60 ans pour 100 jeunes) s’établit à 98. Ce même rapport est de 92 pour le département des Vosges.
Toutefois, une analyse plus précise de la situation démographique laisse apparaître d’importantes variations. Ainsi, le rapport population âgée/jeunes varie de 85 pour le canton de Coussey et 86 pour le canton de Bulgnéville, soit mieux que la moyenne départementale, à 152 pour celui de Lamarche.
De plus, l’analyse par tranches d’âges dominantes à l’échelle communale met également en évidence d’importantes différences. Il est ainsi possible de distinguer schématiquement plusieurs types d’espace :
des espaces « jeunes » (proportion de jeunes supérieure à 25%) au niveau des cantons de Coussey et Neufchâteau mais également autour des principaux espaces urbains du territoire (Vittel, Châtenois, Contrexéville, Mirecourt, Neufchâteau et Bulgnéville),
des espaces d’actifs, où les adultes représentent plus de la moitié de la population, caractéristiques des zones urbaines et des pôles d’emplois,
des espaces vieillis caractérisés par une surreprésentation des personnes âgées. Il s’agit principalement des communes rurales au sud du Pays, limitrophes de la Haute-Marne ou hors des principaux axes de transport.
La population active en emploi représente 35% de la population totale (supérieur à la moyenne départementale située à 33%).
Le taux de chômage était de 9,3% en 1999 et de 8,1% en juillet 2000, ce qui est plus faible que le niveau de chômage du département des Vosges ou de la Région Lorraine (11%).
Le niveau d’emploi sur le lieu de résidence se situe, à l’échelle de l’arrondissement, à 80%. Cette situation traduit l’importance de l’emploi dans le domaine agricole, mais surtout la présence sur le territoire d’importantes unités industrielles à fort potentiel de main d’œuvre (industries de l’ameublement, agro-industries, métallurgie).
Toutefois, ces bons indicateurs masquent une réalité du territoire plus tendue.
En effet, l’importance du taux d’activité pourrait s’expliquer par l’évolution démographique de la zone, plus particulièrement le départ d’une partie de la population active au chômage vers d’autres zones d’emplois du département ou de la région.
Par ailleurs, on note actuellement une tension dans le domaine du recrutement pour les emplois de toute catégorie, les demandes d’emplois ne couvrant pas les offres.
Cette situation est à mettre en parallèle avec le niveau de qualification des demandeurs d’emploi : plus de 70% d’entre eux ont un niveau inférieur ou égal au CAP ou BEP. De plus, on constate une distorsion entre les qualifications demandées sur le marché local du travail et celles proposées par les demandeurs.
On note également que les femmes sont plus touchées par le chômage sur le territoire du Pays (59% du total des demandeurs d’emploi), qu’au niveau départemental (42%) ou régional (47%).
Enfin, il faut souligner la sous-représentation des cadres en emploi sur le territoire et les difficultés de recrutement rencontrées par les entreprises pour ce type d’emplois. Cette situation est consécutive, d’une part, à la structuration de l’emploi (beaucoup de main d’œuvre peu qualifiée) et d’autre part, à la faible attractivité du territoire.
Enfin, il faut noter le taux inférieur à la moyenne départementale dans le domaine de la création et reprise d’entreprises. Il existe donc au sein de ce territoire de grandes disparités qui sont sources d’inégalités notamment en terme d’accès aux services, d’accès aux droits.
Neufchâteau compte environ 7 500 habitants. L’étude de besoins réalisée auprès de la population révèle que :
57% des personnes interrogées occupant un emploi actuellement estiment que leur emploi actuel n’est pas en rapport avec leur niveau de qualification professionnelle,
parmi les personnes dont le niveau de qualification est en adéquation avec leur emploi actuel, 75% ont dû suivre une formation complémentaire à leur formation initiale.
Ce constat démontre l’inadéquation entre les offres d’emploi disponibles et le niveau de formation (formation qualifiante) des individus en recherche d’emploi et par conséquent l’inadéquation entre les compétentes « reconnues » (de façon diplômante) des individus et les compétences requises.
L’offre d’emploi sur le territoire est actuellement très insuffisante par rapport au nombre de demandeurs d’emploi, en particulier pour les publics les plus éloignés de l’emploi et les jeunes de moins de 26 ans. Face à cette situation, il est donc nécessaire d’encourager la création de nouvelles activités sur le secteur grâce à une politique économique dynamique mais aussi d’imaginer des solutions alternatives adaptées au public local.
Le diagnostic a mis en évidence le besoin local d’information concernant le bénévolat. En effet, il n’existe à l’heure actuelle aucune structure rassemblant l’ensemble de l’offre et de la demande dans ce domaine. Les structures associatives en manque de bénévoles et les personnes souhaitant s’investir ne savent donc pas où s’adresser.
Le diagnostic réalisé auprès des professionnels indique que 23% des organismes interviewés relèvent des besoins locaux en terme de mobilité des personnes : 25% d’entre eux à l’intérieur de Neufchâteau uniquement et 75% de Neufchâteau en direction des communes alentours et inversement.
Parallèlement, les individus sans emploi interrogés citent comme premier obstacle à l’emploi le problème de mobilité.
Le diagnostic mené auprès des professionnels locaux de l’action sanitaire et sociale révèle que 56% des actions relatives à l’accès au logement menées au cours des années 2001 et 2002 sur Neufchâteau concernent l’hébergement proprement dit des personnes. Cet hébergement concerne :
pour 20% des actions les personnes en situation de précarité,
pour 20% des actions les personnes anciennement toxicomanes ne prenant plus de produit ou stabilisées dans un processus de substitution,
pour 20% des actions les travailleurs handicapés,
pour 40% des actions les adolescents handicapés.
Par ailleurs, 26% des structures interrogées évoquent des besoins en matière de logement sur la commune de Neufchâteau. Ces besoins consistent, selon les professionnels :
en logements d’urgence (40% des réponses) : structures pouvant accueillir des personnes pour quelques nuits,
en logements sociaux (40% des réponses) : pour 6 mois et plus,
en logements temporaires (20% des réponses) : structures pouvant accueillir des personnes pour une durée maximale de 6 mois.
Parallèlement, le diagnostic réalisé auprès de la population montre :
que 34% des personnes interrogées estiment qu’il est difficile de trouver un logement sur Neufchâteau (il est à noter qu’à cette question 47% des personnes interrogées étaient sans opinion),
que cette difficulté est due essentiellement à des problèmes d’ordre financier et parfois à un manque de place disponible.
Par ailleurs le droit à l’information est une problématique transversale présente dans les domaines de la santé, du logement, de l’emploi ou encore de l’aide sociale. Pour une bonne assimilation, compréhension de l’information fournie, il est indispensable que celle-ci soit adaptée au public visé, que ce soit au niveau du support utilisé (plaquette, affiche, journal, site Internet, etc.) du langage, du graphisme.
L’étude du public accueilli au CCAS a montré qu’une partie avait des difficultés plus ou moins importantes avec la lecture et qu’il était donc indispensable de prendre en compte ce facteur dans le processus d’accès à l’information et par extension aux droits.
L’étude de besoin indique de plus qu’il existe peu de réseaux, de lieux de rencontre fréquents de tous les professionnels locaux, que la majorité des actions menées sur Neufchâteau le sont par une seule structure ou par un partenariat restreint (2-3 partenaires) et qu’il en résulte une multitude d’actions plus ou moins redondantes.
Par ailleurs, l’étude montre que de très nombreuses actions sanitaires et sociales (environ 250) ont été mises en place sur la commune au cours des années 2001 et 2002. L’analyse de ces actions indique que très peu sont issues d’une analyse méthodique des besoins de la population locale ou élaborées avec un large partenariat, c’est-à-dire rassemblant un maximum de professionnels et de représentants de la population.
Pour modifier cette situation il est important d’organiser un lieu de réflexion globale et collective entre professionnels sanitaires et sociaux oeuvrant sur le territoire communal et la population néocastrienne.
Il a été important pour la mise en place des groupes de travail :
de définir les professionnels compétents dans chaque thématique,
de définir le moyen d’identifier des représentants de la population néocastrienne.
Il existe pour l’instant dans certains quartiers des associations de quartier constituées d’habitants. Cependant, ces associations sont actuellement surtout impliquées dans l’organisation de manifestations festives au niveau de leur quartier et regroupent majoritairement des personnes de 55 ans et plus.
Ces associations peuvent servir de base à l’identification de représentants de la population néocastrienne, mais en veillant à la diversité des âges, des situations professionnelles, du sexe des représentants choisis et à la représentativité de tous les quartiers de la commune de Neufchâteau.
Description / Fonctionnement de l'action
Afin de favoriser l’accès aux droits des habitants, notamment en encourageant le maintien des services publics en milieu rural, le CCAS a accueilli dans ses locaux 35 organismes différents en 2013 (contre 33 en 2012). Selon les organismes les usagers peuvent soit prendre rendez-vous à l’accueil, soit directement auprès de l’organisme, soit les consulter sans rendez-vous.Les services sont évolutifs ainsi en 2013, sont venues compléter l’offre de services les permanences suivantes :
Pôle juridique : - des avocats proposent une permanence le 1er mercredi de chaque mois de 9h à 12h.- le médiateur pénal est présent 2 journées par mois sur convocation.
Pôle Santé : - la CPAM passe de 1 journée ½ à 5 matinées par semaine, les mardi et jeudi sur rendez-vous.
Pôle emploi :- permanence des associations d’insertion professionnelles Pagode et AIC.
Bilan
Les permanences ont permis d’accueillir 11 019 personnes en entretien individuels ou collectifs pour l’année 2013. 4 650 visiteurs pour le pôle emploi et formation, 567 visiteurs pour le pôle Justice et droits, 173 visiteurs pour le pôle logement et 5 629 visiteurs pour le pôle social en 2013.
La présence des permanences évitent aux usagers de se rendre au chef lieu de département (distance aller – retour de 150 km) et lève donc la contrainte de mobilité rencontrée par certains d’entre eux.L’attractivité des permanences dépassent de beaucoup le périmètre de la commune, en effet plus d’un tiers des bénéficiaires n’habitent pas la commune voir pour certains d’entre eux le département.L’augmentation du nombre de permanences montrent bien la réussite de ce projet et sa nécessité.Toutefois, il convient de souligner que certaines permanences ont du fermer, faute de moyens financiers ou de fréquentation. Par ailleurs, depuis le désengagement financier de l’Etat, apporté auparavant par rapport au label Relais de Services Publics), seule la ville porte financièrement ce projet ce qui pourrait le fragiliser. Une évolution vers un partenariat intercommunal pourrait être une réponse adéquate à l’évolution de ce service.
Moyens
Moyens humains :
5 agents du CCAS,
personnel des partenaires assurant des permanences, à savoir une personne par partenaire.
Budget :
Le coût des permanences est assuré par les partenaires.Le CCAS couvre les coûts liés à son personnel et aux charges du local (eau, chauffage, électricités, taxes).Le coût global pour le CCAS est difficilement évaluable car il est inclus dans son fonctionnement général, toutefois une estimation (temps de travail, coût des fluides, administratifs,…) laisse apparaître un coût de 60 000 euros annuel.
Les partenaires
Partenaires opérationnels
Pôle emploi et formation : AIC, Alexis Gestion, CIRFA, Cap Emploi, chambre de commerce et d’industrie, chambre de métiers et de l’artisanat, HOREMIS Est, maison de l’emploi de l’Ouest Vosgien, ACCA, Action Industrie, AFPA, PAGODE, ADSN, Gestélia, Retravailler.Pôle justice et droits : chambre des notaires, avocats, conciliateur de justice, délégué du procureur, médiateur pénal / PJJ, service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP).Pôle logement : PAC VOSGES, AVIAL.Pôle social : AG2R : retraites par répartition, RSI, AVRS, AVPN, CICAS, CPAM, FMS RSA, gens du voyage, UFC que choisir, CARSAT service social.
Ils financent l'action
En dehors de la participation indirecte des partenaires liée aux frais de leur personnel, depuis 2012 le CCAS et la Ville de Neufchâteau assurent seuls les coûts financiers du projet.
Les observations du CCAS/CIAS
Cette initiative est un exemple original de la mise en place d’un réseau partenarial permettant de rapprocher les services à la population (publics et privés) des usagers dans un contexte de forte demande locale et de restrictions budgétaires.
Photo : Wikimedia Commons / François BERNARDIN