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Fiche d'expérience

Nouvelles Expériences Technologiques et Relationnelles en Résidences pour Personnes Agées (NEXT RPA)

Nouvelles Expériences Technologiques et Relationnelles en Résidences pour (...)

Comment améliorer l’indépendance et l’autonomie de la personne âgée dans un environnement technologisé ? Le projet NextRPA développe un lieu de co-construction de solutions innovantes avec les habitants de la résidence autonomie Clamart et les citoyens de l’agglomération châlonnaise. L’objectif est de favoriser, grâce aux gérontechnologies, le bien vieillir à domicile et notamment le maintien du lien social intergénérationnel.

Cette action a été présélectionnée dans le cadre du Prix de l’innovation sociale locale 2017, dans la catégorie « Accès, usages et recours aux nouvelles technologies » et a été lauréate de la bourse aux initiatives lancée par l’UNCCAS et AG2R la Mondiale en 2017, pour favoriser le logement et l’hébergement des personnes âgées, des personnes handicapées vieillissantes et des personnes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle (catégorie « Personnes âgées et personnes handicapées vieillissantes »).

Contexte

Le programme de réhabilitation-extension de la résidence autonomie Clamart dans lequel s’insère le projet Next-RPA, fait suite à l’analyse des besoins sociaux menée par le CCAS de Châlons-en-Champagne et répond à la nécessaire adaptation des ex foyers-logements aux besoins et attentes des seniors d’aujourd’hui et de demain. En effet ; l’objectif premierde Next-RPA est de définir un nouveau lieu de vie adapté, en s’appuyant, en autres, sur le développement des gérontechnologies.

Pour mener à bien cette démarche, le CCAS, avec le soutien des services de Châlons Agglo, s’est rapproché du Living Lab ActivAgeing (LL2A) de L’Université des Technologies de Troyes. Le LL2A est un laboratoire vivant qui mobilise un ensemble d’expertises et de plates-formes spécifiques pour la conception participative des solutions d’accompagnement pour l’autonomie des personnes âgées. C’est une démarche volontairement participative qui intègre l’implication des utilisateurs in fine, depuis la conception jusqu’à la mise en œuvre. Ce living lab est intégré au sein de la de la résidence Clamart (le 1er en France à être intégré à un lieu de vie).

Le LL2A Clamart à Châlons-en-Champagne s’appuie une plateforme de recherche, constituée d’un appartement équipé des dernières innovations, d’une régie et d’un laboratoire d’idées, qui trouve sa place naturellement dans la salle commune de la résidence, où se tiendront des animations collectives et des ateliers de co-création, ce lieu propice aux échanges est situé en face de l’appartement. Ce dernier permettra d’imaginer, de mettre en situation les futurs produits, afin de réaliser des tests liés notamment à l’usage, l’ergonomie et l’acceptabilité des solutions, directement auprès du public ciblé : les personnes âgées. L’originalité du projet réside également dans l’ouverture vers l’extérieur, avec la notion forte de quartier intégré, en créant un lieu de participation sociale ouvert sur la cité.

Cet espace ouvert au public est approprié aux interactions, puisqu’il assure plusieurs fonctions notamment celle d’appartement d’hôtes (il sera possible d’y dormir dès septembre 2017) et de « démonstrateur » des technologies d’aide au maintien de l’autonomie . Ainsi différents acteurs tels des entrepreneurs, des professionnels de santé, des étudiants …pourront se familiariser à ces nouveaux outils et développer leur expertise en la matière. Une véritable vitrine vivante et interactive pour la ville de Châlons-en-Champagne.

Une fois le programme de recherche-action terminé, les technologies les plus pertinentes pour le maintien des capacités motrices, sensorielles, cognitives, comportementales et la prévention de la perte d’autonomie seront retenues et proposées pour équiper les appartements de la résidence. Au-delà, l’objectif est d’essaimer les résultats pour le développement d’un nouveau mode d’habitat collectif intermédiaire. Les acquis des travaux ont donc vocation à être étendus aux autres résidences collectives destinées aux personnes âgées, à Châlons-en-Champagne voire dans d’autres communes de la région ou hors Région confrontées à cette problématique.

Description / Fonctionnement de l'action

Publics ciblés

Le projet NextRPA fait interagir différents acteurs :

  • les seniors de la résidence autonomie Clamart (44 logements) et du territoire (30 000 seniors d’aujourd’hui et de demain potentiellement utilisateurs du dispositif),
  • des Start up et entrepreneurs locaux du secteur de la Silver Economy,
  • des professionnels de santé et de l’aide à domicile,
  • des professionnels en formation : Institut Régional de Formation des Professionnels de Santé, IUT Carrières Sociales, Croix Rouge,
  • des chercheurs de différentes disciplines en sciences humaines et sciences techniques (Université de Reims Champagne-Ardenne et Université Technologique de Troyes).

Principaux objectifs

  • Identifier et mettre en place des réponses nouvelles permettant de lutter contre l’isolement social des personnes âgées en favorisant leur intégration dans leur quartier (Livrable rendu en mars 2017) ;
  • Identifier et mettre en place de nouveaux services et dispositifs numériques adaptés aux besoins des seniors pour définir le modèle de la « résidence seniors intégrée, connectée et intelligente de demain » (Livrable prévu pour septembre 2017) ;
  • Informer les séniors de la résidence, du quartier et de l’agglomération chalonnaise, sur les usages de la domotique innovante (1 matinale par mois à partir de juillet 2017). Une matinale est une séance de réflexion entre chercheurs, usagers et professionnels des secteurs médico-sociaux autours des usages des nouvelles technologies ;
  • Créer au sein de la résidence autonomie Clamart un lieu de recherche appliquée, créateur d’innovation, et ouvert sur l’extérieur (dès livraison après travaux de la résidence) ;
  • Implanter à Châlons-en-Champagne une antenne du Living Lab ActiveAgeing (LL2A) de l’Université Technologique de Troyes pour identifier les services et dispositifs numériques adaptés et réaliser des observations, analyses et tests liés notamment à l’usage, l’ergonomie et l’acceptabilité des solutions. Un Living Lab est un « laboratoire vivant » c’est-à-dire un lieu de recherche dans lequel l’usager est au cœur de la réflexion de l’innovation. L’usager, ses aidants et les professionnels qui l’entourent prennent part aux réflexions sur les innovations à venir (Livrable pour septembre 2017).

Fonctionnement de l’action

L’objectif général du projet NextRPA est d’appuyer la restructuration de la résidence autonomie Clamart en y intégrant les nouvelles technologies liées à la prévention de la dépendance, et faire de ces technologies un vecteur d’ouverture sur le quartier et ses habitants. Pour la gestion du projet, plusieurs Work-packages ont été identifiés :

Work-package 1 – Les RPA et leurs relations avec le quartier (correspondant au livrable 1)

 
Objectif du Work-package : Appuyer la volonté de la RPA de profiter des travaux de rénovation/extension pour s’ouvrir sur le quartier et intégrer des TIC au sein de la RPA (les TIC pouvant servir de support à des échanges avec le quartier)
Méthode : Revue de littérature et benchmark pour identifier des pistes de stratégies, des RPA modèles desquelles s’inspirer.
Phasage : Ce livrable a été rendu en mars 2017.

Work-package 2 – Identifier les attentes et la perception des usagers (correspondant au livrable 2)

 

Objectifs du Work-package :

  • Connaître les besoins et attentes des usagers pour mieux cibler l’équipement/l’offre de la RPA ;
  • Intégré dans un objectif plus global : mieux connaître la perception globale des personnes âgées sur les nouvelles technologies.

Méthode : enquête auprès de résidents de RPA et des habitants du quartier (l’enquête est également menée en EHPAD où la problématique est différente) destinée à :

  • Appréhender leur perception des nouvelles technologies,
  • Identifier les besoins potentiels concernant l’appartement d’hôte,
  • Identifier leurs besoins en termes de TIC à intégrer,
  • Identifier leur propension à payer sur ces besoins,
  • Proposer des typologies d’usagers en fonction de leur rapport aux nouvelles technologies et qui tienne compte de leur pouvoir d’achat.

Réalisation :

  • Questionnaire construit conjointement par l’Université Technologique de Troyes (UTT) (perception des nouvelles technologies) et l’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) (propension à payer)
  • Passation : CCAS (avec l’appui des étudiants de l’URCA)
  • Traitement : UTT (avec soutien URCA sur la propension à payer)
  • Entretiens complémentaires : UTT

Phasage : L’enquête est actuellement en cours de réalisation. 1000 retours d’enquête sont attendus. A l’échelle de l’agglomération, 44 associations de personnes âgées, la CARSAT Nord Est, Les CLIC, les centres sociaux et les mairies des 46 communes de l’agglomération ont été sollicités. La fin de la période d’enquête est prévue pour mai 2017.

Les résultats permettront d’alimenter les réflexions du CCAS sur le modèle économique de la RPA ainsi que les réflexions sur le modèle économique d’un living lab intégré à la RPA.

Work-package 3 – Technologies numériques pour la prévention de la perte d’autonomie (correspondant au livrable 3)

 

Objectif du Work-Package : Développer et structurer à partir de l’existant une offre de gérontechnologies pour répondre aux besoins de la population locale.

Méthode : Mise en place technologique et domotique et évaluation experte du Living Lab : analyse approfondie des besoins des utilisateurs associés systématiquement à la recherche sur des critères d’acceptabilité, d’utilisabilité, d’efficacité et de contrainte financière. Les technologies proposées doivent être financièrement accessibles à tous en proposant notamment des services bénéficiant de crédit d’impôt.
Adopter un regard transverse sur le spectre des gérontechnologies (High Tech/Mid Tech/Low Tech/No Tech) : destinées à compenser la perte d’autonomie des personnes âgées, à faciliter le travail des professionnels de l’aide à domicile ou à soulager les aidants familiaux.
Evaluation du bénéfice ressenti, analyse in situ des usages en conditions écologiques.

Phasage : début dès livraison de la résidence autonomie.

Partenaires opérationnels

La coordination du projet est co-encadrée par le CCAS et l’Université Technologique de Troyes (UTT). L’UTT assure un rôle d’animation des acteurs et de gestion des ressources (humaines, matérielles et financières). Cela passe entre autres par une gestion de l’avancement du projet et du budget.

Le comité d’experts se réunit pour débattre des résultats des livrables qui sont produits dans le cadre de ce projet. Ce comité est composé d’experts à la fois du social, de l’évaluation des technologies de santé, du champ de l’habitat et de la Silver Economy : Robert Picard (CGEIET, Ministère Economie et Finance), Arnaud Duhem (CCAS), Emmanuel Simantov (Châlons agglo), Florence Gallois (URCA), Dan Istrate (UTC), Michael de Block (CH Troyes), Dimitri Voilmy (Living Lab ActiveAgeing), Jacques Duchêne (UTT), Samia Benallah (URCA), Karine Gueguen (ID Champagne-Ardenne).

Le comité de pilotage se réunit au début, à mi-parcours et à la fin du projet. Ce comité est composé de représentants des financeurs et partenaires du projet : Conseil Régional de Champagne Ardenne, Centre Communal d’Action Sociale de Châlons-en-Champagne, Châlons-en-Champagne Agglo, Conseil Départemental de la Marne, Université de Reims Champagne-Ardenne, Université Technologie Troyes. Ce comité s’enrichit au fur et à mesure du projet des acteurs qui pourront effectivement être intéressés par le déploiement des solutions technologiques.

En outre, un partenariat est effectif avec la Ric (Renaissance immobilière châlonnaise), propriétaire du bâti. Le projet Next RPA bénéficie également du soutien de la CARSAT Nord Est, du CRSD (Contrat de redynamisation du site de la défense), de la région Champagne-Ardenne (Grand Est) et du département de la Marne.

Les outils pour évaluer l’action

Différents outils sont proposés pour évaluer le taux d’activité du Living Lab :

  • Tableau de réservation de l’appartement d’hôtes,
  • Nombre d’inscriptions aux matinales (+ liste d’attente),
  • Ratio résidents / personnes extérieures présentes aux matinales,
  • Evolution du taux d’occupation de la résidence,
  • Nombre de sollicitations de la part d’entrepreneurs et Start up.

Il est également attendu de recenser l’effet bénéfique du projet sur le taux d’équipement en nouvelles technologies des personnes âgées qui ont participé aux matinales du Living Lab. Autrement dit de mesurer si le projet a eu un effet positif sur le passage à l’acte dans l’usage des gérontechnologies par les personnes âgées, de la résidence Clamart mais également du quartier.

Bilan

Le livrable 1 a été rendu le 7 mars 2017. Partant d’une analyse de l’existant (ressources, points forts, points faibles) et d’un état de l’art des attentes et difficultés rencontrées par ce public, les préconisations du premier livrable visent à structurer l’action du CCAS de Châlons-en-Champagne dans le cadre de sa stratégie d’ouverture.

Les axes développés ci-après sont structurés selon les recommandations de bonnes pratiques professionnelles de l’ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux) qui servent de guideline à la réflexion et aux propositions formulées.

1er axe : développer les liens sociaux et de citoyenneté des personnes accueillies

Objectif : Entretenir les liens existants, renouer des liens distendus – Encourager la participation à la vie citoyenne

Comment s’y prendre ? En facilitant les liens des personnes avec leurs proches, en ouvrant l’établissement à l’entourage des personnes accueillies et en développant les liens de citoyenneté

Les leviers d’actions identifiés

 
Mise en place d’un réseau social familial au sein de la résidence qui puisse être alimenté d’une part par les membres de la famille et de l’autre par les résidents. Partant d’une plateforme dématérialisée, alimentée de photos et de commentaires, l’objectif est ensuite de pouvoir l’imprimer et d’en communiquer une par semaine ou par mois aux résidents qui souhaiteraient bénéficier de ce type de service. In fine, le résident a une gazette papier qui lui permet de suivre le quotidien de ses proches à distance. Une startup propose déjà ce service et propose un abonnement avantageux aux foyers-logements dans le cadre d’un partenariat avec la CARSAT. Ainsi, en échange de la diffusion de message de prévention sur les gazettes, la CARSAT prend en charge une partie de l’abonnement.

  • Intérêts : informer le résident des actualités des membres de sa famille/permettre de suivre l’actualité de la famille à distance/ renouer des contacts avec des membres de la famille grâce à l’interface/ valoriser l’activité de la résidence/format papier qui correspond davantage aux attentes des personnes/possibilité de mettre en place des ateliers informatiques avec les résidents autour de cette plateforme pour l’alimenter)
  • Limites/Point de vigilance : ce type de service exclut a priori les résidents qui n’ont aucun membre de la famille susceptible d’y prendre part. Il nécessite d’avoir une personne relai qui se charge de l’outil et implique donc un coût.

Développer la possibilité de contact via Skype : la salle commune servira de lieu d‘expérimentation pour voir si ce canal de communication est pertinent. L’idée est donc de mettre en place des rendez-vous téléphoniques proches/résidents et d’évaluer la plus-value au moyen d’une enquête. Le cas échéant, une généralisation de ce type de communication pourrait être envisagée dans les chambres des résidents.

  • Intérêts : rester en contact avec la famille/rassurer les proches grâce à la vidéo/partager des moments privilégiés (ex : anniversaires des petits-enfants) et surmonter l’éloignement géographique
  • Limites/Points de vigilance : risque de diminution des fréquences de visites des proches et limites techniques liées au réseau

Organiser des activités / expo qui rassemblent : faire participer les proches aux activités. A voir si pertinent, si proches déjà impliqués ou si point à parfaire...

L’appartement du Living Lab et sa fonction d’appartement d’hôte : les possibilités d’accueil de cet appartement sont multiples :

  • Au niveau de la sphère familiale, il accueille les proches de résidents et permet dans certains cas de recréer du lien grâce à son statut d’objet médiateur (l’appartement en tant qu’objet technique) susceptible de rassembler
    • Intérêts : favoriser le lien/permettre la viabilité économique du modèle
    • Limites/points de vigilance : nécessite une organisation propre afin de gérer les arrivées/départs (nettoyage, état des lieux, sécurisation des équipements les plus fragiles ou couteux ? ...)
  • Cet appartement d’hôte sert également d’appartement tremplin aux habitants âgés ou aux personnes âgées fragilisées sortant d’hospitalisation afin de leur faire part des technologies au quotidien facilitant le retour à domicile. Par ailleurs, un partenariat est prévu avec le Comal Soliha afin d’apporter une expertise complémentaire sur la thématique de l’adaptation des logements. Ainsi, les personnes intéressées seront invitées à visiter l’appartement témoin du Comal, et réciproquement.
    • Intérêts : Faciliter le retour à domicile des personnes fragilisées/Informer et prévenir/Tester avant de s’équiper/permettre la viabilité économique du modèle
    • Limites/Point de vigilance : nécessite une organisation propre afin de gérer les arrivées/départs (nettoyage, état des lieux, sécurisation des équipements les plus fragiles ou couteux ? ...) + Quid en cas de problème médical de l’hébergé ? Protocole à prévoir + convention médecin traitant ?

Mise en place d’activités participatives « vie du quartier » intergénérationnelles. En effet, plus d’1 personne de plus de 70 ans sur 2 estime que les liens entre générations sont importants car les générations ont beaucoup à s’apprendre.

L’existence de sujets de préoccupation communs aux deux groupes mis en relation est essentielle afin de garantir la qualité et la pertinence de l’action intergénérationnelle. Si l’informatique peut incarner, dans certains cas, un bon vecteur pour faciliter les interactions, d’autres domaines sont également susceptibles d’intéresser. Une analyse de plusieurs expériences de participation sociale au Canada a permis de mettre en avant les limites de certains projets intergénérationnels. Si globalement, les personnes âgées en retirent un réel bénéfice (nombre accru d’interactions, utilité sociale renforcée…), certaines activités semblent moins adaptées que d’autres. Par conséquent, la plus-value pour les personnes âgées est limitée et le degré d’adhésion à ces activités est très variable. Les expériences les plus encourageantes sont celles qui accordent aux personnes un rôle de « mentor », de tuteur au travers des projets mis en place. Ainsi, l’expérience de jumelage d’écoliers de 5 à 9 ans et d’aînés visant à améliorer les habiletés des enfants en lecture met en avant des bénéfices stables quel que soit l’âge, le sexe ou l’état civil (E. Raymond., et al 2008).

Partant de ces constats, il est possible de construire des actions collectives intergénérationnelles visant à redynamiser le quartier. Pour ce faire, dès le deuxième trimestre 2017, un travail pourra être mené avec le concours des étudiants en DUT « animation sociale et socio-culturelle » qui proposeront un projet spécial autour de la notion d’intergénérationnel et de quartier intégré. Ces activités pourront se dérouler à l’extérieur de la résidence, ou au cœur de la résidence, en proposant, par exemple, sous un format « un mercredi à Clamart », une activité différente chaque semaine. Par ailleurs, il pourrait être intéressant de proposer aux habitants du quartier qui rencontrent des difficultés dans l’utilisation de leurs technologies de bénéficier d’un soutien dans l’utilisation de celles-ci. Pour ce faire, plusieurs options sont envisageables, en mettant en place une activité intergénérationnelle (étudiant/retraité) ou basée sur la pair-aidance (retraité/retraité).

  • Intérêt : ouverture de la résidence, redynamisation la vie de quartier, encouragement des échanges di le partage, lutte contre l’isolement, renforcement du sentiment d’utilité sociale...
  • Limites/points de vigilance : difficulté à mobiliser les participants, nécessité de trouver des bénévoles pour animer les activités, question de la participation financière aux activités mises en place...

La pair-aidance peut également apparaître comme un point d’entrée intéressant pour rompre l’isolement des aînés. En effet, ce type de format de participation laisse apparaître une diminution notable des symptômes dépressifs et de la solitude chez le public âgé (E. Raymond et al, 2008)

2ème axe : interagir avec le territoire

Objectif : Connaître et se faire connaître

Comment s’y prendre ? En prenant part à la dynamique du territoire et en élargissant les actions initiées afin de proposer de nouvelles interactions stimulantes pour les personnes

Les leviers d’actions identifiés

 
Participer aux actions initiées par l’environnement : diverses actions sont déjà en place au sein de la résidence. En revanche, le niveau d’information des résidents sur les autres activités organisées par divers acteurs n’est à ce jour pas garanti. Une newsletter des activités sera tenue à disposition des résidents dans la salle commune, en version papier et numérique. Par ailleurs, à terme, il pourrait être envisagé de diffuser dans les chambres des résidents des messages d’information quotidiens, via une télé ou une tablette, rappelant les sorties ou animations à venir. En ce sens, un partenariat avec le site de la ville de Châlons-en-Champagne est intéressant. Il pourrait également être intéressant de tester des applications déjà existantes sur cette thématique grâce à ce type de réseau, il est possible d’être tenu informé des activités à venir, d’échanger avec ses voisins ou encore de s’entraider au travers de rendus de services réciproques. Ce site s’adresse à tous les citoyens afin d’encourager la participation sociale et citoyenne. Concernant le contenu des messages, il apparaît que les personnes de 55 ans et plus attendent des TIC de nouvelles relations sociales, un meilleur accès aux différentes administrations et une meilleure connaissance de la vie locale (Vidal, 2003).

  • Intérêts : Améliorer le niveau d’information des résidents ; permettre une vie sociale plus riche
  • Limites/points de vigilance : Nécessite un accompagnement humain et une logistique pour mettre en œuvre des sorties ou tout du moins conseiller le résident sur la marche à suivre

Les questions d’accessibilité sont fondamentales : l’accessibilité financière d’une part et l’accessibilité en transport en commun d’autre part. Sur ce dernier point, le CCAS de Châlons-en-Champagne a déjà la possibilité de mettre à disposition un minibus pour les résidents qui souhaitent se rendre à une activité. Par ailleurs, une aide à la définition d’un itinéraire en bus pourrait être proposée aux personnes qui souhaitent se déplacer de manière autonome, via la Smart TV de la salle commune. Aussi, un service de covoiturage, mis en place à l’échelle du quartier ou de la ville, permettrait d’améliorer la mobilité des séniors. A ce sujet, l’expérience « Un EHPAD en réseau dans la ville » peut également être une source d’inspiration intéressante (Boury et al, 2015).

  • Intérêts : Faciliter les déplacements des personnes et encourager leur participation sociale
  • Limites/points de vigilance : nécessite dans tous les cas des moyens humains

Communiquer avec le voisinage et être un lieu-ressource pour l’environnement : comment le LL2A peut permettre d’ouvrir les portes de la résidence. Comment ?

  • Reproduction du modèle des amis du Living Lab en proposant aux résidents des immeubles situés à proximité d’y prendre part. Afin d’informer ces personnes du projet, la newsletter du Living Lab leur sera distribuée en passant par la RIC, propriétaire de ces immeubles
  • En organisant des actions de formations : ce besoin de formation ressort très largement des discours des personnes âgées, comme des professionnels, confrontés à l’apparition des NTIC dans leur travail. Ainsi, plusieurs types de formation pourraient être proposées : des formations plus classiques avec les personnes âgées et des formations plus poussées avec divers professionnels, de l’aide à domicile notamment. Un lien avec la Chaire SilverTech devra être pensé à ce sujet.

Le rôle de médiation d’un tiers dans l’accès des retraités aux TIC est fondamental. Plus fréquemment assuré par les enfants, il permet d’apporter la technologie en elle-même ou d’en assister l’usage. En ce sens, l’entourage géographiquement proche de la personne joue un rôle prépondérant en apportant un guidage méthodologique à ces TIC grâce à l’assistance de voisins ou d’amis (Caradec, 2001).

  • Organiser un workshop par trimestre, en lien avec le CLIC, le CCAS et tout autre partenaire qui souhaiterait prendre part à ce type d’échanges visant à questionner, informer et sensibiliser les personnes autour des NTIC.
  • Accompagner le CCAS dans la démarche de certification Ville Amie des Aînés autour des aspects de diagnostic (focus groupe thématique) et de conception participative (en ce sens, la démarche de la ville de Dijon est intéressante : conception participative autour de l’implantation des bancs et fauteuils de repos à destination des personnes âgées)
    • Intérêts : Déverrouiller l’accès aux TIC, comprendre l’impact des TIC sur les pratiques professionnelles
    • Limites/points de vigilance : Nécessite une mobilisation forte des partenaires et des compétences bien spécifiques, notamment en termes de formation des professionnels.

Plusieurs associations châlonnaises œuvrent déjà dans la lutte contre l’isolement des personnes âgées. Dans l’objectif de lutter contre cet isolement, deux équipes citoyennes, membres du réseau MONALISA (Mouvement National de Lutte contre L’isolement des personnes âgées), sont d’ores et déjà constituées. Leur rôle est de repérer les personnes isolées (grâce aux CCAS notamment) et de leur proposer une activité soit à domicile, soit dans un lieu ressource. Une structuration de ces réseaux pourrait s’avérer bénéfique, afin de mettre en commun les compétences des uns et des autres et d’assurer un meilleur maillage territorial permettant d’assurer un meilleur repérage des situations problématiques. A cet effet, la résidence Clamart jouerait pleinement son rôle de promotion de l’autonomie et du lien social en prenant part à cette réflexion via le living lab ou en mettant à disposition la salle commune pour des animations. Enfin, cette démarche permettrait d’assurer la promotion de ce type de structure et de commencer à structurer, autour des personnes isolées, un réseau d’aidants informel.

  • Intérêts : lisibilité du projet au travers de ce réseau ; lutte contre l’isolement social des personnes vivant à domicile
  • Limites/points de vigilance : induit une mobilisation d’acteurs importante ainsi que des moyens financiers propres.

Promouvoir un rapprochement avec le monde de l’entreprise, de la formation, de la culture en :

  • faisant venir des start-up, des entreprises innovantes (travail de prospection en cours...) ;
  • développant des projets de recherche spécifiques au sein du living lab afin d’y garantir une activité (à ce titre, un projet de recherche sur les capteurs de chute à bas coût y sera mené) ;
  • démarchant les écoles paramédicales et planifiant des rencontres avec les coordinateurs des services d’aide à domicile pour cibler les besoins de formations et réfléchir à une application pratique de certains modules de formation (ex : travaux pratiques au living lab).
    • Intérêts : créer une dynamique locale et être porteur d’innovation
    • Limites/points de vigilance : dépend de l’intérêt des partenaires

3ème axe : développer le caractère accueillant de l’établissement

Objectif : modifier les représentations du public et améliorer la visibilité du service

Comment s’y prendre ? En questionnant la fonction d’accueil, la pertinence de l’architecture et de l’aménagement des espaces et en améliorant la communication

Les leviers d’actions identifiés

 
Toutes les actions détaillées ci-avant concourent à renforcer l’image positive de l’établissement et à le rendre accueillant. Néanmoins, plusieurs actions peuvent être entreprises pour renforcer ce point, et notamment :

  • Réaliser un flyer sur les potentialités de Clamart,
  • Communiquer autour de ce projet auprès des partenaires locaux,
  • Afin de faciliter le guidage des personnes extérieures à l’établissement, un système de signalétique visible et guidant pourrait être envisagé (Fléchage vers le living lab, la salle commune…). Ceci a également l’avantage d’éviter toute errance d’une personne extérieure à la structure dans les locaux,
  • Enfin, pour illustrer dès l’entrée dans la structure l’objectif recherché, une tablette numérique pourrait présenter les activités mises en place ainsi que les projets en cours.

4ème axe : soutenir les professionnels dans la mise en place de l’ouverture

Objectif : impliquer l’ensemble des professionnels

Comment s’y prendre ? En renforçant les compétences existantes, en les développant et en informant les professionnels de la démarche

Les leviers d’actions identifiés

 

Pour les professionnels de la structure :

  • Prendre part au projet, être impliqué dans la réflexion et les travaux de recherche en cours
  • Bénéficier d’un plan de formation adapté
  • Faciliter les échanges avec d’autres professionnels : mise en place de réunions collectives avec les autres professionnels, en axant sur les nouvelles pratiques repérées.

Pour les professionnels du domicile (aide à domicile, ergothérapeute…) :

  • Cibler leurs besoins pour proposer des formations aux TIC ; pour ce faire, un travail de communication auprès des organismes de formations, unions départementales ou encore des Organismes Paritaires Collecteurs Agréés (OPCA) peut s’avérer utile
  • Proposaer une mise à disposition de l’appartement

Moyens

Moyens humains

Structure et/ou LaboratoireStatut ou gradeETP consacré au projet (en %)
CCAS Châlons-en-Champagne Adjoint à la Direction Générale des Services en charge du Pôle Personnes Âgées - Finances 7,5 %
CCAS Châlons-en-Champagne Chargée de mission auprès de la direction générale en matière de promotion de la santé et de la perte d’autonomie 10 %
CCAS Châlons-en-Champagne Responsable des services techniques 2,5 %
CCAS Châlons-en-Champagne Directrice de la RPA Clamart 10 %
CCAS Châlons-en-Champagne Agents de la Résidence 5 %
CCAS Châlons-en-Champagne Animateur RPA 15 %
Cités en Champagne Chef de projet "Déploiement de la stratégie de développement économique de Cités en Champagne" 7,5 %
URCA - Regards (EA 6292) Maître de conférences en Sciences économiques 10 %
UTT - ICD - PST e-santé Ingénieur 20 %
UTT - ICD - PST e-santé Professeur 5 %
URCA - Regards (EA 6292) et IUT Carrières sociales (Châlons-en-Champagne) Maître de conférences en Sciences économiques 10 %
UTT - ICD - PST e-santé Ingénieur 15 %

Moyens matériels

Le Living Lab est situé au rez-de-chaussée de la résidence autonomie Clamart, à proximité immédiate des différents lieux de vie collective. C’est un F2 qui comprend une pièce de vie (cuisine, salon, séjour), une salle de douche et une chambre. Le Living Lab comprend également une régie dans laquelle sont analysées les données enregistrées dans l’appartement. Le « laboratoire d’idées » qui est la pièce commune de la résidence Clamart permet quant à lui de d’être un lieu de co-conception avec les usagers.


 
Plan du Living Lab (appartement d’hôte) dans la résidence Clamart

L’appartement du Living Lab est pré-équipé de plusieurs technologies qui seront couplées à d’autres dispositifs au gré des partenariats avec les Start up et entrepreneurs locaux. Les dispositifs fixes sont les suivants.

1. Un sol communiquant

 
Outre la détection de chute, le sol communiquant doit permettre d’analyser et de détecter les pas, de définir le cheminement et la marche, de compter le nombre de personnes présentes et de suivre l’activité des personnes (activity monitoring). Ce sol collecte et analyse les données des capteurs du sol sensitif. Des mises à jour régulières sont possibles à distance et permettent d’ajouter des fonctions d’analyse supplémentaires. Les algorithmes sont évolutifs. En particulier, un algorithme permet la détection et l’analyse des pas à même d’évaluer les risques de chute ou d’évaluer la rééducation et réadaptation fonctionnelle d’une personne.

Un algorithme permet l’analyse des données de déplacement pour identifier par exemple une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer (cheminement par exemple, ou noctambule).

Le système peut s’interfacer avec un système domotique via des relais pour par exemple commander un chemin lumineux.


 
Visuels du sol communiquant

A ce sol est associé un chemin lumineux allant de la chambre à la salle de douche.

2. Pièce de vie (cuisine/séjour) domotisée

 

L’agencement de la pièce de vie est adapté aux besoins d’une personne âgée afin de réduire les risques d’accidents et de faciliter l’utilisation des équipements. Par ailleurs, l’équipement est conçu pour faciliter la collaboration avec les start-up/PME du secteur de la domotique et leurs dispositifs innovants (ex : dispositifs de coupure des arrivées d’électricité ou d’eau en cas d’oubli d’extinction des plaques électriques ou des robinets).

Les principaux équipements de la pièce de vie sont les suivants :

  • Plan de travail ergonomique,
  • Éléments haut et bas de cuisine à hauteur variable,
  • Range-couverts thermoformé,
  • Armoire,
  • Portes escamotables,
  • Lave-vaisselle,
  • Plaque vitrocéramique,
  • Évier inox,
  • Table à mécanisme amovible,
  • Colonnes télescopiques,
  • Télécommande infrarouge.


 
Visuels des éléments domotisés

Budget / coût de l’opération

Budget de Fonctionnement sur 18 mois (Innov’Action)*
Principaux postes de dépenses Montant € TTC
Personnel permanent UTT - URCA - Châlons Agglo - CCAS 73 550 €
Charges courantes de fonctionnement (achats fournitures, matières premières, publicité...) 37 000 €
Ingénieur UTT 60 000 €
Doctorant** 15 500 €
Gratification stagiaires Master 2 6 600 €
Total 192 650 €

 
* au-delà des 18 mois de fonctionnement prévus dans le cadre d’innov’Action, l’animation du Living Lab restera en partie assurée par du personnel permanent du CCAS et une articulation UTT-URCA qui sera recherchée, dans la perspective notamment des projets de développement de l’URCA à Châlons-en-Champagne et de la création d’une nouvelle chaire autour de la thématique Société et Santé.

** le poste de doctorant est prévu sur 3 ans pour un coût global de 93 000 €, financement assuré par le versement d’une allocation doctorale dans le cadre de la convention signée entre Châlons Agglo et l’URCA.

Financement au titre du fonctionnement de NextRPA

 

RessourcesMontant € TTC%
UTT 20 500 € 10,66
CCAS 41 550 € 21,56
Châlons Agglo 23 950 € 12,45
URCA 17 250 € 8,97
Conseil Régional Innov’Action 89 400 € 46,5
Total 192 650 €

Financement au titre de l’investissement

 

RessourcesMontant € TTC%
Conseil Régional Innov’Action 10 600 € 5,28
Contrat de Redynamisation Sites Défense - FRED 88 658 € 44,18
CRSD - Conseil Départemental 57 014 € 28,41
CCAS 44 376 € 22,11
Total 200 648 €

 

Dépenses d’investissementMontant HT
Petits équipements / petits matériels (objets connectés, caméra, capteurs...) 10 600 €
Gros équipements 190 048 €
Domotique (prédisposition résidence connectée + domotique Living Lab) 118 715 €
Equipements électroniques du Living Lab 24 527 €
Cuisine équipée du Living Lab 12 889 €
Mobilier adapté du Living Lab 14 397 €
Coûts intervenants (expert bâtiment intelligent) 19 520 €
TOTAL 200 648 €

 

Coût Global du Projet 393 298 €
CCAS Investissement 44 376 €
CCAS Fonctionnement 41 550 €
TOTAL PART CCAS 85 926 €
Soit 21,8 %

Les observations du CCAS/CIAS

Le projet NextRPA est implanté dans une résidence autonomie (ex Foyer-logement) gérée par le CCAS de Châlons-en-Champagne. En France, il existe plus de 2 300 foyers-logements qui accueillent près de 116 000 personnes dont la moyenne d’âge est de 82 ans. Aujourd’hui, les centres communaux d’action sociale (CCAS) gèrent au moins 50 % des logements-foyers, soit 1 200 structures. Cela donne une idée de l’ampleur du parc à réhabiliter. Le CCAS de Châlons-en-Champagne, en sa qualité de membre de l’Union Départementale et de l’Union Nationale des Centres Communaux d’Action Sociale, partagera cette expérience avec d’autres CCAS, gestionnaires de foyers-logement, dont certains ont par ailleurs ont été conviés pour participer au Comité de Pilotage du projet NextRPA (CCAS d’Epernay par exemple).

Par ailleurs, le CCAS de Châlons-en-Champagne, gère trois résidences autonomies, l’expérience NextRPA pourra également servir de guidelines dans ces résidences.

Le territoire de l’agglomération de Châlons-en-Champagne est également retenu comme expérimentateur d’un dispositif national : le dispositif ECLAT (Engagement commun pour le logement et l’autonomie sur un territoire) porté par la CARSAT Nord Est et dont le CCAS, par le biais de NextRPA, est partenaire. En effet, la présence du LivingLab de la résidence Clamart a été décisive dans l’inclusion du territoire Châlonnais. Les retours de cette expérimentation pourront également être essaimés aux autres CCAS et CIAS.

Photo : Wikimedia Commons / Grenouille vert

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