Un indice émergent
Naissance du concept dans l'Himalaya
Imaginé dès la fin des années 1990 au royaume bouddhiste du Bhoutan, le concept de bonheur national brut a mis plusieurs années à se structurer avant d'être intégré à la constitution du pays en 2008, autour de quatre objectifs principaux :
- un développement économique et social durable et équitable ;
- la préservation et la promotion des traditions culturelles bhoutanaises ;
- la sauvegarde de l'environnement ;
- une bonne gouvernance.
En 2011, le Bhoutan s'est doté de 72 critères pour évaluer l'atteinte de ces objectifs, portant sur des thématiques aussi variées que l'éducation, la santé, l'accès à l'eau, les routes et transports...
Gross National Happiness et Gross National Well-being (GNH / GNW)
C'est en se basant sur l'exemple bhoutanais que Med Jones, président de l'International Institute Of Management (IIM), a élaboré les notions de Gross National Happiness et Gross National Well-being.
Redéfinissant le périmètre de cet indice alternatif, il identifie pour sa part 7 objectifs :
- l’économie,
- l’environnement,
- la santé physique,
- la santé mentale,
- le bien-être au travail,
- le bien-être social,
- la « santé politique » du pays.
Un rapport annuel de l'ONU chaque année
Depuis 2011, l'Organisation des Nations Unies (ONU) publie chaque année un World Happiness Report proposant un classement international des pays croisant leur niveau de bonheur national (GNH) et leur produit intérieur brut (PIB).
En 2018, les dix premiers pays du classement étaient les suivants :
- Finlande
- Norvège
- Danemark
- Islande
- Suisse
- Pays-Bas
- Canada
- Nouvelle-Zélande
- Suède
- Australie
La France apparaissait en 23ème position, entre Malte et le Mexique.
Le projet néo-zélandais
Profitant d'un contexte économique favorable (excédent budgétaire équivalent à deux milliards d’euros et croissance économique de 2,7%), le gouvernement néo-zélandais a choisi d'accorder un investissement inédit à plusieurs problématiques clés.
Santé et santé mentale
Le gouvernement annonce le lancement d'un programme correspondant à 264 millions d'euros destiné à accueillir 325 000 personnes en consultation afin de répondre aux besoins « légers à modérés » en santé mentale et à la toxicomanie.
Il s'accompagne d'investissements parallèles pour la prévention du suicide (à hauteur de 23 millions d'euros), la présence d'infirmières en milieu scolaire et d'un milliard d'euros alloués à la rénovation des infrastructures hospitalières.
Un plan particulier de prévention santé est prévu à l'attention des populations autochtones de Nouvelle-Zélande (Maori et Pasifika), mettant l'accent sur des pathologies spécifiques observées (troubles rhumatiques).
Le bien-être des plus jeunes visé en priorité
Avec des objectifs comparables à ceux de la stratégie pauvreté déployée en France, une enveloppe correspondant à 580 millions d'euros est accordée à la réduction de la pauvreté des enfants.
185 millions d'euros seront parallèlement consacrés à la lutte contre les violences familiales.
Des objectifs articulant développement économique et protection de l'environnement
Parmi les autres mesures annoncées, on retiendra un investissement de 580 millions dans les transports ferroviaires nationaux, un soutien aux pratiques agricoles durables, à la recherche concernant le changement climatique, aux activités à faible émission carbonique...
Critiques de l'opposition
Véritable changement de paradigme ou simple effet de « cosmétique » ? Comme le rapporte le journal Le Monde, le débat est ouvert en Nouvelle-Zélande.
Simon Bridges, leader conservateur de l'opposition, n'a pas hésité à déclarer : « Ce n’est pas un budget de bien-être. La plupart des Néo-Zélandais se demanderont ce qu’ils en retireront. Les familles veulent plus d’argent dans leur budget hebdomadaire pour la nourriture, l’essence et le loyer. Au lieu de cela, leurs impôts vont aux chemins de fer et aux arbres ».