Mise en réseau coordonnée de professionnels de santé libéraux répartis sur différents cabinets médicaux. Articulation avec les professionnels des secteurs social, médico-social, hospitalier et les élus du territoire afin de lutter ensemble contre la désertification médicale et permettre la continuité et l’accès aux soins pour les habitants, et ce de manière durable. L’idée est que le CIAS soit celui qui impulse, qui anime, qui accompagne, pour ensuite permettre à l’association d’être totalement autonome et porteuse du projet.
Contexte
Au niveau du territoire, la communauté des communes est située en Haute Gironde, 16 communes, 22 290 habitants.
Le territoire le plus peuplé et le plus vaste de la Haute Gironde, une population jeune (27.2% moins de 20 ans), au solde migratoire positif entre ruralité et proximité de Bordeaux.
Un territoire marqué par une certaine précarité :
- isolement des personnes âgées,
- pauvreté,
- frein à la mobilité.
Le projet émane des résultats d’un diagnostic local de santé partagé portant sur l’accès (financier, géographique, social et culturel) et la continuité (entre professionnels et dans le temps) aux soins se basant à :
- des données qualitatives : Personnes interrogées :
367 habitants
18 élus,
101 professionnels dont 28 des secteurs médicosocial et social et 73 du secteur médical et paramédical
- des données statistiques (Source : URCAM/ORSA/INSEE)
- Les objectifs de ce diagnostic local de santé étaient multiples :
- Identifier les besoins du territoire pour un accès et une continuité des soins égaux et durables pour tous les habitants.
- Repérer les forces et les faiblesses du territoire pour un accès et une continuité des soins égaux et durables pour tous les habitants.
- Extraire les enjeux pour le territoire qui permettront la mise en œuvre du projet de santé.
Les forces, faiblesses et enjeux quant à l’état de santé de la population, l’offre de proximité, l’accessibilité de l’offre ou encore la continuité des soins ont été répertoriées suite à ce diagnostic.
Description / Fonctionnement de l'action
I°) De la volonté politique de lutter contre la désertification médicale au montage de projet : Septembre 2012/décembre 2013 (étapes portées et élaborées par le CIAS) :
Rencontre des médecins et élus, élaboration du diagnostic local de santé partagé sur 5 mois, mise en place de 2 tables rondes avec des internes et professionnels libéraux du territoire, participation à des conférences, etc. jusqu’à la mise en place de l’association porteuse du projet de santé.
II°) De l’élaboration du projet à sa mise en œuvre : Janvier 2014 à avril 2015
A - Mise en place de 4 groupes de travail pour la rédaction du projet et animé par le CIAS
Une implication de plus de 50 partenaires d’institutions ou d’organismes différents.
Thèmes : Gestion des situations complexes, Promotion à la santé et éducation thérapeutique, Continuité des soins, Attractivité du territoire.
B- Rédaction du projet de santé à partir des travaux produits par les différents groupes de travail
C- Validation par le Conseil Communautaire et le Conseil d’Administration du CIAS
D- Validation des tutelles : ARS (3 mois pour obtenir la validation)
E- Elaboration et validation de la convention partenariale entre le CIAS et le Pôle de santé pluridisciplinaire
F- Présentation à l’ensemble des partenaires du contenu et du déroulé du projet de santé,
G- Mise en place de groupes de travail afin de mettre en application les différentes actions du projet de sante
III°) De sa mise en œuvre à l’évaluation de son impact : Mai 2015 à Janvier 2018 …
A- Mise en œuvre :
Une chargée de mission santé du CIAS accompagnera l’association à 75% ETP en 2015, 70% en 2016 et 65% en 2017. Ses missions seront essentiellement centrées sur la mise en œuvre du projet de santé :
la recherche de financements,
l’information et l’orientation des professionnels, des élus et des institutions partenaires,
l’animation des ateliers de co-construction des outils, et des dispositifs,
la mise en place d’un espace ressource,
la rédaction de cahiers des charges avec l’association et les partenaires,
la création et/ou la mise à jour des outils de communication, l’animation de stands,
l’organisation de formation et de manifestations,
l’accompagnement à la mise en place d’outils de coopération numérique (PAACO, WEDA),
l’accompagnement à la mise en place du protocole ASALEE
l’évaluation du projet de santé.
B- Evaluation quantitative (évolution du nombre de professionnels, nombre de patients, de petits déjeuners avec la population, de conventions de partenariat, etc.) et qualitative du projet de santé.
Bilan
Nous pouvons considérer que la première étape, qui était de mobiliser, fédérer des professionnels libéraux, autour d’une question d’intérêt général, fut accomplie. La deuxième étape étant de rendre autonome l’instance de gouvernance, fut également un objectif réalisé.
Quant à la troisième étape qui est de garantir et de maintenir, voire de développer l’offre de soins de proximité pour la population, est un enjeu d’avenir, à construire et à consolider.
Il parait nécessaire de souligner que les professionnels libéraux n’ont pas l’habitude de travailler en coordination ou en collaboration avec d’autres professionnels hors champ médical.
Dans la troisième étape de ce projet, le travail du CIAS consiste à les amener à travailler autrement, ensemble et ce dans le même objectif, soit prendre soin de l’habitant, du patient ou de l’usager.
Moyens
Moyens humains :
Deux chargées de mission :
- La directrice adjointe du CIAS
- La chargé de mission santé, violences conjugales et addiction
Moyens matériels :
Salles de réunion, ordinateur, vidéo projecteur, voiture personnelle, pour les tables rondes, des Samia.
Moyens financiers
pour le montage du projet :
- La rémunération des agents, de septembre 2012 à avril 2015 : 80 000 euros environ, coût pour le CIAS
- Budget convivialité des groupes de travail : 500 euros
- Frais de communication pris en charge par la collectivité CDC
- Il n’y pas de coût d’investissement pour le CIAS ni de coût de location de salle
Budget prévisionnel par an sur 3 ans pour l association (comprenant éducation / prévention à la santé ; attractivité ; gestion des situations complexes ; continuité des soins et vie associative)
- Dépenses en fonctionnement : 2015 : 39 450 € ; 2016 : 54 300 € ; 2017 : 53 680 €
- Dépenses en investissement : 2015 : 30 320 € ; 2016 : 2 340 € ; 2017 : 0 €
- Recettes :
Le C.I.A.S. apporte ce soutien technique et logistique à l’association du Pôle de Santé Pluridisciplinaire pendant trois années, soit un financement de près de 68 000 € pour cette période. Une chargée de mission santé du CIAS accompagnera l’association à 75% ETP en 2015, 70% en 2016 et 65% en 2017.
Pour les actions et dispositifs de télécommunication, télémédecine, promotion de la santé (en 2015) et communication, promotion de la santé et coopération numérique (en 2016 et 2017), la recherche de financements est en cours auprès des institutions publiques et des fondations privées.
Les partenaires
Partenaires opérationnels
Ce projet repose sur une gouvernance partagée entre les politiques et les professionnels de santé libéraux aux travers de réunions d’échanges et de groupe de travail.
L’instance décisionnelle fut au départ le conseil d’administration du CIAS puis ensuite, le conseil d’administration du pôle de santé dès sa création.
A noter que pour obtenir des subventions de l’ARS et ainsi permettre au projet de se doter de moyens financiers, le statut juridique de l’association était une préconisation incontournable.
Ils financent l'action
Le CIAS assure le soutien technique et logistique (de manière dégressive entre 2015 et 2017, cf rubrique « moyens financiers »). Il a été financé en 2012, pour le montage du projet par la Région Aquitaine, dans un cadre expérimental, pour de l’ingénierie de projet, à hauteur de 10 000 €.
Le Pôle de Santé Pluridisciplinaire bénéficie du soutien financier de l’ARS (Fond d’Intervention Régional 2014 et 2015), de la Région Aquitaine (Aide à la coordination numérique) et de mécènes (supports de communication)
Recherche de partenariat en cours auprès des institutions publiques et des fondations privées pour des actions et dispositifs bien précis.
Les observations du CCAS/CIAS
La question de départ, posée par les chargés de mission du CIAS, fut « comment un CIAS peut répondre et apporter sa compétence sur une problématique telle que la lutte contre la désertification médicale en zone rurale pour une population marquée par une certaine précarité »
Nous sommes partis du principe que la méthodologie du développement social local appuyée par une démarche participative, pouvait permettre au CIAS d’être initiateur d’un tel projet.
Afin que des acteurs venant de monde professionnels différents, s’approprient une problématique sociale jusqu’à trouver ensemble des orientations ou des solutions, il parait impératif de les amener à débattre, co-construire, rédiger, et produire ensemble.
Il est tout à fait possible de transposer ce type de projet dans d’autres territoires, il parait, cependant impératif de :
- S’assurer d’une volonté politique,
- Se munir de professionnels de terrain capables de réaliser un diagnostic,
- Maitriser la méthodologie de projet,
- Utiliser une démarche participative,
- Etre formé aux techniques d’animation,
- Comprendre les enjeux du territoire et de ces acteurs,
- S’armer de patience et de persévérance…
Photo : Wikimedia Commons / Jack ma