Contexte
A Tourcoing, 15 571 personnes ont plus de 60 ans dont 5 577 plus de 75 ans, 2 100 personnes âgées sont aidées par les professionnels des services de maintien à domicile. Sur le plan national, on estime que la moitié des personnes âgées sont aidées uniquement par leur entourage. Localement, les éléments suivants ont mis en évidence un besoin d’accompagnement des aidants familiaux :
* consultations mémoire réalisées par le centre hospitalier de Tourcoing : 114 personnnes reçues de janvier à avril 2004,
* appels téléphoniques et accueils en entretiens individuels des personnes concernées par la maladie d’Alzheimer par le CLIRPA, service du CCAS labellisé CLIC de niveau 3,
* enquête menée dans le cadre de la concertation gérontologique préalable à la concertation du CLIRPA-CLIC, sur 36 aidants interrogés, 99% estiment nécessaire ou important la mise en place de groupes de parole pour les familles de personnes âgées désorientées.
L’action a été mise en place à partir du repérage des besoins et a constitué une continuité suite à l’accueil au sein du CLIRPA, à partir d’octobre 2004, de permanences de l’association Roubaix-Alzheimer.
Description / Fonctionnement de l'action
L’action mise en place par le CCAS a pour objectifs :
* d’apporter une aide concrète en donnant des informations adaptées au quotidien,
* d’accompagner les aidants dans la relation d’aide au quotidien,
* de permettre à chacun d’exprimer son vécu, de faire une pause et de prendre de la distance,
* de répondre aux besoins des aidants.
Le dispositif se décompose de la façon suivante :
une phase préparatoire d’élaboration de l’action et de son contenu par les professionnels chargés de l’animation de l’action (psychologue, infirmière coordinatrice du CLIRPA, assistantes sociales CRAM),
une phase de diffusion de l’information auprès des professionnels (envoi d’une plaquette à 200 professionnels, réunion d’information des professionnels de maintien à domicile, services hospitaliers et caisses de retraites, participation à la journée mondiale Alzheimer, presse, etc.),
une phase de diffusion de l’information auprès du public potentiel : réunion permettant la présentation de l’action et l’inscription des personnes intéressées,
un cycle de 8 rencontres mensuelles de 2 heures, animées conjointement par la psychologue et l’infirmière coordinatrice, associant une fois sur deux un intervenant extérieur spécialisé (un médecin gérontologue) du centre hospitalier, deux assistantes sociales de la CRAM, une déléguée de tutelle responsable du service de tutelle du CCAS spécialisé pour les personnes âgées, un professionel d’une association d’aide à domicile, un bénévole de l’association Roubaix-Alzheimer,
possibilité proposée d’accueillir la (les) personne (s) âgée (s) souffrant d’Alzheimer pendant les rencontres au sein du Cantou, unité spécialisée Alzheimer de la résidence pour personnes âgées. Les Acacias ont été le lieu de déroulement des rencontres, les personnes âgées étant encadrées par une aide-soignante expérimentée spécifiquement détachée.
Bilan
Les huit réunions prévues dans le cadre de cet accompagnement se sont tenues au rythme d’une par mois : séance d’une durée de deux heures et avec un rythme convenant aux participants. Vingt et une personnes ont été présentes à la première réunion d’information qui a donné lieu à quinze inscriptions. Dix personnes ont participé à la première rencontre, puis ce sont ensuite sept personnes qui y participé régulièrement sur l’ensemble du cycle.
L’action a permis entre autres :
d’accueillir les personnes du secteur du CLIC,
l’accueil à chaque réunion de deux personnes âgées au cantou, le conjoint participant aux rencontres,
la mobilisation des professionnels et des partenaires pour la préparation (15 heures, quatre professionnels dont deux de la de la CRAM).
Eléments qualitatifs :
les participants ont pu soit sortir de leur isolement, verbaliser leurs difficultés, ou prendre du recul et trouver une écoute,
plusieurs participants vivaient seuls au quotidien la prise en charge et ont témoigné d’une grande souffrance, se trouvant proches de l’épuisement, le soutien du groupe a permis de prendre conscience qu’elles n’étaient pas seules à vivre ces situations difficiles et de sentir enfin comprises,
les échanges ont favorisé la déculpabilisation des participants et leur capacité à se remobiliser et à modifier leur comportement face au stress et aux conflits existants avec la personne aidée,
les personnes présentes se trouvaient à des étapes différentes de prise en charge, ce qui permettait de donner des perspectives et d’avoir des témoignages rassurants,
l’information sur la maladie a permis aux participants de mieux comprendre et de mieux l’assumer socialement,
l’aide à domicile et l’accueil de jour ont été présentés et envisagés comme des possibilités d’aide complémentaires de leur propre rôle,
la complicité et les échanges de conseil ont été constatés entre les participants.
L’expérience est positive et le CCAS a décidé de la reconduire en 2006/2007 pour un nouveau groupe.
Difficulté rencontrée :
phase préparatoire plus longue que prévu.
Moyens
Moyens humains :
Une psychologue vacataire, l’infirmière coordinatrice du CLIRPA, six intervenants extérieurs spécialisés professionnels et bénévoles, une aide-soignante, la responsable de l’information du CLIRPA, l’assistante sociale de la CRAM.
Moyens financiers :
ressources propres du CCAS pour le temps de travail des professionnels du CCAS, les moyens logistiques et la mise à disposition du lieu de rencontre des aidants et d’accueil des personnes âgées (résidence les Acacias),
subvention de la CRAM Nord Picardie (5 752 euros) dans le cadre d’un appel à projet Actions gérontologiques innovantes pour les autres professionnels (vacations psychologue et aide-soignante),
prise en charge de la personne âgée et participation au groupe gratuites.
Les partenaires
Partenaires opérationnels
CRAM Nord Picardie (participation à la préparation et à l’élaboration de l’action et intervenant), centre hospitalier Gustave Dron à Tourcoing (intervenant spécialisé), association Roubaix Alzheimer (intervenant spécialisé), association d’aide à domicile Paramed (intervenant spécialisé), les services gérontologiques du CCAS : CLIRPA pour l’élaboration et l’organisation de l’action, résidence Les Acacias pour l’accueil du groupe, service Tutelle en tant qu’intervenant spécialisé, services de soins infirmiers à domicile pour l’information du public. Le service informatique du CCAS pour la conception de la plaquette d’information.
Ils financent l'action
La CRAM.
Les observations du CCAS/CIAS
D’un point de vue psychologique, l’action a répondu aux besoins des participants leur permettant d’exprimer leurs difficultés, de déculpabiliser, de mieux comprendre la maladie et de se situer dans une dynamique positive our l’avenir.
D’un point de vue pratique, elle a répondu aux interrogations des aidants familiaux et leur a permis de connaître les dispostifs d’aide existants, et de mesurer leur impact positif à travers les expériences des autres participants y ayant déjà recours.
Valoriser cette action permet d’en mutiplier l’impact en donnant envie à d’autres personnes d’y participer localement, maisi aussi en suscitant l’initiative d’autres CCAS, et faciliterait la reconnaissance et le soutien insitutionnel et financier de ce type d’action, qui nécessiterait une mobilisation de moyens plus importants pour toucher un plus grand nombre de personnes concernées, le coût de l’action restant modéré au regard de son impact.
Photo : Wikimedia Commons / Smiley.toerist