Contexte
Le service d’aide à domicile du CCAS a été créé en 1963, afin de répondre à une politique nationale tendant à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Depuis 1996, de nombreux dispositifs sont venus bouleverser le panorama de l’aide à domicile : de nouvelles règles de prise en charge, le remplacement de la PSD par l’APA, la mise en place de la Charte Qualité et enfin la professionnalisation des services.
A l’occasion de l’élaboration d’un projet de service « 2006 – 2012 », nous avons donc concentré nos efforts sur la formation. L’ensemble du personnel intervenant a obtenu un diplôme, notamment dans le cadre de la VAE : 11 titulaires du DEAVS et 1 titulaire du diplôme d’auxiliaire de gérontologie.
A l’occasion de réunions de travail et des entretiens annuels, nous avons pu constater que, bien que diplômées, les intervenantes sont régulièrement confrontées à des situations déstabilisantes ou éprouvantes émotionnellement. Chaque année, les aides à domicile émettent des vœux de formation ayant pour thème « la fin de vie », « les maladies Alhzeimer et Parkinson » « l’alcoolisation des PA » ou encore le « suicide chez la personne âgée ».
Il nous est apparu clairement que la formation, bien qu’utile pour rappeler les bonnes pratiques professionnelles, ne pouvait répondre à ce malaise exprimé par notre personnel intervenant.
Description / Fonctionnement de l'action
La responsable du service a reçu en entretien individuel l’ensemble des auxiliaires de vie afin de recenser les difficultés d’ordre :
- matériel
- organisationnel
- environnemental
- psychologique.
Suite à ses différents éléments, il est apparu que certain membre du personnel intervenait depuis de nombreux mois, voire des années, chez un même bénéficiaire. Ces habitudes sont souvent « à double tranchant » : bénéfique pour la relation de confiance aidant / aidé, mais parfois lourde de conséquence pour l’intervenante qui peut : - s’investir trop personnellement dans la relation
- éprouver trop d’empathie
- souffrir d’une personnalité difficile du bénéficiaire
Les plannings de référence ont donc été retravaillés afin d’éviter des interventions trop répétées dans la semaine chez le même bénéficiaire par la même auxiliaire de vie.
Instauration d’un temps d’échange convivial :
Depuis 2011, les réunions de service qui ont lieu tous les 2 mois sont partagées en 2 parties :
- 45 min à 1h00 : réunion de travail, informations du service, règlementation, rappel des pratiques…
- 45 min à 1h00 : échange libre entre les participantes autour d’un café, en présence ou non de la responsable de secteur. Ce temps permet non seulement d’échanger sur les pratiques mais également de resserrer les liens entre les différents membres de l’équipe.
Mise en place de réunion spécifique à 1 bénéficiaire :
Une réunion est programmée lors de la mise en place d’un plan d’accompagnement ou dans le cadre du suivi du bénéficiaire. Elle rassemble les auxiliaires de vie intervenantes, les infirmiers, les aides-soignants, la responsable de secteur, des membres de la famille quand celle-ci est investie auprès du bénéficiaire. Elle a pour but de dresser un bilan des interventions, de réajuster les plannings si besoin et surtout de maintenir le dialogue entre l’ensemble des intervenants.
Bilan
La multiplication des réunions a permis de resserrer les liens de l’équipe, d’exprimer verbalement les difficultés, de traiter d’éventuels conflits avant que ceux-ci ne s’enveniment.
Par ailleurs, nous avons constaté que le lien de confiance entre les intervenantes et la responsable de secteur avait été renforcé.
Les auxiliaires de vie ont clairement exprimé leur satisfaction, notamment par rapport à la diminution du sentiment d’isolement lié à la fonction.
La difficulté est essentiellement financière puisque la rémunération du personnel en dehors des heures d’interventions représente une charge à 100 % supportée par la structure.
Il existe également une difficulté organisationnelle dans la gestion des plannings afin de mobiliser toute l’équipe dans un créneau horaire de 2 heures consécutives.
Moyens
Temps de préparation des réunions pour la responsable de secteur. Environ 6 réunions de 1H30 par an pour les 12 auxiliaires de vie.
Durée des entretiens annuels qui peut variée de 30 min à 1H00.
Pour 2011, cela a représenté un budget de 2472 €.
Les partenaires
Partenaires opérationnels
- INPES pour des dépliants
- Médecine du Travail
Les observations du CCAS/CIAS
La satisfaction du personnel intervenant et encadrant montre que l’expérience doit être pérennisée. L’investissement financier est bénéficuae puisque le ressenti positif est généralisée à tout les niveaux, du bénéficire à l’encadrant de service.
Notre volonté est, tout en maintenant ce dispositif, de le renforcer par l’intervention d’une psychologue du travail, qui pourrait dans un premier temps, animer les réunions collectives. Le projet est à l’étude.
Par ailleurs, notre service s’est toujours investi dans la qualification du personnel et cette action prolonge cette qualification en s’attardant sur l’échange des bonnes pratiques, mais aussi et surtout sur la santé au travail d’un métier reconnu psychologiquement éprouvant.
Photo : Wikimedia Commons / Havang(nl)