Les problèmes de santé représentent un frein important à l’accès à l’emploi. Le PLIE a sollicité le CCAS pour orienter davantage de bénéficiaires en fonction de leurs besoins. La prise en charge des problèmes de santé mentale par une personne compétente permet à l’accompagnateur de travailler la recherche d’emploi mais aussi de faciliter l’insertion sociale et de favoriser un mieux-être des personnes en souffrance psychique. Elle doit aussi renforcer l’employabilité de la personne, ou permettre de la réorienter vers un suivi social ou médical si l’accès à l’emploi n’est pas envisageable.
Contexte
Le CCAS de Tarascon assure, en plus de ses missions obligatoires d’aide sociale légale et des aides facultatives, une mission d’accompagnement social global, pour les bénéficiaires du RSA notamment.
Au-delà de l’accompagnement individuel, différentes actions collectives ont été mises en place et ont donné au suivi social une autre dynamique. Des groupes de parole à visée thérapeutique sont mis en place, autour de l’estime de soi. Ces actions ont été en lien avec différents thèmes : la mobilité, l’emploi, et la culture avec l’intervention de « Cultures du Coeur ».
Le CCAS a également développé le travail en partenariat avec les différentes structures de l’insertion sociale et professionnelle intervenant sur la ville.
Une part importante du public suivi réside dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), soit le centre ville et le quartier des Ferrages. Le diagnostic effectué au départ concernait les bénéficiaires du RMI /RSA suivis par le CCAS uniquement. 55 % évoquaient des problèmes de santé en 2007, 58 % en 2008.
Le CCAS assure le suivi des personnes les plus éloignées de l’emploi et beaucoup cumulent des difficultés sociales, d’insertion professionnelle et des problèmes de santé (des problèmes physiques, un mal-être, des états dépressifs, des problèmes d’addictions plus ou moins reconnus…). Ces personnes rencontrent généralement un médecin généraliste, avec ou sans suivi régulier, mais ont rarement un suivi spécialisé.
Les travailleurs sociaux ne sont pas en mesure de déterminer le degré ou encore le type de problématique médicale repéré, cependant des orientations sont proposées en sachant parfois qu’il sera difficile pour la personne d’effectuer les démarches. L’accompagnement social peut rassurer et apaiser les personnes mais ne remplace pas un accompagnement thérapeutique. Nous nous heurtons souvent à la difficulté des personnes à reconnaître leurs problèmes de santé, en particulier pour ceux qui présentent des conduites addictives, mais aussi à des réticences à aller dans des structures telles que le centre médico-psychologique.
En 2009, des personnes qui avaient été suivies par le CCAS puis orientées vers le PLIE (Plan local pour l’insertion et l’emploi) ont bénéficié de l’intervention de la psychologue du CCAS. Les accompagnateurs à l’emploi ont pu voir tout l’intérêt de ce suivi complémentaire à leur action. Ils ont en effet dans leurs publics de nombreuses personnes en souffrance psychique et sont parfois démunis face à leurs difficultés.
Les problèmes de santé représentent un frein important à l’accès à l’emploi. Le PLIE a sollicité le CCAS pour orienter davantage de bénéficiaires en fonction de leurs besoins. La prise en charge des problèmes de santé mentale par une personne compétente permet à l’accompagnateur à l’emploi de travailler uniquement la recherche d’emploi. Elle doit aussi renforcer l’employabilité de la personne, ou permettre de la réorienter vers un suivi social ou médical si l’accès à l’emploi n’est pas envisageable.
Le centre médico-psychologique présent à Tarascon suit certains bénéficiaires du RSA mais ses possibilités d’accueil sont réduites concernant les suivis par un psychologue (liste d’attente et délais de rendez-vous importants) et limitées aux pathologies psychiatriques. De plus, l’orientation vers le centre médico-psychologique nécessite d’être travaillée et accompagnée. Pour ce qui est des consultations de psychologues libéraux, leur coût n’est pas accessible à notre public.
Pour la 1ère fois en 2018, une formation-action a été proposée aux professionnels intervenant sur la commune : Santé mentale en contexte de précarité : comment ajuster sa pratique ?
Description / Fonctionnement de l'action
Les objectifs :
- permettre une écoute et un soutien psychologique par un professionnel aux personnes en situation de souffrance psychologique ou de mal-être non suivies par ailleurs
- aider les référents sociaux chargés de l’insertion des bénéficiaires du RSA et les accompagnateurs à l’emploi du PLIE à évaluer les problèmes de santé mentale comme frein à l’insertion sociale et / ou professionnelle
- développer le travail en partenariat afin de faciliter l’accès aux soins et l’accompagnement vers ceux-ci.Une permanence d’accueil d’un psychologue clinicien est proposée dans les locaux du CCAS de Tarascon 6 heures par semaine. Les personnes sont reçues sur rendez-vous, après avoir été orientées par leur référent social RSA ou par l’accompagnateur à l’emploi du PLIE
La réception par un psychologue au sein du CCAS permet :
- une écoute et un soutien psychologique sur un temps variable en fonction des besoins et souhaits de la personne
- une évaluation des problèmes de santé mentale comme frein à l’insertion sociale ou /et professionnelle. Des liaisons sont faites avec le référent social ou l’accompagnateur à l’emploi pour l’orienter dans la poursuite du suivi (possibilités d’insertion professionnelle, nécessité d’un suivi médical, d’une réorientation,...)
- une orientation et un accompagnement vers les services spécialisées si nécessaire et si possible (Centre médico - psychologique, Centre de cure ambulatoire en alcoologie, Centre spécialisé de soins aux toxicomanes)
Le travail en partenariat est développé avec les structures d’accueil et de soins (contacts téléphoniques, rencontres, réunion annuelle).
Bilan
La permanence de la psychologue a fonctionné régulièrement en 2008 et 2009 à raison de 3 heures par semaine le lundi après-midi. Pour l’année 2009, 31 personnes différentes ont été reçues pour un total de 108 entretiens, avec 75 % des rendez-vous honorés.
Les personnes orientées sont pour la majorité très satisfaites de cette possibilité d’écoute qui leur est offerte dans un lieu neutre et adhèrent à la démarche.
Le fait que le bénéficiaire ait la possibilité de rencontrer dans les mêmes locaux le référent social ou l’accompagnateur à l’emploi et la psychologue est rassurant. Le dispositif n’apparaît pas de manière éclaté, ce qui permet au sujet de saisir la cohérence du contrat dans lequel il s’inscrit.
La durée de l’accompagnement n’est pas fixe pour tous. Elle peut être importante pour certaines personnes là où, pour d’autres, quelques rencontres sont suffisantes. Pour ce qui est de l’orientation vers le droit commun, il faut savoir qu’elle peut être difficile en raison des réticences de la personne et des conditions de réception par le centre médico-psychologique.
Le travail en collaboration avec le travailleur social ou l’accompagnateur à l’emploi qui oriente et la psychologue s’avère intéressant. L’apport d’un éclairage psychologique a permis d’affiner la stratégie d’accompagnement de certaines personnes et de construire un parcours adapté aux difficultés auxquelles elle peut être confrontée.
Le bénéficiaire du RSA redonne du sens au contrat d’engagement réciproque, et par là même, se responsabilise pour relancer son parcours d’insertion.
L’accompagnement a permis de dynamiser l’intégration sociale ainsi que l’insertion professionnelle de bénéficiaires (ex : personnes intégrant un chantier d’insertion ou autre action d’insertion).
En 2018
Réception du public accueilli en individuel
61 personnes ont été orientées (46 femmes et 15 hommes), ce qui correspond aux objectifs fixés. Et 5 ne se sont jamais présentées.
Le travail de partenariat
- 1 rencontre avec l’accompagnatrice à l’emploi du chantier textile TEEF et les encadrantes techniques
+ Contacts téléphoniques réguliers - 3 comités de suivi de l’action avec les partenaires prescripteurs + présentation et ajustement des ateliers collectifs. Ces rencontres ont aussi permis de faire un bilan des orientations avec les prescripteurs présents
- Concertations régulières avec les référents RSA du CCAS
- Contacts téléphoniques réguliers avec le CMP au moment des orientations
- Présentation action collective aux conseillères de la mission locale afin d’apporter des outils pour mieux orienter le public
- Concertations avec référente sociale ATOL : point sur les suivis
- Tripartites + concertations accompagnatrice socio professionnelle DSI
- Contacts réguliers avec le CSAPA
- Participation aux réunions de coordination mensuelles proposées par le Resad.
Moyens
Coût total du projet
12 720 euros pour financer le soutien psychologique.
Budget CCAS : 1 440 euros
Les partenaires
Partenaires opérationnels
- La psychologue clinicienne, le centre médico-psychologique (CMP)
- CSST (toxicomanie)
- CCAA (alcoologie)
- CSAPA (Centres de soins, de prévention et d’accompagnement en addictologie)
- Cap Emploi HEDA (suivi des travailleurs handicapés)
- Confluence (action Insersanté sur 3 mois)
- Isatis (suivi des travailleurs handicapés ayant des troubles psychiques)
- PLIE
Ils financent l'action
- La Ville : 8 000 euros
- ARS : 7 000 euros
- Département (Insertion) : 1 940 euros
Les observations du CCAS/CIAS
Cette expérience a été mise en place au départ uniquement pour les personnes dont le suivi était effectué par le CCAS. En 2010, le conseil d’administration a décidé de développer cette action. La permanence est actuellement de 6 h par semaine et cette action s’adresse aussi à certains demandeurs d’emploi à la demande du PLIE.
Cet accompagnement renforcé, en préalable ou en parallèle à l’accompagnement à l’emploi, vise à favoriser le retour à l’emploi.
Récemment, le directeur de la mission locale a demandé si on pouvait l’ouvrir aux jeunes suivis par leur structure. Cette action pourrait donc être étendue à un public en insertion plus large sur notre commune car elle répond à un réel besoin pour certaines personnes en souffrance (jeunes suivis par la mission locale, bénéficiaires du RSA suivis par d’autres structures, demandeurs d’emploi suivis par le Pôle Emploi).
Elle pourrait aussi inspirer d’autres communes et CCAS.
Cette action, proposée avec l’intervention d’un psychologue clinicien est complémentaire aux autres services spécialisés dans les problèmes de santé mentale, et permet un travail en lien avec le référent social ou l’accompagnateur à l’emploi. Elle permet une prise en charge plus globale et complète un accompagnement social ou un accompagnement à l’emploi.
Elle est destinée à des personnes ayant besoin d’un soutien psychologique, sans pour autant relever de la psychiatrie. Elle ne se substitue donc pas à l’action des structures de droit commun mais vient en complément. Les personnes nécessitant un suivi spécialisé sont orientées vers les structures adaptées. Elle a permis de développer le travail en réseau entre le CCAS et les structures liées à la santé mentale, avec une rencontre annuelle et des contacts réguliers en fonction des besoins.
Le partenariat est très important pour la réussite de cette action : rencontres individuelles, échanges téléphoniques, comités technique, comité de pilotage
Photo : Wikimedia Commons / Gérard MARIN