J'ai compris, mais plus tard...
Fiche d'expérience

Les familles au cœur d’une action inclusive pour une alimentation de qualité

Les familles au cœur d'une action inclusive pour une alimentation de (...)

Levier pour le lien social et la santé publique du territoire, l’épicerie sociale du CCAS d’Épinay-sous-Sénart apporte une réponse alimentaire de qualité à destination d’un public en précarité. Le public reçu peut participer à la préparation des paniers et être initié aux techniques de jardinage.

Cette action avait été présélectionnée par l’UNCCAS dans le cadre des Prix de l’Innovation Sociale Locale 2016.

Contexte

Le niveau de vie de la population spinolienne est faible comparé aux autres communes de l’Essonne et à la France métropolitaine. On note également une espérance de vie à la naissance plus faible à Épinay-sous-Sénart que dans le département. Les conditions de santé des spinoliens sont défavorables et les indicateurs sont alarmant. Aussi l’accès à une alimentation variée et équilibrée est-il difficile malgré la forte implication du tissu associatif sur le territoire et la coordination de l’aide alimentaire mise en œuvre.

L’épicerie sociale a constaté lors de la venue des familles qu’un choix s’opérait dans la sélection des produits. Les usagers évitaient souvent l’achat de produits frais (fruits et légumes), par méconnaissance et/ou par absence de maîtrise des techniques culinaires. Les familles présentes à l’épicerie sociale ne consommaient pas ou peu de produits de qualité, et s’orientaient vers des plats préparés. Un travail a été mené à l’épicerie sociale pour réduire la quantité de plats préparés et proposer des produits frais et variés de qualité.

Description / Fonctionnement de l'action

Principaux objectifs

  • Apporter un soutien alimentaire pour développer un lien avec les familles et les partenaires des actions inscrivant les familles au cœur de l’action
  • Favoriser un autre mode de consommation favorable à la santé des usagers de l’épicerie sociale
  • Inscrire les familles, au cours de leur accès à l’épicerie sociale, dans une démarche d’insertion professionnelle et sociale

Finalité de l’action

Consommer mieux avec un petit budget pour une meilleure santé et acquérir une stabilité.

Organisation

À l’épicerie sociale, les familles règlent 10% du prix réel. Depuis 2015, une convention a été signée entre le CCAS de Boussy-Saint-Antoine et celui d’Epinay-sous-Sénart pour l’accueil des familles Buxaciennes à l’épicerie sociale.

Le projet a évolué et évolue encore en fonction des bilans intermédiaires menés depuis son démarrage. L’épicerie est ouverte deux fois par semaine dont une en soirée pour faciliter la venue aux travailleurs.

Une réorganisation de l’espace vente de l’épicerie sociale a été menée récemment : un étal à fruits et légumes a été placé en début de circuit d’achat. Ainsi, les familles commencent par acheter le lait, les fruits et légumes.

Puis, la vente libre de fruits et légumes bio a été expérimentée, mais l’épicerie a été confrontée à un refus d’achat, par peur et méconnaissances des produits.

C’est ainsi qu’un groupe de travail composé d’anciens bénéficiaires, de l’animatrice cuisine et des professionnels de l’épicerie sociale a été mis en place afin d’analyser et de trouver une solution à cette problématique. Le groupe a travaillé à un maillage d’actions de sensibilisation tout au long de l’accès permettant aux familles d’être en capacité d’expérimenter en sécurité ces nouveaux produits. Différents outils ont été élaborés suite à groupe de travail.

Les actions

Depuis 2018, environ 15 bénévoles, bénéficiaires ou ancien bénéficiaires participent à l’aide à l’animation des ateliers.

Aujourd’hui le CCAS mène donc diverses actions afin de favoriser l’accès à une alimentation de qualité :

  • culture d’aromatiques par les familles et plus particulièrement les enfants sur le site de l’épicerie sociale.
  • vente hebdomadaire de paniers de fruits, légumes et œufs issus de l’agriculture locale et/ou biologique au sein de l’épicerie sociale.
  • accompagnement individuel sur l’achat des produits de l’épicerie sociale. Chaque personne est assurée d’avoir un accompagnement lors de son cheminement dans les rayons si elle le souhaite. Le but est de donner les clefs pour une alimentation équilibrée et une orientation vers des produits nouveaux et de qualité. Grâce à la création d’une liste de course type, les bénévoles incitent à l’utiliser et travaillent sur la communication et l’instauration d’un rapport de confiance.
  • ateliers culinaires réguliers sur l’élaboration de recettes et de bonnes pratiques de cuisine, au sein de l’épicerie. Les ateliers sont animés par une diététicienne et co-animés par une bénéficiaire et bénévole très impliquée.
  • ateliers produits ménagers : à la demande des bénéficiaires, des ateliers sont consacrés à la création de produits ménagers naturels, économiques et efficaces.
  • animations sur la lutte contre le gaspillage : ateliers occasionnels avec bénéficiaires, élèves d’écoles et parents/enfants.

Une collecte a été menée pour le Téléthon. Les bénéficiaires et animateurs du CCAS ont organisé un atelier « cuisine et recette » lors d’un événement. Les plats ont été revendus et la somme perçue versée au Téléthon.

Les outils

  • mise en place d’un entretien « consommation », lors de l’accès à l’épicerie sociale afin d’identifier les leviers et freins alimentaires (problématique de santé, matériels pour cuisiner, habitudes alimentaires et difficultés sociales). Un entretien avant le départ définitif permet d’évaluer les changements de comportement.
  • affichages permettant de valoriser une bonne alimentation : proposition d’une liste de courses, rappel des fruits et légumes de saison, information sur les produits bio, recettes…
  • questionnaire d’entrée et de sortie de l’épicerie sociale
  • mise en place des paniers : le choix a été fait de commencer par des produits bio classiques, tels que les pommes de terre et les oignons, et d’apporter chaque fois une nouveauté, accompagnée d’une recette, proposée en atelier cuisine le même jour que la vente des produits.

Deux formes d’approvisionnement sont mises en œuvre :

  • La banque alimentaire (grâce à l’association Revivre)
  • En hypermarché, grâce aux collecte alimentaires

Ces actions innovantes pour l’épicerie sociale confirment la place centrale laissée aux familles tant dans la réflexion de l’action que dans sa mise en œuvre. Placées au cœur du projet, elles en deviennent actrices et, ainsi, les meilleures ambassadrices fédérer auprès les autres familles fréquentant l’épicerie sociale.

Bilan

Le CCAS a été confronté à des difficultés au début de la mise en œuvre. Il a fallu plusieurs années pour que l’action fonctionne correctement et que le public s’y intéresse davantage. C’est pourquoi il est essentiel de partir des besoins du territoire, d’aller vers les habitants et de capter leurs attentes. Les usagers doivent s’approprier le projet pour qu’il puisse fonctionner et atteindre les objectifs.

Le profil du public accueilli évolue chaque année. Il faut savoir gérer ce renouvellement et adapter ses services. De la disposition des rayons aux activités proposées, tout doit être repensé.

L’épicerie sociale connait un accroissement de son public depuis deux ans. En 2018, il y a eu une augmentation d’environ 28% des familles de 5 à 8 personnes. Une nouvelle famille est accueillie tous les 3 mois.

L’offre complète de l’épicerie sociale du CCAS d’Épinay-sous-Sénart permet à certains bénéficiaires de reprendre une stabilité financière et de bonnes habitudes alimentaires.

Moyens

Moyens humains

  • Une coordinatrice de l’épicerie sociale
  • Un chargé de l’approvisionnement de l’épicerie sociale
  • Un agent technique assistant le chargé d’approvisionnement
  • L’agent d’accueil en charge d’accueillir le public et de l’animation collective
  • Environ 15 bénévoles, anciens bénéficiaires de l’épicerie sociale pour certains
  • Une diététicienne libérale à temps partiel

Moyens materiels

  • Locaux de l’épicerie sociale
  • Matériel de pesée et de transport des denrée
  • Véhicule équipé de bacs isothermes
  • Matériel de jardinage

Coût total du projet

Environ 60 000 €

Les partenaires

Partenaires opérationnels

Comité de pilotage : chargé du diagnostic des besoins et de formuler des pistes d’actions qui répondent aux besoins recensés, il est constitué des assistantes sociales du département, du CCAS, de l’association Val d’Yerres Prévention (club de prévention du territoire), de l’association Tout Azimut (chargée de l’accompagnement du public, des mesures ASLL...), de bénévoles de l’épicerie sociale et de 10 anciens usagers de l’épicerie sociale…

Réunions d’échanges : mensuelles, elles se tiennent en présence des partenaires précédemment cités pour travailler autour d’actions pouvant être développées par l’épicerie sociale.

Ils financent l'action

  • Département de l’Essonne au titre d’un appel à projet régulier au plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale
  • CCAS
  • CAF

Les outils de communication sur l'action

Le CCAS d’Epinay-Sous-Sénart a compris qu’il est essentiel de communiquer sur ses actions au niveau du territoire. L’épicerie sociale est mise en avant de deux façon :

  • les ateliers culinaires sont mis en avant dans le Guide des Séniors édité par la Ville.
  • une Page Facebook est animée par la coordinatrice régulièrement sur les actualités de l’épicerie et ce qu’elle y propose.

Les outils pour évaluer l'action

  • Questionnaire d’évaluation à l’entrée et à la sortie de l’épicerie sociale : il prend en compte les habitudes de consommation et d’achat, l’équipement ménager, ainsi que la satisfaction vis-à-vis de l’accueil, des produits et des actions menées à l’épicerie sociale.
  • Logiciel métier Passerelle pour le suivi de l’activité, fourni par la Banque Alimentaire d’Ile-de-France. Il permet :
    • de suivre et d’analyser le public accueilli : nombre, composition familiale, activité professionnelle, motif de la demande, budget, reste à vivre, motif de sortie,
    • d’enregistrer l’ensemble des produits alimentaires, d’hygiène et d’entretien vendus à l’épicerie sociale. Ces données permettent d’analyser la consommation des familles et d’assurer la traçabilité des produits.
  • Tableau de suivi des demandes d’accès à l’épicerie sociale : il permet de suivre et d’analyser les demandes (lieu, activité professionnelle, budget, motif de demande, endettement, aide financière demandée pour permettre l’accès, accord, rejet et motif de rejet).
  • Bilans trimestriels, réalisés sur l’ensemble de l’activité (demandes, analyse du public reçu, stock, actions mises en place...).
  • Bilans réguliers avec les intervenants, programmés pour le suivi et l’adaptation des ateliers mis en place.

Les observations du CCAS/CIAS

Cette action, nous a permis de nous réinterroger sur les pratiques alimentaires des familles en précarité. Et la principale difficulté est la peur d’essayer de nouveaux produits. Les familles ont comme cadre de référence les produits qu’elles achètent couramment et la publicité. Étant en situation d’insécurité financière et sociale, il est difficile de leur proposer autre chose si le changement n’est pas accompagné.

La nécessité de travailler en amont et pendant l’action avec les familles a permis au CCAS d’adapter l’action et ses objectifs afin d’éviter un échec et la perte de produits.

Ce travail a permis également de créer du lien entre toutes les actions de type alimentation-santé proposées par l’épicerie sociale et d’assurer une meilleure cohérence de l’accueil du public.

Cette action peut être transposée sur tous les territoires qui interviennent sur ce volet en lien avec une multitude de partenaires. Le portage peut être assuré par une association, un CCAS, une épicerie sociale, et être étendu à tout type de publics, notamment les jeunes dans le cadre d’un chantier d’insertion en lien avec une mission locale, un club de prévention pour l’organisation et la mise en œuvre d’un potager solidaire.

Photo : DIPUBLICA77 / Wikimedia Commons

Retour en haut de page