Incités par l’UNCCAS à prendre toute leur part dans la démarche, une dizaine de CCAS ont contribué aux travaux du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), visant à mettre en place un baromètre qualitatif de suivi de la pauvreté. La pertinence de la démarche semble avérée. Un rapport a été remis en ce sens par le CNLE au Président de la République.
Un outil dont la pertinence semble confirmée
En sa qualité de membre du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), l’Unccas avait été associée dès juillet 2021 (newsletter unccas du 1er juillet) pour apporter son expertise et prendre part au projet de mise en œuvre d’un baromètre national qualitatif sur l’impact social de la crise sanitaire à court, moyen et long terme, commandé par le Premier Ministre. L’analyse ne devait pas tant porter sur l’impact de la crise sanitaire en tant que tel que sur l’observation et le repérage de « signaux faibles » et la compréhension des risques de précarité dont ils sont potentiellement porteurs.
Comme le rappelle Fiona Lazaar, présidente du CNLE, dans un courrier de remerciements adressé aux structures ayant pris part à la démarche : « cette phase de test atteste du succès des premiers pas de cet instrument de suivi qualitatif expérimental et préfigure les contours d’un dispositif de vigilance sociale en routine en cours d’instruction administrative et budgétaire. Ainsi, cet outil barométrique à échéance semestrielle et au questionnaire court, pour être soutenable dans la durée, aura vocation à produire une connaissance actualisée des catégories de la population confrontées à diverses difficultés et des affects sociaux qui parcourent la société ».
Un peu moins d’une dizaine de CCAS se sont prêtés à l’exercice. Ils font ainsi partie des quelque 130 acteurs interrogés, allant des associations de lutte contre l’exclusion, aux Crous en passant par le Défenseur des droits, des acteurs de la protection de l’enfance, des PIMMS, des Adil, des réseaux bancaires, des crédits municipaux, Pôle emploi, des services sociaux en entreprise, etc.
Un rapport structuré en trois grands chapitres
Le premier fait ressortir cinq grandes catégories de publics, dont certains nouveaux pour les structures d’accompagnement telles que les CCAS. L’étude évoque ainsi des ménages soumis à de fortes tensions financières (en contrat précaire, parents avec jeunes enfants, etc.), ceux qui ont basculé dans la précarité (travailleurs pauvres, saisonniers, etc.), d’autres en situation d’isolement (personnes âgées, aidants, etc.), en difficulté psychologique (révélée ou accentuée par la crise) ou encore en rupture de droits liée aux confinements.
Le second chapitre aborde la question des « difficultés conjoncturelles pouvant s’ancrer dans le long terme ». Dans ce cadre, les auteurs soulignent des contraintes croissantes en matière d’accès aux droits, un non-recours persistant mais aussi la question centrale et transversale du logement ainsi que la dégradation de certaines situations. Et ce chapitre de conclure sur le phénomène de « surcharge pour les structures »…
Le dernier chapitre évoque les « crispations dans la société » que les acteurs interrogés ont tous soulignées : agressivité, angoisse, repli sur soi, éloignement des administrations mais aussi questionnements des acteurs sur leur capacité à répondre aux demandes.
Ce travail a été mené entre octobre 2021 et février 2022. Il a vocation à être actualisé tous les 6 mois.
Pour l’heure, le rapport a été remis au Président de la République.