Elements clés
Contexte
A l'origine, ce projet est né d'un constat commun : la nécessité d'améliorer l'aide alimentaire dans les trois CCAS du Sivom Accord (Saint Rémy, Saint Marcel et Champforgeuil). Cependant, les modalités d'aide existantes dans les trois communes étaient à certains égards insatisfaisantes. Elles confortent l'assistanat, ne permettent pas de dépasser l'aide ponctuelle et laissent à désirer sur le plan alimentaire. La passivité des usagers, la chronicité d'une aide parfois vécue comme un dû, le coût croissant pour les collectivités... constituent différents éléments du système à faire évoluer. L'enjeu est bien sûr d'apporter une aide alimentaire mieux adaptée, mais tout autant d'engager un travail éducatif et d'accompagnement de fond (travail collectif sur le budget, l'alimentation). Dans cette perspective, l'aide alimentaire est une fin en soi, mais elle constitue aussi un prétexte pour aller plus loin avec les populations concernées. Il s'agit, grâce à l'épicerie solidaire, de mobiliser les ressources des individus et du territoire en vue d'une insertion durable.
Description
Présentation de l'action
L'épicerie solidaire s'adresse naturellement aux personnes en difficulté déjà bénéficiaires des formes actuelles d'aide alimentaire. Elle a aussi vocation à s'ouvrir à de nouvelles formes de précarité. En effet, une frange croissante de la population n'a pas accès aux dispositifs sociaux, malgré des difficultés réelles, du fait de ressources "trop élevées". L'épicerie solidaire a vocation à s'adresser à tous ces publics. Il s'agit à la fois de traiter une difficulté passagère, d'éviter à certains de sombrer dans une précarité durable, ou encore d'engager les plus touchés dans une dynamique d'insertion et de resocialisation.L'épicerie solidaire itinérante prend la forme d'un bus urbain aménagé en épicerie et en lieu d'accueil des usagers. Ce bus assure des permanences dans chaque commune pour vendre des produits alimentaires et d'hygiène et proposer un accompagnement individuel des personnes ainsi que des actions collectives. Les permanences assurées à proximité d'une salle municipale donnent lieu, selon des modalités liées aux besoins et aux ressources des usagers, à l'organisation d'animations, d'informations sur des thèmes divers. Le principe du fonctionnement de l'épicerie solidaire est d'accepter les personnes sous conditions de ressources. Les élus des trois CCAS ont choisi de permettre un accès large à ce dispositif pour permettre aux personnes en situation de surendettement, ou aux travailleurs pauvres d'en bénéficier. L'accès à l'épicerie se traduit par l'attribution d'un montant maximal d'achat à chaque personne (selon ses ressources et sa composition familiale). Les produits proposés dans le bus sont vendus à 10% ou 20% de leur tarif marchand. Le bénéfice du dispositif est limité à six mois dans l'année, l'objectif étant bien de ramener les personnes vers l'équilibre financier. Un contrat d'objectif défini avec l'usager, détermine les orientations vers lesquelles la personne doit tendre (désendettement, amélioration de certains aspects de sa situation).
Moyens
La création du projet donne lieu à la création de deux postes de travail (un poste de CESF et un poste d'insertion en CAE à temps plein). Le budget d'investissement s'élève à 63 500 euros et le budget de fonctionnement à 88 872 euros (achats, prestations : 23 875 euros, charges de personnel : 31 405 euros, frais de structure : 33 592 euros).
Partenaires opérationnels
Les CCAS de Champforgeuil, Saint-Marcel, Saint-Rémy. Portage de l'action, par convention, par le Sivom Accord, syndicat intercommunal associant ces trois communes de l'agglomération de Chalon-sur-Saône. Autres partenaires : régie de quartiers de l'ouest chalonnais, CAF, conseil général Saône-et-Loire, Banque alimentaire de Bourgogne.
Ils financent l'action
Conseil général de Saône et Loire (fonctionnement). Contrat de Ville de l'agglomération chalonnaise (investissement).
Bilan
Trois ans après la mise en place de cette action, le partenariat intercommunal au SIVOM ACCORD s'est développé. En 2007, ce sont désormais 4 communes qui participent à cette action : Saint Rémy, Saint Marcel, Champforgeuil, et Sevrey. Et une cinquième commune vient de demander son adhésion au syndicat.
Les partenaires de l'opération restent très présents et impliqués dans le fonctionnement du service et d'autres partenariats se sont créés, voire consolidés. La fréquentation de l'épicerie avait été évaluée à 100 bénéficiaires par an lors d'une étude préalable au démarrage du projet. En 2006, 126 familles ont été aidées et 147 en 2007, et ce chiffre ne cesse d'augmenter.
Afin de pallier à une difficulté de mobilité de plus en plus importante chez les ménages les plus modestes (surtout en milieu rural ou semi-rural), d'autres structures se sont rapprochées de de l'épicerie solidaire "Le petit chariot", en vue de créer, à leur tour une épicerie itinérante. Les spécificités opérationnelles du projet (itinérance et intercommunalité) ont nécessité un investissement en temps plus important que prévu au démarrage de l'action, ce qui a retardé de quelques mois la mise en oeuvre de certains projets (notamment des animations). Par contre, à ce jour, le Petit chariot va au delà d'une solution d'aide alimentaire adaptée, gràce au travail d'accompagnement des familles et aux actions collectives proposées.
Observations
Sur la forme, le caractère à la fois intercommunal et itinérant du projet est une première nationale. Notamment en raison de la conception d'un lieu de vente qui est aussi un vrai lieu d'accueil des personnes (confidentialité, agrément du lieu). Sur le fond, l'approche extensive du public par l'ouverture de l'action aux nouvelles formes de précarité est en phase avec la demande sociale du territoire. Sur la méthode, la qualité du partenariat engagé en amont du projet (seize mois de collaboration avec les assistantes sociales, les conseillères ESF et les autres partenaires sociaux) a permis de valider collectivement, étape par étape, les grandes lignes du projet.
Photo : Wikimedia Commons / GdeLaB