Contexte
Marange Silvange est une ville étendue sur 8 km coupée par une route nationale supportant un trafic de circulation intense rendant la traversée entre Marange et Silvange dangereuse. Par ailleurs, les transports en commun locaux sont inexistants.
Les personnes âgées de plus de 60 ans représentent près d’un tiers de la population, dont une grande majorité de femmes veuves. Les personnes âgées éprouvent des difficultés à se déplacer pour les trajets quotidiens ou occasionnels, que ce soit au sein de la commune ou dans les agglomérations avoisinantes. Bien souvent, elles ne disposent pas du permis de conduire ou ne sont plus en capacité de conduire un véhicule. Ainsi, une personne résidant à l’extrémité de la ville doit effectuer plus de 4 km pour se rendre dans le commerce le plus proche et la pharmacie…
Au cours de réunions de quartier, les difficultés de mobilité ont été soulevées comme un besoin crucial.
Description / Fonctionnement de l'action
Le CCAS de Marange Silvange a souhaité favoriser la mobilité des personnes âgées et/ou handicapées tout en développant du lien social en proposant à ces habitants un service de transport.
Après avoir consulté plusieurs devis, le CCAS a envisagé d’acquérir un véhicule de type Renault master « mini bus » de 8 places plus une spécifique réservée à un fauteuil roulant.
Ce véhicule tout particulièrement adapté pour accueillir et véhiculer les personnes à mobilité réduite a été transformé par une société spécialisée dans l’aménagement des véhicules pour personnes handicapées (mise en place d’un hayon électrique pour faciliter la montée de personnes en fauteuil roulant, sécurisation de l’intérieur par la fixation de poignées, isolation et climatisation, extincteur, sièges des passagers pivotants...).
Il s’agit avant tout de permettre aux personnes à mobilité réduite de se déplacer pour les trajets liés à la vie quotidienne et aux démarches plus ponctuelles. Ainsi, il est possible de les accompagner lors des rendez-vous médicaux ou paramédicaux, pour effectuer leurs diverses démarches (courses alimentaires, pharmacie, poste, banque, lieux de culte ou de recueillement…), pour maintenir ou développer du lien social (visites amicales, participation aux goûters organisés par le CCAS). Au-delà de la possibilité de les véhiculer, il s’agit par ailleurs de les aider à effectuer des démarches, d’assurer un lien voire une présence ponctuelle à leurs côtés, de les soutenir. Cette action permet aussi de créer un contact et de développer un relais auprès des personnes isolées et d’être d’avantage sensibilisé à leur bien être tout au long de l’année, et plus particulièrement lors des périodes de canicule.
Les objectifs principaux répondent donc aux besoins importants répertoriés ainsi :
- Favoriser le maintien à domicile,
- Favoriser ou développer le lien social et rompre l’isolement,
- Proposer un accompagnement physique voire social dans les différentes démarches.
Bilan
Le service du baladeur représente un coût de fonctionnement très important, notamment par les frais de personnel élevés. La charge du service pèse sur le budget général du CCAS d’une manière prépondérante. Cette réalité amène à réfléchir sur la pérennisation du service.
Par ailleurs, le service a été étudié dans le but de favoriser les transports collectifs, c’est-à-dire encourager les utilisateurs à s’inscrire pour des destinations pré-déterminées à l’avance selon un planning proposé. Depuis la mise en place de ce service, les demandes individuelles sont de plus en plus fréquentes, ce qui occasionne des difficultés de gestion. Pour améliorer cet état, le CCAS compte mener une campagne de sensibilisation auprès des utilisateurs.
Malgré ces aléas, le service répond à un besoin. Les utilisateurs sont de plus en plus nombreux. Les demandes se multiplient pour des destinations et des besoins de plus en plus hétérogènes : visite d’amis ou de famille en milieu hospitalier ou en maison de retraite, recueil sur des tombes éloignées, rendez vous chez des médecins spécialistes situés dans des villes plus éloignées…
La création de ce service a permis l’embauche d’une personne bénéficiant d’une reconnaissance travailleur handicapé. Cette dernière a démontré un fort épanouissement et s’inscrit dans une formation professionnelle répondant à son projet.
Moyens
Moyens humains :
1 personne en contrat aidé s’occupe de la gestion du service
Le service d’accueil de la mairie s’occupe de la prise des rendez-vous.
Budget : 13 620 euros
Carburant : 1 500 euros, entretien du véhicule : 500 euros, assurance : 1 000 euros, personnel : 4 120 euros, portable : 150 euros, amortissement : 8 350 euros.
Recettes : 2 000 euros grâce à la vente de tickets de transport
Les partenaires
Partenaires opérationnels
Les différents professionnels du corps médical et paramédical ainsi que les établissements hospitaliers, les services d’aide à domicile, les assistants sociaux spécialisés et de polyvalence de secteur sont des partenaires et des relais privilégiés.
Ils financent l'action
CNSA qui subventionne à 80 % les aménagements du véhicule.
Les observations du CCAS/CIAS
Le baladeur encourage les personnes à mobilité réduite à développer leur autonomie et à favoriser leur indépendance.
Il permet aussi aux usagers d’améliorer leur quotidien par de multiples facettes :
- La stimulation intellectuelle et l’exercice de la mémoire cognitive la prise de rendez vous, l’établissement de carte de transport, la manipulation d’argent, la reprise de certaines démarches qu’ils avaient confiées à d’autres ce qui leur permet d’avoir une maîtrise de leur situation globale et prendre des initiatives…
- La reprise de relations humaines. En rencontrant de nouvelles personnes et en retrouvant des activités abandonnées, les utilisateurs développent de nouveau leur besoin d’ouverture vers l’extérieur, d’échange, d’estime de soi, de valorisation. Ces contacts permettent d’éviter les situations d’isolement et encouragent les personnes à rester attentives à leurs envies, et à leur autonomie. Par ailleurs, cette action permet au CCAS de connaître d’avantage le public concerné, de se tenir informé sur leur situation globale, de rester vigilant dans la mesure où ce public peut être considéré comme fragile. (Situation d’inconfort ponctuel ou de canicule par exemple). Il a notamment été constaté que les relations entre les usagers et la responsable du service sont de nature à créer des liens privilégiés allant bien au delà d’une simple prestation de transport, élément essentiel dans la mise en œuvre d’une politique en faveur des personnes âges ou handicapées.
Photo : Wikimedia Commons / Aimelaime