La solitude tue plus que la chaleur !

Publié le 1 juin 2004

Elements clés

Contexte

Lors des inondations de septembre 2002, la mairie d'Alès a pris conscience de l'élan de solidarité que pouvait mettre en oeuvre sa population lors d'une période de crise. Dans le cadre de la prévention canicule, le Ville a souhaité mettre en place une opération s'appuyant sur des moyens techniques (mise en place de fichiers et de procédures, téléalarme...) et sur la mobilisation solidaire des habitants et du réseau de structures sanitaires et sociales locales.

Description


Présentation de l'action


L'objectif de l'action "la solitude tue plus que la chaleur !" est d'assurer une veille auprès des personnes isolées ou sensibles aux effets d'une possible période de canicule estivale. Cette action s'appuie sur le repérage par recensement et/ou croisement de fichiers, des personnes dites "vulnérables" (les personnes de plus de 65 ans, les personnes handicapées, les personnes vivant seules et ayant des difficultés d'autonomie) et vise à proposer à celles qui le demandent un accompagnement destiné à garantir leur bonne santé physique et morale pendant la période d'été, tout en pouvant à tout moment via la téléalerte, dispenser des messages d'information à tout ou partie de la population alésienne.

Cette opération est placée sous la tutelle de la responsable du service insertion/solidarité du CCAS. Elle relève de l'autorité directe du maire et de son directeur de cabinet ainsi que celle du directeur général adjoint, chargé des affaires sociales. La mise en place d'un tel dispositif a nécessité une organisation en amont en 3 étapes : le recensement des sujets à risque, l'appel à la solidarité des habitants de la ville, le développement d'un plan d'action coordonnant les différents acteurs du dispositif (CCAS, services municipaux, réseaux associatifs et professionnels...). 1. Recensement des sujets à risques  -  Mise en place d'un système de téléalerte permettent de contacter par téléphone tous les habitants disposant d'une ligne téléphonique et de recenser celles souhaitant bénéficier d'une aide, - Mise en place de systèmes complémentaires pour élargir ce recensement : questionnaire avec coupon réponse via le journal mensuel distribué dans toutes les boîtes aux lettres, questionnaires adressés par voie postale aux plus de 65 ans (repérés via les listes électorales et le fichier de quittancement de l'office d'HLM), recensement via les appels au numéro vert de la mairie...

2. Appel à la solidarité... la création des "voisins tuteurs" - Identification des habitants volontaires, - Croisement des données obtenues entre le recensement des personnes à risques et les volontaires, - Organisation et encadrement des tutorats (définition des missions des tuteurs, mise en relation des tuteurs avec les bénéficiaires, suivi des tutorats...).

3. Développement d'un plan d'action entre les différents acteurs : CCAS, services municipaux, réseaux associatifs et professionnels - Répartition des rôles de chaque structure, et notamment de celui du CCAS, coordinateur général du système, - Création de protocoles d'échanges d'informations (fiches de liaison) et de prise en charge des personnes en difficulté.

Ce lourd travail préliminaire permet d'optimiser le dispositif et sa coordination en cas de crise. Ainsi, si le besoin se fait sentir, la Ville peut déclancher l'alerte, déployer la téléalerte (appel téléphonique des publics à risques concernés ou si nécessaire de l'ensemble de la population avec message adapté) et mettre en oeuvre le plan d'action et le renforcement des interventions des voisins tuteurs.


Moyens


Moyens humains : Le système mis en place permet d'optimiser la mobilisation des moyens humains puisque le CCAS composé uniquement de 7 personnes orchestre et coordonne les actions de plus de 1 350 personnes (1 000 voisins tuteurs, 300 professionnels relais, 50 personnes des services municipaux).

Moyens financiers : Le système de téléalerte de la Ville d'Alès a nécessité un investissement initial de 12 000 euros (achat de bases de données, abonnement à 250 lignes téléphoniques pour l'émission des appels...). Le coût d'un appel par habitant se situe entre 0,5 et 1 euro.


Partenaires opérationnels


Centre hospitalier d'Alès, le CLIC ACCORD, les trois SIAD de la Ville, les associations de maintien à domicile, l'OPHLM, les services sociaux du conseil général, de la CRAM, des Mines, les associations oeuvrant auprès des personnes hadicapées, la Croix Rouge, France Bénévolat.

L'association vivre entre voisins : cette association dont l'objectif est la promotion des relations de bon voisinage est à l'origine du concept des voisins tuteurs. La société Gédicom : partenaire de la mairie d'Alès depuis les inondations 2002, cette société a obtenu un Géo d'or en 2004, pour son outil de téléalerte. La société Connaissance : partenaire de la mairie d'Alès depuis de nombreuses années en matière de communication, cette société intervient en conseil en communication notamment dans l'optimisation de l'outil technique qu'est la téléalerte.


Ils financent l'action


Plusieurs demandes de subvention sont en cours.

Bilan

La mise en place de ce dispositif a succité beaucoup d'intérêt auprès de la population. En effet, dès le premier recensement effectué via la téléalerte, 656 personnes se sont fait connaître auprès du CCAS et ont demandé à bénéficier d'un service d'aide et/ou d'information. Les opérations suivantes via questionnaires publiés dans le journal local ou bien via le numéro vert de la mairie ont permis à 1 600 nouvelles personnes de se manifester. L'appel au volontariat pour être "voisins tuteurs" a lui aussi remporté un grand succès puisque 1 000 personnes ont déjà répondu présentes.

Par ailleurs, cette opération permet : - de recréer le lien social souvent distendu en ville entre voisins, -  d'améliorer la sécurité des personnes vulnérables, - de communiquer en temps réel grâce à la téléalarme (en moins de 20 mn, l'ensemble de la population est destinataire d'un message téléphonique), à tout ou partie de la population (via une sectorisation par quartiers ou l'utilisation d'un ou plusieurs fichiers typologiques de la population),

Cependant, la téléalerte comporte des limites. Elle ne permet pas de contacter les personnes qui ne disposent pas d'une ligne téléphonique et son interactivité par l'utilisation du clavier téléphonique n'est pas évidente à comprendre pour les personnes très âgées.

Le CCAS d'Alès a toutefois tenté de limiter ces inconvénients en multipliant les modes de rencensement des personnes vulnérables, occasionnant un surplus de travail lié au dépouillement et au croisement des fichiers et en conjuguant l'utilisation de la téléalarme avec la présence sur le terrain des "voisins tuteurs".

Observations

La réussite de cette opération réside dans l'organisation préparatoire de la crise potentielle qui a permis d'établir un plan d'action efficace coordonnant l'ensemble des acteurs locaux du domaine sanitaire et social ainsi que la réactivité et la souplesse de l'outil de téléalerte dont s'est doté la mairie et qui permet en moins de 20 minutes de prévenir soit un public ciblé (les personnes vulnérables recensées, les voisins tuteurs), soit même en cas d'alerte 4, l'ensemble de la population.

Ce dispositif est aujourd'hui reconnu et connu dans la région. Le CCAS est régulièrement sollicité pour présenter l'ossature du dispositif et différents éléments pouvant être redéployés dans d'autres villes.

Photo : Wikimedia Commons / Vpe

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