Conséquence notamment d’une amélioration progressive de l’état de santé de la population âgée, les prévalences de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) diminuent. Cela traduit un recours à cette prestation en baisse à âge donné, selon l’étude d’octobre 2021 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Pour l’année 2021, le nombre de bénéficiaires de l’APA pourrait donc être plus faible qu’attendu.
Une forte baisse de bénéficiaire de l’APA autour de 80 ans par rapport à 2010
Le recours à l’APA concerne avant tout les personnes les plus âgées. La proportion de bénéficiaires de cette prestation augmente fortement avec l’âge. Fin 2019, la prévalence de l’APA est de 3 % parmi les personnes de 70 à 74 ans, de 12 % parmi celles de 80 à 84 ans et de 46 % parmi celles de 90 à 94 ans.
Entre 2010 et 2019, conséquence notamment d’une amélioration progressive de l’état de santé de la population âgée, les prévalences de l’APA diminuent sensiblement.
Cela traduit un moindre recours à cette prestation à âge donné. Au domicile ou en établissement, en GIR 1 ou en GIR 4 1, la baisse s’avère la plus forte autour de 80 ans. En revanche, avant 75 ans et après 85 ans, elle s’avère plus modérée. Cela pourrait donc traduire une entrée dans la dépendance se faisant progressivement à un âge de plus en plus élevé.
2,4 annnées de bénéfices de l’APA en moyenne
Fin 2019, une personne de 60 ans a une espérance de vie de 25,6 années parmi lesquelles, en moyenne, 2,4 années (soit 9,5 %) sont passées en tant que bénéficiaire de l’APA.
L’espérance de vie dans l’APA à 60 ans est plus longue dans un état de dépendance modérée (GIR 3 ou 4) que dans un état de dépendance sévère (GIR 1 ou 2). Elle s’avère également plus élevée en tant que bénéficiaire de l’APA à domicile (1,4 années, soit 5,4 % de l’espérance de vie à 60 ans) qu’en tant que bénéficiaire de l’APA en établissement pour personnes âgées (1 année, soit 4,1 %).
L’évolution de l’espérance de vie dans l’APA influencée par deux effets contraires
Il faut noter une diminution de 0,8 mois de l’espérance de vie dans l’APA entre 2010 et 2019. Cette dernière résulte de deux évolutions contraires :
- la baisse progressive de la mortalité qui contribue à augmenter cette espérance de vie de 2,8 mois ;
- l’amélioration de l’autonomie à âge donné qui se traduit par une diminution progressive des prévalences de l’APA et contribue à réduire l’espérance de vie dans l’APA de 3,6 mois.
Une hausse future du nombre de bénéficiaires potentiellement moindre qu’attendue ?
Afin d’anticiper les besoins de financement à venir, les politiques de l’autonomie au grand âge en France se fondent sur des projections d’évolution du nombre de personnes âgées dépendantes.
L’évolution observée entre 2010 et 2019 pour l’espérance de vie dans l’APA met en exergue une diminution de la durée de vie dans l’APA.
Même s’il faut encore rester prudent à ce stade, en vue d’avoir un plus grand recul temporel sur la baisse de l’espérance de vie dans l’APA, si ce mouvement se confirmait et se prolongeait, le nombre anticipé de bénéficiaires de l’APA pourrait être finalement plus faible que ne le prédisent les projections actuelles.
En cas de poursuite de la tendance observée entre 2010 et 2019 pour les prévalences de l’APA à chaque âge, l’augmentation ne pourrait ainsi être que de 71 000 personnes.
[1] La grille nationale Aggir permet de mesurer le degré de perte d’autonomie du demandeur de l’Apa. Elle sert à déterminer si le demandeur a droit à l’Apa et, s’il y a effectivement droit, le niveau d’aides dont il a besoin. Les degrés de perte d’autonomie sont classés en 6 Gir. À chaque Gir correspond un niveau de besoins d’aides pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne.