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Fiche d'expérience

L’aide à la gestion budgétaire à l’épicerie éducative ajacienne

L'aide à la gestion budgétaire à l'épicerie éducative ajacienne

Contexte

Jusqu’en février 2005, l’aide alimentaire sur Ajaccio se traduisait par :
- la redistribution des banques alimentaires (Secours Populaire, Croix Rouge),
- la fourniture de repas à titre gratuit (Fraternité du partage),
- l’ouverture des Restos du Coeur en 2005,
- les bons d’achat alimentaire ou l’aide financière (CCAS, Secours Catholique, Département).

Ce système qui accentue la dépendance de la personne ne couvre pas l’ensemble des besoins et rompt le lien d’échanges jusqu’à atteindre la dignité de l’homme. De plus, le manque de coordination de l’aide alimentaire conduit les populations à solliciter chaque point de distribution. Dans ce contexte, on observe une logique d’assistanat des personnes répondant uniquement à leurs demandes sans promouvoir leur autonomie.

C’est dans ce contexte qu’a été mis en place, en février 2005, l’épicerie éducative afin d’offrir une réponse aux familles nécessitant des aides financières ponctuelles. Elles y sont orientées par les assistantes sociales de la ville en fonction de leurs ressources et après évaluation. Elles peuvent ainsi venir faire leurs courses chaque semaine et ne payer que 10 % du prix des marchandises qu’elles emportent. L’économie réalisée en accédant à l’épicerie permet aux bénéficiaires de régler un problème, identifié au préalable par les assistantes sociales de < ?XML:NAMESPACE PREFIX = ST1 />la Ville : apurement d’une dette (EDF, EAU, loyer…), remboursement d’un crédit,...L’orientation vers l’épicerie éducative est limitée dans le temps et nécessite un engagement en contrepartie. En effet, en acceptant cette démarche, la famille adhère à un projet éducatif que lui propose la responsable de la structure, à savoir une aide à la gestion budgétaire et/ou des ateliers culinaires.

Description / Fonctionnement de l'action

L’aide à la gestion budgétaire
Il est important de reconnaître que le « défaut de gestion » n’est que rarement la seule cause des difficultés budgétaires des ménages. Il est capital d’inscrire les questions d’argent dans le contexte global de fonctionnement du groupe familial. En effet, les causes de ces difficultés ont parfois d’autres origines que celles évoquées. Et souvent, l’argent est un révélateur du fonctionnement de la famille. Ainsi, les entretiens hebdomadaires sont essentiels afin d’entreprendre un travail de fond avec les familles.

Cet accompagnement est plus ou moins lourd selon les capacités de la famille, l’importance ou l’urgence des problèmes. Ce travail s’inscrit dans la durée, où < ?XML:NAMESPACE PREFIX = ST1 />la conseillère en économie sociale et familiale doit respecter les rythmes de la famille.

Ce type d’aide alimentaire que représente l’épicerie éducative est indispensable pour régler le problème de décalage qui existe entre le coût d’une alimentation équilibrée et le budget que les familles en difficultés peuvent consacrer à l’alimentation.
Les ateliers culinaires
L’atelier cuisine se déroule tous les vendredis de 9 h à 12 h. L’atelier ne pouvant accueillir que 4 personnes à la fois, un roulement a été établi afin de pouvoir faire participer tout le monde. Les personnes participant aux ateliers sont principalement des femmes n’ayant pas d’activité professionnelle.
Les objectifs des ateliers sont les suivants :
- Apporter aux familles les connaissances de base permettant de cuisiner simplement.
- Apprendre à cuisiner à moindre coût : « se nourrir mieux pour pas cher ».
- Sensibiliser les personnes à l’équilibre nutritionnel et ses bienfaits sur la santé, ainsi que de redonner le plaisir et la motivation de manger et de cuisiner.

Ainsi, il est essentiel au sein de l’épicerie d’apporter aux familles des repères utiles et une stimulation de leur capacité autonome (savoirs culinaires, convivialité, repères temporels apportés par les différents RDV hebdomadaires…).

Bilan

Familles en situation de dettes multiples ( EDF/ CEO/ assurance…)
- 
28 % de ces familles sont à jour de paiement. Ils ont soldé leurs dettes.
- 56 % ont soldé certaines dettes, et ont mis en place un échéancier pour les autres dettes dont les montants étaient importants.
- 16 % ont eu des difficultés à accepter l’accompagnement « d’aide éducative budgétaire ». Dans ces conditions, il a été difficile de travailler avec ces familles : dettes non soldées et aucune mise en place d’échéancier.

Pour l’ensemble de ces familles, compte tenu de la modicité des ressources, il s’agit de donner des repères, de faire comprendre comment s’équilibre un budget et comment arranger « au mieux » la situation si elle est fragilisée.


Familles en situation de surendettement 
- 
70 % de ces familles ont constitué et déposé un dossier de surendettement auprès < ?XML:NAMESPACE PREFIX = ST1 />la Banque de France.
- 17 % ont refusé le plan d’apurement proposé par la Banque de France et ont préféré envisager d’autres solutions pour régler leurs dettes.
- 1 famille, grâce à une rentrée d’argent, a soldé ses dettes et ainsi éviter la constitution d’un dossier Banque de France.

Familles en situation de dette locative
- 42 % de ces familles sont à jour de paiement de leur loyer
-  Pour 58 %, le montant de la dette locative était très important.
Le bénéfice de l’épicerie leur a permis de rembourser une partie de leur impayé et de mettre en place un échéancier avec le bailleur.


Familles avec « autres dettes » : découvert bancaire
- 
50 % ont résorbé leur découvert bancaire.
- Pour les 50 % restants, seule une partie du découvert a pu être résorbé en raison des montants importants des charges mensuelles à payer .
Familles bénéficiant d’une aide à la gestion budgétaire
Pour certaines familles, le paiement d’une facture importante (EDF ou CEO) n’entraîne pas de dettes, mais crée un déséquilibre budgétaire. L’aide proposée par la conseillère permet de conduire progressivement les personnes à assumer seules leurs difficultés budgétaires et donc d’agir sur le comportement d’achats des personnes. Nous avons obtenu l’adhésion de la totalité des familles orientées pour bénéficier de cet accompagnement au budget.

Familles en situation de dettes EDF
100 % de ces familles sont à jour de paiement.

Familles avec des dettes de cantine
100 % de ces familles sont à jour de paiement.

Moyens

1 conseillère en économie sociale et familiale 
1 agent administratif à temps plein

Les dépenses auprès des fournisseurs, au cours de l’année 2008 s’élèvent à 49 886 euros. Se rajoutent les frais afférents à la structure (edf, eau, assurance, loyer) et les salaires des 2 agents.

Les partenaires

Partenaires opérationnels

Association Corse pour les Personnes Agées : prêt de la cuisine pour les ateliers alimentation.

Ils financent l'action

Ville d’Ajaccio (6 000 euros), CUCS (14 000 euros)

Les observations du CCAS/CIAS

L’expérience de gestion du budget familial auprès du public de l’épicerie éducative est une réussite dans la mesure où la plupart des familles acquièrent des techniques ainsi que des réflexes à savoir : 
- la mensualisation des dépenses fixes,
- l’anticipation des dépenses trimestrielles ou annuelles ne pouvant être mensualisées,
- l’acquisition de techniques culinaires pouvant faire diminuer le budget alimentation tout en se nourrissant correctement,
- des économies sur différents postes budgétaires au quotidien : économie sur les dépenses d’énergie, sur les frais de téléphone, les assurances.
- éviter les dangers des crédits revolvings.

En effet, < ?XML:NAMESPACE PREFIX = ST1 />la conseillère revoit les dépenses poste par poste avec la famille et travaille sur les habitudes familiales, afin de voir sur quel poste des économies peuvent être dégagées. Le travail de prévention sur les dangers des crédits révolvings prend une grande place dans l’accompagnement budgétaire de ces familles qui recourent à ce type de crédits pour tout type d’achats.

Par ailleurs, ces familles avaient l’habitude de venir systématiquement, chaque année au CCAS pour la prise en charge d’une facture ou d’un retard de paiement. Or, il s’avère qu’après un passage à l’épicerie d’une durée de 3 à 6 mois, ces familles ne font plus partie du public CCAS. Parallèlement, les assistantes sociales du Conseil général, confirment que ces familles ne sollicitent plus d’aides financières.

En période de « vie chère » et de « baisse du pouvoir d’achat », il est indispensable d’éduquer les familles et notamment d’inviter les jeunes couples à reconsidérer leurs dépenses et leur permettre d’acquérir des techniques de gestion du budget familial.

Photo : Wikimedia Commons / dmytrok

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