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Fiche d'expérience

Jardin de la mémoire à l’EHPAD « Notre maison »

Jardin de la mémoire à l'EHPAD « Notre maison »

Contexte

L’EHPAD "Notre maison" dispose d’un jardin thérapeutique dans l’enceinte du cantou et dont l’accès est sécurisé. Il comprend tout ce qui permet de stimuler les mécanismes cognitifs des patients atteints de démence sénile et favorise le maintien de la mémoire de tous les résidents :
- une allée du toucher et des parfums,
- un sentier des couleurs, 
- un jardin zen, 
- un carré des 4 saisons, 
- un jardin du goût, 
- deux potagers, 
- une table de culture adaptée aux personnes à mobilité réduite, 
- un parcours de motricité, 
- trois espaces de détente et de convivialité,
- de multiples inscriptions (botanique, proverbes locaux, poésies...), 
- des éléments décoratifs : fontaine, abris à insectes, girouette, thermomètre, écrits, autant de repères spatio-temporels offrant un cadre apaisant, rassurant, pour la déambulation et invitant à la promenade.Ce jardin a été également conçu comme un lieu fédérateur, favorisant le lien social entre les résidents de l’EHPAD « classique » et les résidents du cantou, ainsi que le lien avec l’extérieur (espace utilisé et visité avec les familles, les bénévoles...).

Dès l’origine du projet, les résidents ont été impliqués dans son élaboration afin de faciliter l’appropriation du jardin par tous. Il est appelé « Notre jardin ». Il est entretenu sans produits phytosanitaires, conjointement par le personnel, les résidents qui le souhaitent et une aide ponctuelle des services des jardins de la Ville.

Description / Fonctionnement de l'action

Au sein du jardin thérapeutique, des séances d’hortithérapie ont lieu régulièrement. Elles sont animées par une personne formée par une hortithérapeute titulaire de la formation de la faculté de psychologie de Toulouse.

Objectifs des séances : 
- établir des liens, des rencontres entre les résidents,
- échanges entre les connaissances des résidents « classiques » et les sensations des patients atteints de la maladie d’Azheimer. 
Ces activités entrainent la communication, l’entraide, la compréhension, rompent l’isolement des patients atteints de démence sénile et la peur des autres face à cette maladie. Chacun apporte à l’autre sa façon d’aborder la nature et le vivant, cognitive pour les uns, sensible pour les autres. Organisation de l’action :
Le jardin est doté d’endroits suffisamment différents et d’un environnement agréable pour que les résidents ne se sentent pas dans une activité mais bien dans une visite, comme s’il s’agissait de leur propre jardin. Les encadrants se servent des nombreux éléments placés dans le jardin comme point de départ de l’activité, selon les jours : le carillon grandeur nature du jardin zen, le poulailler, les écrits, les plantes, le potager...
Déroulement de l’action :
Chaque résident, au sein d’un petit groupe, est invité à faire l’expérience sensorielle et cognitive des éléments présentés par les encadrants.
Par exemple, sentir, toucher puis regarder une plante et évoquer son nom, inscrit sur un écriteau botanique. Autour d’un simple végétal, choisi pour être un support d’activités thérapeutiques, une discussion s’installe, des souvenirs sont évoqués, un conseil pratique pour son entretien est proposé par l’un, des efforts sont faits spontanément par un autre pour se rappeler de son nom jusqu’à la prochaine visite, des bouquets peuvent être réalisés, une comparaison avec la même plante à une autre saison est faite mentalement, etc...

Ainsi, naturellement, dans une ambiance détendue et joviale, des stimulations cognitives et sensorielles sont effectuées. Des outils d’évaluation sont mis en place par les équipes soignantes afin de noter les modifications dans le comportement des patients, leur état psychique, physique, leur comportement social et éventuellement la baisse de la prise de certains médicaments. L’innovation de cette pratique tient non seulement de la démarche sociale et multimodale mais également des écrits très présents dans le jardin.

Bilan

Points positifs :
Les activités de réhabilitation cognitive sont fructueuses et permettent la réminiscence des souvenirs et le maintien des mémoires. Les écrits remplissent leur rôle. Ce jardin remplit également son rôle de lien social (moins de barrière entre les résidents des deux unités, entraide, visites en famille) et d’apaisement des résidents (constats de patients plus détendus, moins anxieux, suite à la fréquentation du jardin). Le jardin est un lieu vivant, joyeux et convivial.

Points négatifs :
Deux résidents sont, pour l’instant, très réfractaires à l’activité : l’un n’apprécie pas la venue de personnes extérieures au cantou, l’autre ne supporte pas la vue de poules enfermées dans un poulailler. Le passage s’effectue par l’intérieur du cantou, ce qui est un frein pour certains.

Difficultés rencontrées :
La coopération souhaitée et encouragée entre les patients du cantou et les autres résidents met du temps à s’installer. Le juste équilibre entre l’appropriation personnelle du jardin et le partage d’un « lieu à tous » est fragile.

Moyens

Moyens humains propres à la structure :
- 3 animatrices,
- 1 psychologue,
- 2 agents d’entretien.

Moyens financiers :
- concept d’un jardin à visée thérapeutique : 4 440 euros,
- achat de plantes et mobilier : 13 000 euros.

Les partenaires

Partenaires opérationnels

Un chargé de projet en hortithérapie et conception de jardins et les services des jardins de la Ville de Biarritz.

Ils financent l'action

Aucun.

Les observations du CCAS/CIAS

Une approche multimodale s’avère être la réponse actuelle la plus adaptée pour faire reculer la perte d’autonomie.
La végétation, par son aspect sensible, suscite des réponses émotionnelles et permet de stimuler la mémoire affective, d’accéder aux mémoires sensorielles. Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer particulièrement, un jardin thérapeutique aide au maintien des mémoires, à la résurgence de souvenirs.
Accompagner, guider, rassurer, écouter, soigner, tels seront les maîtres mots de l’EHPAD, au service des pensionnaires.Voilà pourquoi l’objectif n’est pas de « faire à la place de » mais d’aider la personne à faire par elle même afin de la rendre actrice de sa propre vie.
De plus, les répercussions de la création d’un jardin thérapeutique débordent largement du cadre médical et de celui de l’institution. Outre les bienfaits avérés que sa fréquentation produit sur les patients, c’est un lieu de rencontre avec les familles et un espace non médicalisé d’autonomie relative pour les résidents.

Photo : Wikimedia Commons / Christian Amet

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