J'ai compris, mais plus tard...

Contexte

Ce projet est né en 2004 d’une réflexion de certains partenaires sociaux du territoire face au besoin de diversifier l’offre d’insertion, au constat de différents publics intéressés par une activité en plein air et à l’existence d’un terrain de football inutilisé.

Ce projet a progressivement mûri. La simple petite cabane envisagée à l’origine pour le stockage du matériel de jardinage est, au fil de la réflexion, devenue une maison de 60 m2 en matériaux écologiques avec une pièce de vie et de convivialité (établissement classé Etablissement Recevant du Public 5ème catégorie : ossature bois et paille, récupération eau de pluie, système de phytoépuration…).

Parallèlement à l’évolution de la construction, l’objectif de départ d’insertion sociale s’est alors doublé d’un objectif écologique.

Le pari est ainsi devenu d’allier insertion, solidarité et écologie au sein d’un même projet.

Description / Fonctionnement de l'action

Ce dispositif s’appuie sur des valeurs telles que la solidarité, la convivialité, l’ouverture à l’autre dans ses différences et la protection de l’environnement.

Les principaux objectifs de l’action sont de favoriser l’insertion sociale des jardiniers par une activité productive de plein air qui permet, grâce à la diversité des publics et à l’orientation environnementale, de reprendre confiance en soi et de changer de posture en s’inscrivant dans une démarche citoyenne. Mais aussi, de participer à la protection de l’environnement et au développement durable en sensibilisant le grand public à ces domaines.

Principes de l’action :

- La vocation du jardin est sociale, sans objectif professionnel pour les jardiniers participants, même si cette activité peut constituer une étape dans leur parcours d’insertion et ainsi favoriser leur accès à l’emploi.

- La participation au jardin est basée sur le volontariat. Elle est négociée au moment de l’admission après acceptation du projet social et du règlement intérieur. Elle ne donne pas lieu à rémunération.

- Le jardin est cultivé collectivement selon les règles biologiques. Les récoltes sont partagées entre tous les jardiniers, ce qui constitue, pour un public en situation de précarité, une amélioration du régime alimentaire. Le surplus est redistribué à des associations caritatives et/ou à une structure locale d’hébergement d’urgence.

- L’activité de jardinage se veut aussi le support de rencontres festives et conviviales, d’échanges culinaires, d’animations pédagogiques et de prévention autour de la santé et de l’alimentation (Ex. Chaque jeudi midi, un repas collectif est organisé avec les denrées récoltées). Les activités collectives restent la priorité dans le fonctionnement du jardin ; elles étayent le cheminement individuel et permettent de sortir de l’isolement.

- Pour les jardiniers orientés par des travailleurs sociaux, l’animateur s’attache à favoriser l’atteinte des objectifs définis dans le cadre de l’ accompagnement social.

- L’aspiration de ce lieu est aussi d’impliquer les jardiniers dans l’information et la sensibilisation du grand public sur les questions de jardinage biologique et d’habitat écologique (jardin pédagogique pour les enfants, journées porte ouverte…)

- Afin d’encadrer et de favoriser le développement du jardin, trois instances régulatrices sont instaurées : un comité de pilotage, un comité de suivi et un conseil des jardiniers.

L’orientation des bénéficiaires vers le jardin :
Dans un premier temps, l’animateur du jardin a contacté différentes associations et structures d’insertion et d’information pour leur présenter le dispositif et les inviter à venir visiter le jardin avec un groupe de personnes bénéficiaires de minimas sociaux. Parallèlement, des liens ont été tissés avec l’école qui jouxte le jardin pour proposer des animations pédagogiques. Rapidement, les structures partenaires sont venu avec des participants et plusieurs d’entre eux ont souhaité bénéficier du dispositif. L’objectif premier de l’action étant de permettre aux bénéficiaires de créer du lien, chaque bénéficiaire s’engage à venir régulièrement au moins une demie journée par semaine.

Activités pédagogiques pour les enfants et le grand public :
Durant ses heures d’ouvertures (le lundi et le jeudi matin) le jardin reste ouvert à tous. Parallèlement, l’animateur et les quinze participants proposent des animations pour les enfants et les adultes.
Les ateliers pour les scolaires sont axés sur le thème de la nature, la préservation de la biodiversité et la culture biologique. Ainsi les cinq classes viennent jardiner et découvrir les techniques de l’agriculture biologique dans le jardin pédagogique, chaque semaine. Les animations pour adultes sont réalisées à la demande et généralement axées sur la maison écologique.

Bilan

Points positifs :
La fréquentation du jardin est encourageante, une quinzaine de personnes participent régulièrement à l’activité. Une véritable dynamique de groupe a pu être instaurée et des liens entre les participants se sont noués même en dehors de l’activité de jardinage. L’activité est bien reçue dans le quartier. La proximité du jardin pédagogique avec une école et une résidence sociale a permis de créer également du lien dans le quartier avec notamment certains habitants du quartier. La collaboration avec les différents partenaires est motivante (labourage du terrain par un membre d’Ecout’agri,chantier paille avec des jeunes de la PJJ…). Enfin, différents partenariats pourraient encore voir le jour et laissent présager d’un potentiel pour des actions futures (Greta, centres de loisirs, AGEDEM, mission locale, service hygiène et santé..)

En 2009, 124 enfants ont régulièrement été accueillis au jardin pédagogique et 6 groupes d’une dizaine d’adultes principalement issus du Pôle emploi, du Greta ou du CCAS sont venus découvrir la maison écologique.
L’ensemble des animations devraient être davantage développé dans les mois qui suivent. Prochainement, l’espace devraient ouvrir 3 jours par semaine pour permettre plus de visites.

Difficultés :
La gestion difficile de l’activité à ses débuts compte tenu du décalage entre le démarrage du jardin, en mars 2008 et l’emménagement de la maison, en avril 2009 (et inaugurée en le 16 juin 2009).

Moyens

Moyens humains :
1 animateur (ETP 80 %), 
1 assistante (ETP5 %), 
1 coordinateur (ETP 20 %) ;

Budget :
Coût de la maison écologique : 147 000 euros
Budget prévisionnel 2009 (hors maison) : 56 000 euros (fonctionnement : 53 000 euros, investissement : 3 000 euros)

Les partenaires

Partenaires opérationnels

Le Conseil Général de l’Isère, l’association « écout’agri », l’association d’insertion « palette », le Secours Catholique.

Ils financent l'action

Le Conseil Général, Le Conseil Régional ( par le biais du CUCS), la fondation Bruneau.

Les observations du CCAS/CIAS

Ce dispositif participe au défi actuel de développement durable et de protection de l’environnement. Le jardin est utilisé comme support d’insertion et comme outil de citoyenneté, ou plus exactement d’éco-citoyenneté. Le lieu incarne des valeurs essentielles : la solidarité, l’acceptation de la différence, le respect de la nature. Le fait d’avoir choisi de conserver une mixité du public permet d’éviter la discrimination et le "phénomène de ghetto".Ce type d’action privilégie l’aspect participatif et le changement de posture des bénéficiaires (conseil des jardiniers, « auto-gestion » quand l’animateur est en congé, participation des jardiniers aux animations du jardin pédagogique pour enfants, à l’information du public…). Les denrées récoltées apportent un complément alimentaire de qualité dans une période de crise et d’augmentation de la précarité et permet aux participants d’obtenir des fruits et légumes régulièrement. 

Enfin ce dispositif s’inscrit dans une dynamique d’ouverture partenariale et dans un réseau départemental de 9 jardins « Graines de vie, Graines d’envies » qui se sont solidarisés « pour favoriser l’insertion sociale et/ou professionnelle et participer au développement social local, grâce à une pratique de jardinage partagée ».

Photo : Wikimedia Commons / Crou

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