Grand âge et santé : les disparités territoriales

Bien-vieillir
Publié le 8 juin 2022

Enjeu central pour les politiques publiques, la prévention et la prise en charge de la perte d’autonomie se confrontent aux grandes disparités entre territoires, tant concernant les besoins des populations vieillissantes que l’accessibilité des soins de santé. C’est ce que vient d’illustrer une étude très intéressante de la Caisse des dépôts, consacrée à l’identification des disparités territoriales face au vieillissement et des disparités territoriales d’accès aux soins.

La répartition territoriale des personnes âgées n’est pas sans conséquences sur la prise en charge de la dépendance, laquelle suppose de mobiliser toute une palette d’intervenants des secteurs sanitaire et médico-social.

La perte d’autonomie survient généralement à un âge avancé. En France, l’âge moyen de la perte d’autonomie est de 83 ans, s’il est appréhendé par l’âge des nouveaux bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). La part des personnes bénéficiant de l’APA croît fortement avec l’âge : moins de 1% à 60 ans mais 20% à 85 ans et 63% à 95 ans.

Dans les années à venir, du fait de l’arrivée au grand âge des générations nombreuses du baby-boom, le nombre de personnes âgées devrait très fortement croître. Le rapport Libault (Commission Grand âge et autonomie, 2020) retenait l’hypothèse d’un quasi-doublement entre 2015 et 2050 de la population de bénéficiaires de l’APA, qui passerait de 1,265 million à 2,235 million.

LE LIEU DE RESIDENCE DES PERSONNES ÂGEES

Pour mémoire, en 2016, la France comptait 16 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, soit environ 25% de la population totale.

Les personnes âgées représentent de manière générale une part un peu plus importante de la population dans les zones peu denses telles que la « diagonale du vide » s’étendant du sud-ouest au nord-est, les zones de montagne, l’intérieur de la Bretagne…

Les personnes âgées de 75 ans et plus représentent ainsi 8,6% de la part de la population des communes de moins de 2 000 habitants, contre 8% de celles de plus de 2 000 habitants.
Néanmoins, les personnes âgées résident majoritairement dans les grandes unités urbaines et sur les littoraux.

L’AUTONOMIE DES PERSONNES ÂGEES

Les personnes âgées sont moins souvent autonomes, dans le nord et l’est de la France, qu’en Corse alors que leur situation est plus favorable en Île-de-France, en Bretagne et dans les Pays de la Loire.

Dans les départements de l’ouest et du massif central, les situations sont plus contrastées. La fréquence des situations de perte d’autonomie y est proche de la moyenne pour les 60-74 ans alors même que la fréquence des situations de faible autonomie parmi les 75 ans et plus y est élevée.

L’ISOLEMENT DES PERSONNES ÂGEES

Les personnes âgées vivent, en revanche, moins souvent seules dans le nord et l’est de la France.

La part des personnes vivant seules présente, en effet, des spécificités régionales marquées, notamment chez les 60-74 ans : élevée en Bretagne, en Corse, dans les régions alpines ou dans le centre de la France, mais nettement plus faible dans les Hauts-de-France et le Grand Est.

LES NIVEAUX DE VIE ET TAUX DE PAUVRETE DES PERSONNES ÂGEES

La prise en charge de la dépendance génère des coûts souvent très importants, que les personnes n’ayant que de faibles revenus ne sont pas en mesure de financer sans mobiliser leur patrimoine, sans faire appel à leurs proches ou aux différents dispositifs d’aide sociale.

Pour mémoire, en 2016, le revenu national médian s’élevait à 20 730 €.

Au sein du territoire, le niveau de vie des personnes âgées de 75 ans et plus et leur taux de pauvreté s’avèrent hétérogènes. Les départements du nord et de l’est de la France, la Corse mais également les départements non côtiers du sud-ouest de la France se distinguent ainsi par un niveau de vie des 75 ans et plus inférieur à la médiane nationale et par un taux de pauvreté plus élevé.

Ceci vient alerter sur d’importantes disparités de revenus dans cette population âgée, dont une fraction minoritaire, mais significative, ne dispose que de ressources financières modestes.

LES DISPARITES TERRITORIALES DANS L’ACCES AUX SOINS

Une condition essentielle au «  bien vieillir » est de bénéficier d’un accès facile aux services de santé auxquels les personnes âgées sont le plus susceptibles d’avoir fréquemment recours. La question de l’inégal accès aux soins sur le territoire s’avère donc centrale. Cette question ne se réduit d’ailleurs pas à l’accès aux seules professions médicales, mais à tout un ensemble de services de santé. L’accessibilité des services de santé est beaucoup plus faible dans les zones peu denses ou très peu denses.

L’accessibilité des généralistes semble meilleure sur les littoraux que dans l’intérieur des terres alors même qu’elle semble assez faible dans la région très peuplée d’Île-de-France. Par comparaison, l’accessibilité des soins d’infirmiers libéraux et celles des soins de masseurs-kinésithérapeutes présentent des spécificités régionales beaucoup plus marquées. La moitié nord du pays, à l’exception notable du Nord-Pas de Calais, de l’Alsace et de l’ouest de la Bretagne, paraît beaucoup moins bien positionnée en termes d’accessibilité des soins infirmiers libéraux que la moitié sud. L’accessibilité des soins de masseurs-kinésithérapeutes se caractérise par des valeurs assez élevées sur l’ensemble des côtes atlantique et méditerranéenne (Corse exceptée), mais généralement beaucoup plus faibles dans l’intérieur des terres.

En résumé, l’accès aux soins de généralistes libéraux est beaucoup plus homogène sur le territoire que l’accès aux services d’infirmiers libéraux ou de masseurs-kinésithérapeutes.

Consulter l’étude de la Caisse des dépôts n°37 de mai 2022

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