Une interview de Frédéric Dittmar, Président de Payboost, qui vient de lancer Fastoche.fr, une application pour gérer ses comptes, suivre son reste à vivre et détecter ses aides sociales.
Pourquoi avoir lancé cette application ?
Au départ du projet, nous avons été frappés par trois chiffres étonnants.
1 fois par jour. C’est en moyenne, la fréquence avec laquelle les Français, qui ont téléchargé l’application de leur banque, la consultent en moyenne… 1 fois par jour, c’est une preuve que les gens gèrent au jour le jour, en consultant le solde de leurs comptes bancaires.
81 %, ce sont les français qui souhaitent que leurs créanciers les aident à gérer leur budget. C’est un résultat étonnant de l’étude Payboost sur les Français et le paiement des factures (septembre 2017).
500 € par an. Les experts estiment le montant du non-recours au droit à 13 milliards d’euros. Ce montant est abstrait. Pour le rendre plus concret, il faut le ramener par famille : cela représente près de 500 € par an d’aides non-distribuées par famille en moyenne.
Pouvez-vous nous décrire les principales fonctionnalités ?
Fastoche est un coach budgétaire et social.
Coach budgétaire : comme le savent très bien les travailleurs sociaux, ce qui compte, c’est de suivre le reste à vivre. Fastoche se connecte aux comptes bancaires, construit le budget, et permet de le suivre en temps réel. Nous résumons cela avec un compteur de vitesse très simple et un calendrier des dépenses. Pour nous, il était important de ne pas faire quelque chose pour les experts, mais pour les gens qui n’ont pas l’éducation financière, le temps ou la discipline pour faire leurs comptes.
Coach social : nous réalisons un diagnostic des aides sociales à laquelle la personne a droit.
En ce qui concerne le coach social, quelle est la différence avec le site de l’Etat mesaides.gouv ?
Mesaides.gouv est un très bon projet et l’Etat a eu une très bonne idée de le mettre en place. Techniquement, Fastoche utilise OpenFisca, qui est la même base de données de l’Etat. Après, comme l’utilisateur de Fastoche est amené à utiliser l’application régulièrement pour son budget, nous pouvons ajouter des choses comme des relances pour demander ses aides, des alertes, des notifications, des contacts locaux avec le CCAS...
Vous n’avez pas peur que la fracture numérique limite l’usage de cette application ?
Même si on n’a pas de smartphone, Fastoche est utilisable à la maison, sur un navigateur, avec un simple accès internet. Après, nous sommes convaincus que la fracture numérique n’est pas qu’une question matérielle, c’est aussi une question d’usage et de design de service. Le langage administratif des formulaires peut être un vrai frein, et amener les gens à se tromper. Beaucoup de jeunes savent très bien utiliser Facebook et Snapchat, mais sont démunis face à un formulaire de la CAF. Fastoche permet de simplifier l’accès aux droits grâce à son interface très simple, qui permet de converser en mode SMS plutôt qu’en remplissant un formulaire.
Est-ce que cette application peut se combiner avec le travail des agents du CCAS ?
Le numérique ne remplacera jamais l’humain. C’est l’humain qui doit rester la pierre angulaire d’une stratégie d’inclusion financière et sociale. Fastoche est un outil de prévention pour toucher des publics qui ne viennent pas voir le CCAS, ou bien qui viennent le voir quand il est déjà trop tard et que la situation s’est détériorée. Et Fastoche permet aussi de démultiplier l’action du travailleur social. On peut déléguer au numérique l’accompagnement quotidien des bénéficiaires, en complément des rencontres humaines avec le travailleur social qui ont lieu sur des temps plus espacés.