Familles : étude nationale et annonces gouvernementales

Analyse des besoins sociaux, Enfance et jeunesse
Publié le 21 janvier 2021 (Màj le 11 août 2022)

Les cellules familiales ont joué un rôle fondamental durant la pandémie pour faire vivre une solidarité de proximité : protection des plus vulnérables, entraide, réconfort, soutien financier, suivi scolaire, aide aux proches ne bénéficiant pas d’accompagnement social ou médico-social... Une étude de la Direction générale de la cohésion sociale (Dgcs), parue fin décembre, vient souligner ce rôle et ses conséquences.

Dans ce contexte, Adrien Taquet, Secrétaire d’Etat en charge des familles et de l’enfance, exposait le 12 janvier 2021 devant l’Assemblée Plénière du Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age (HCFEA) une feuille de route resserrée d’ici la fin du quinquennat. Plusieurs priorités ont été évoquées : sauvegarde et relance des modes d’accueil du jeune enfant, création d’une mission pour la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familialesoutien à la parentalité et déclinaison du plan « Mille Premiers Jours » .

LES FAMILLES À L’ÉPREUVE DE LA CRISE SANITAIRE

Alors que le contexte national demeure fragilisant, l’étude de la Dgcs, intitulée Les familles à l’épreuve de la crise sanitaire, sonde le moral des familles depuis le début de l’épidémie. Isolement, stress, fatigue mentale, appauvrissement… elle questionne leur vécu, leur manière de se réinventer et attire notamment l’attention sur la situation des parents.

Elle insiste sur leur « besoin de réassurance », de « soutien à la scolarité », les risques soulevés par la sédentarité des enfants et le temps passé devant les écrans, leurs demandes de « supports pour faciliter les échanges entre grands-parents et petits-enfants », d’une meilleure redistribution des aides financières et d’un « accompagnement psychologique plus poussé et proactif ».

L’importance du rôle des parents et familles y est soulignée en creux par la situation des personnes sans entourage ou dont la famille peine à remplir sa vocation de soutien, d’assistance et de cohésion. L’augmentation dramatique des cas de violences intrafamiliales l’a rappelé avec notamment une hausse de 60% des signalements de violences conjugales pendant le second confinement.

On peut regretter que les résultats tiennent insuffisamment compte des réalités spécifiquement vécues par les familles pauvres et précaires, privées d’un habitat offrant une sécurité sanitaire et sociale en raison de la promiscuité de leurs logements, de la suroccupation de ces derniers et des problématiques d’accès aux soins et services élémentaires que connaissent de nombreux quartiers populaires. Ceci d’autant plus qu’avec la dégradation de la conjoncture économique, de nouvelles familles glissent massivement dans la pauvreté et le surendettement.

Ce déséquilibre a été à nouveau soulevé récemment par une étude de l’UNAF, mettant en évidence « des impayés de loyer et des factures impayées, mais aussi par le report de projets (soins par exemple), l’accumulation de frais d’incidents bancaires, des difficultés à faire face aux échéances de crédit (consommation et/ou immobilier) et des phénomènes de désépargne ».

LES ANNONCES D’ADRIEN TAQUET

Au cours de son intervention du 12 janvier devant le HCFEA, le Secrétaire d’Etat a exposé une feuille de route resserrée d’ici la fin du quinquennat, en détaillant plusieurs priorités.

LA SAUVEGARDE ET LA RELANCE DES MODES D’ACCUEIL DU JEUNE ENFANT

Adrien Taquet reconnaît « l’urgence de préserver et développer encore la capacité d’accueil, durement mise à l’épreuve par la crise sanitaire et ses conséquences ». Au-delà de vouloir appuyer le soutien financier aux gestionnaires des modes d’accueil, il a annoncé l’expérimentation d’un appui technique « de bout en bout » au bénéficie des communes dans le montage de projets de crèches. Cette mission confiée à la CNAF visera l’objectif de « faire éclore des solutions nouvelles »« des dispositifs innovants ou expérimentaux concourant à une démarche globale d’accès aux modes d’accueil, au bénéfice notamment des enfants en situation de pauvreté ».

Le Secrétaire d’Etat a confirmé la volonté du gouvernement de mettre en œuvre la réforme des modes d’accueil précédemment annoncée, bien qu’elle ne soit pas consensuelle. Il promet néanmoins de constituer un Comité de filière « Petite enfance » réunissant ces représentants des professionnels et employeurs du secteur dans l’optique d’accroitre la valorisation et la professionnalisation des métiers.

Enfin, parmi les saisines du HCFEA opérées par le Secrétaire d’Etat, on relève notamment : l’évaluation des écarts de reste à charge selon les modes d’accueil individuels ou collectifs afin d’identifier les moyens de leur réduction ou encore la production d’un rapport sur les actions des collectivités en faveur de l’enfance et des familles.

LANCEMENT D’UNE MISSION DE « CONCILIATION VIE PROFESSIONNELLE-VIE FAMILIALE »

Egalement annoncée par Adrien Taquet, cette mission devra répondre aux nouvelles préoccupations familiales qui ont émergé dans un environnement particulièrement transformé par la pandémie. Elle sera confiée à Christel Heydemann, Présidente de Schneider Electric France et à Julien Damon, sociologue, avec pour première directive d’« étudier les moyens d’une meilleure prise en compte par l’entreprise des enjeux de parentalité, notamment par le biais d’une proposition de réforme du congé parental ».

Dans le prolongement, une Conférence nationale des familles devrait se tenir au printemps 2021. L’évènement, qui associera l’ensemble des professionnels et partenaires des politiques familiales, s’axera vers un bilan des chantiers engagés et l’identification de mesures nouvelles, selon une dynamique participative et interministérielle.

SOUTIEN À LA PARENTALITÉ ET DÉPLOIEMENT DU PLAN « MILLE PREMIERS JOURS »

La prévention et la lutte contre les inégalités précoces restent intrinsèquement liées au soutien et à l’accompagnement parental. A cet égard, le Secrétaire d’Etat prévoit la rédaction d’une « Charte nationale du soutien à la parentalité » par quatre experts. « Le projet sera soumis au printemps aux professionnels du secteur pour réaction et finalisation à l’été », a-t-il annoncé. En outre, un groupe de travail sera installé en vue de conforter les compétences des professionnels et des bénévoles concernés.

L’actualité devrait être enfin marquée par les principales mesures du Plan « 1000 Premiers Jours » : avec notamment le doublement de la durée du congé paternité, le renforcement des staffs médico psycho-sociaux en maternité, des moyens des réseaux de santé en périnatalité ; ou encore la création de nouvelles unités parents-enfants et d’équipes mobiles en psychiatrie périnatale.

 

 

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