Contexte
L’épicerie a été créée en novembre 1998. Elle résulte d’une réflexion partagée par la Croix Rouge Française, le Secours Catholique, le Centre d’Amélioration du Logement PACT, les Restaurants du Coeur, les unités territoriales de prévention et d’action sociale du Département, la mission locale, la Banque alimentaire du Nord et le CCAS. Ces structures ont constaté un accroissement des demandes d’aides alimentaires qui témoigne de la précarisation vécue par un nombre élévé de ménages, mais aussi du caractère chronique que revêtent les difficultés financières de ces foyers dont les ressources sont constituées, le plus souvent, de minima sociaux ou de salaires précaires. Ces derniers s’avèrent le plus souvent insuffisants pour faire face aux besoins élémentaires de l’existence. Par ailleurs, certaines formes d’aide, comme le colis, impliquent une absence totale de choix des produits reçus. Autrement dit, l’impossibilité pour la personne de décider elle-même des produits qui conviennent le mieux à son mode de vie, ses habitudes culturelles, ses contraintes médicales (familles avec des jeunes enfants, personnes diabétiques...). A ces difficultés s’ajoutent une solitude et des problèmes de santé (malnutrition, dépression...) qui renforcent le processus d’exclusion. D’où la mise en place de l’Escale.
Description / Fonctionnement de l'action
L’Escale est une association loi 1901 qui fonctionne grâce au volontariat des bénévoles et d’un ensemble de partenaires tourquennois dont le CCAS, qui est partie prenante dans la mise en place et le fonctionnement de cette association. Elle s’adresse aux personnes résidant sur la commune et accueille les ménages en difficulté financière et sociale rencontrant des problèmes de gestion du budget et de vie quotidienne, souffrant de leur isolement, ou ayant envie de s’inscrire dans une démarche d’insertion.
L’épicerie se présente sous la forme d’un magasin classique où la personne peut effectuer ses achats de produits alimentaires et d’hygiène en fonction de ses habitudes, de ses goûts et contraintes alimentaires. Chaque partenaire prescripteur d’aide met à disposition une ligne de crédit accordée au titre de l’aide alimentaire, mais aussi de l’aide à l’insertion, pour un trimestre renouvelable. Cette ligne de crédit, matérialisée grâce à un chèquier fictif, permet d’effectuer les achats.
Des rencontres sont mises en place pour apporter des conseils, des informations, des échanges de savoir avec les participants. L’accompagnement personnalisé est complémentaire à celui exercé par les structures ou les associations qui orientent le public.
Fonctionnement :
L’action a lieu par demi-journée et accueille un groupe différent par demi-journée. Chaque demi-journée comprend un temps collectif suivi d’un temps d’achat. Trois groupes ont été mis en place. La participation au temps collectif est obligatoire. Les premières fréquentations permettent de déceler les envies et les besoins des personnes sous la forme d’échanges. Un climat de convivialité, d’écoute, est instauré pour faciliter ces échanges. Afin que la relation se crée entre des personnes, elles viennent toujours à la même demi-journée. Les animations sont faites sur différents thèmes (budget, alimentation, santé...) concernant la vie quotidienne, en fonction de la demande du groupe ou sur proposition de l’animatrice. Une mise en valeur des capacités et des connaissances des personnes vise à les amener à une participation personnelle.
Durant le temps d’achat, la personne se déplace à son gré dans les rayons de l’épicerie pour faire librement ses achats. Les prix des articles sont étiquetés à la valeur réelle, afin qu’il n’y ait pas de décalage avec les commerces extérieurs. Le paiement se fait à l’aide d’un chéquier fictif, dont le montant correspond à la valeur de l’aide accordée. Les personnes bénévoles sont présentes afin de conseiller les familles dans l’acte d’achat et la répartition des dépenses à la semaine.
Bilan
En 2009, quatre vingt neuf ménages ont fréquenté l’épicerie. La durée moyenne de présence des ménages dans l’action est de un à six mois pour 95 % d’entre eux. L’accueil peut se prolonger au-delà de six mois lorsque le ménage a besoin de plus de temps pour régulariser sa situation.
Profil des familles :
67 % de familles monoparentales ayant des enfants à charge dont la tranche d’âge se situe à pourcentage égal de 26 / 35ans suivi des 36 / 45 ans. Les ressources se composent du RSA pour 74 % du public accueilli.
En ce qui concerne la situation des ménages par rapport aux aides financières, il a été constaté que six mois après leur sortie, 70 % des ménages ne contactent plus leur référent pour solliciter des colis alimentaires ou des aides financières. L’association touche essentiellement des ménages dont les ressources se composent de minima sociaux ce qui explique que 14 % d’entre eux sollicitent toujours des aides financières car le budget est vite déstabilisé, surtout lorsque la gestion de celui-ci n’est pas acquise.
En 2009, 6 participants sont devenus membre du conseil d’administration. Une participante a travaillé avec les jardins familiaux pour la mise en place d’un partenariat avec l’association.
L’épicerie solidaire est une action qui contribue à la maitrise de la vie quotidienne par ses apports en économie sociale et familiale sous forme d’information et d’apprentissage. C’est aussi un lieu de développement personnel par la reprise de confiance en ses capacités, le lien social et la remobilisation sur des projets.
Depuis 2009, l’association est un point relais pour la vente de chèques crédits loisirs (en partenariat avec mission locale de Lille). Ces chèques permettent aux participants d’accéder à la culture pour une somme modique. Ce partenariat permet également à l’association de sensibiliser le public aux sorties culturelles et familiales.
Moyens
Moyens humains :
1 conseillère ESF à mi-temps (mise à disposition par le CCAS) ,
24 bénévoles occupant différentes fonctions (secrétariat, animation, comptabilité, transport...).
Moyens financiers :
Budget : 75 000 euros.
Les partenaires
Partenaires opérationnels
Interm’aide, les centres sociaux tourquennois, CCAS, les UTPAS (unités territoriales prévention d’action sociale), la banque alimentaire, les jardins familiaux, Service prévention santé, CIDFF, les bénévoles, les usagers.
Ils financent l'action
Conseil général (PLEPS), Banque alimentaire (denrées alimentaires), jardins familiaux Tourcoing (légumes).
Les observations du CCAS/CIAS
Des effets se font ressentir au niveau des familles qui expriment la satisfaction d’être accueillies dans une ambiance conviviale, d’être mieux informées sur leurs droits et les démarches à entreprendre. Des changements ont été constatés dans les habitudes de consommation (ex : baisser le chauffage, diminuer la consommation d’eau, gérer un budget…) et une amélioration de leur bien être. Lorsque les familles sortent du dispositif, elles sont « remobilisées » et s’investissent dans la mise en place de projet de vie (social ou professionnel). Quant aux partenaires, ils reconnaissent et utilisent cet outil comme moyen de prévention pour lutter contre le surendettement. L’Escale leur permet de travailler la gestion du budget efficacement mais aussi de restaurer du lien social.
Photo : Wikimedia Commons / Smiley.toerist
