EPISOL : épicerie sociale lodèvoise

Aides, accès aux droits
Publié le 22 octobre 2002

Elements clés

Contexte

Sur Lodève, les associations caritatives locales sont confrontées à une demande alimentaire et matérielle croissante surtout de la part d’un public en grande précarité avec l’apparition d’une population de plus en plus jeune. Néanmoins, la ville de Lodève s’inscrit dans une démarche dynamique et volontaire en mettant en place différentes actions de prévention et d’accompagnement social. L’épicerie solidaire est au centre de ses priorités. L’idée d’une épicerie solidaire, baptisée EPISOL, est venue, entre autres, d’une volonté de rompre avec les systèmes d’assistanat. C’est dans cette logique que, dès début 2001, le Centre Communal d’Action Sociale de la ville de Lodève a porté ce projet, soutenu par un ensemble de partenaires institutionnels et associatifs. La complémentarité qu’apporte EPISOL au travail des différentes associations caritatives locales et aux missions des travailleurs sociaux assure l’efficacité de cette action. En effet, une des particularités de cette épicerie solidaire est de réunir l’ensemble des organismes sociaux et des associations caritatives autour d’un même projet. Dès le 1er janvier 2002, un emploi-jeune a été recruté par le CCAS de Lodève pour assurer la mise en place de la coordination de l’ensemble des partenaires, pour élaborer les modalités de fonctionnement et d’attribution, pour la recherche et l’aménagement d’un local et enfin pour démarcher les fournisseurs, rechercher les financements et les bénévoles. EPISOL a ainsi pu ouvrir ses portes le 22 octobre 2002.

Description


Présentation de l'action


EPISOL est une épicerie proposant des denrées alimentaires et des produits d’hygiène et d’entretien vendus à moindre coût à des personnes en difficulté leur permettant ainsi de réaliser des économies pour atteindre un objectif déterminé et d’utiliser l’aide alimentaire pour favoriser leur insertion socio professionnelle. Ce dispositif présente différents objectifs :

Rendre l'usager acteur de son propre développement L’aide apportée par l’épicerie est un passage entre une situation d’urgence et la pratique d’une vie économique normale. Elle place l'usager en situation d’acteur et de consommateur, ce qui le responsabilise davantage et redonne une certaine dignité. La précarité atteint les personnes dans les actes les plus fondamentaux de la vie, à commencer par l’alimentation. Il semble important, d’un point de vue pédagogique, qu’une aide alimentaire ne se traduise pas uniquement sous forme de colis. Par le biais d’EPISOL, La personne retrouve le geste de choisir ses produits elle-même. Par ailleurs, la participation financière demandée à l'usager en échange des denrées permet une implication réelle de l'usager dans le dispositif.Créer du lien social et de la convivialité Cette épicerie n’est pas qu’un lieu de vente mais aussi un endroit chaleureux, propice au dialogue et aux rencontres, notamment entre bénéficiaires, ce qui permet de rompre l’isolement dans lequel se trouvent les personnes en difficulté. Favoriser l'équilibre alimentaire L'épicerie offre également au bénéficiaire la possibilité de se nourrir à moindre coût, de manière équilibrée et avec plaisir, à travers les conseils des bénévoles dans le choix des produits pour l’élaboration de menus et de recettes mais aussi grâce à des affiches de prévention sur des conseils sur les différents repas,  les risques du sucre…

 

Approvisionnement et prix des denrées : Afin de permettre le choix des produits pour les bénéficiaires, plusieurs sources d’approvisionnement sont possibles. Une convention a été signée avec la Banque Alimentaire de l’Hérault (BADH) et l’Association Nationale de développement des Epiceries Solidaires (ANDES) qui approvisionne EPISOL en fonction du nombre de demandeurs. Pour compléter l’alimentaire et avoir des produits d’hygiène et d’entretien, des produits sont achetés dans une grande surface (discount). Concernant les fruits et légumes, EPISOL se fournit chez un commerçant local.

Les produits de la Banque Alimentaire et de l’ANDES sont revendus à 10 % de la valeur marchande. Les produits achetés par EPISOL sont revendus à 30 %  de leur coût en supermarché (produits d’hygiène et d’entretien).

 

Accès au service : Pour bénéficier d’EPISOL, un demandeur doit constituer un dossier auprès d’un travailleur social ou d’un responsable d’une association caritative. Un dossier d’accès est alors constituée afin d’évaluer les revenus, étudier chaque situation sociale et calculer le reste à vivre (Somme des ressources – somme des charges) / nb de personnes au foyer / 30 jours.  La commission examine le dossier lorsque le RAV est inférieur à 8 euros/jour/pers et décide de son adhésion et de la durée d’accès à EPISOL (de 1 mois à 3 mois, renouvelable 1 fois). Le référent et le demandeur définissent ensemble les objectifs que celui-ci désire atteindre durant la période d’admission, en lien avec son insertion sociale et/ou professionnelle. Ainsi, l’économie réalisée sur le poste alimentaire doit servir à compenser un autre poste budgétaire (EDF, loyer, déplacement dans le cadre d’une formation ou d’une embauche, achat d’électroménager, aide à l’installation dans un premier logement...). L’examen du dossier de la personne se fait dans sa globalité c'est-à-dire que l’on va s’attarder aussi bien sur sa situation financière que sur sa situation sociale. Le panier est donc attribué au nouveau bénéficiaire en fonction de la composition familiale et de son reste à vivre. Le panier correspond à la valeur réellement dépensée par le bénéficiaire.  Exemple : Pour une personne seule avec un RAV de 0 euro = un panier de 4 euros par semaine = 40 euros en supermarché. Pour une famille de 4 personnes avec un RAV de 3 euros = un panier de 4.90 euros par semaine = 50 euros en supermarché.

 

Suivi individuel : La démarche de venir chaque semaine est nécessaire pour assurer un suivi optimal et ainsi permettre au travailleur social d’accompagner la personne dans sa globalité et l’aider régulièrement à atteindre ses objectifs.


Moyens


Les locaux d’EPISOL sont situés dans le bâtiment appartenant au CCAS. La superficie occupée est d’environ 120 mètres carrés. Le CCAS prend en charge les dépenses afférentes au local (électricité, téléphone, eau, femme de ménage). Moyens humains : - 1 conseillère ESF à 1/2 ETP. Elle assure la coordination entre les différents partenaires, accueille le public, manage l'équipe de bénévoles, assure le suivi des objectifs des bénéficiaires et leur propose un accompagnement hebdomadaire, recherche des financements et des partenaires donateurs. - 1 adjoint administratif (2 jours par semaine) gérant le stock et l'administratif. - 2 agents des services techniques de la Ville, chargés d'aller chercher les denrées alimentaires à la banque alimentaire tous les 15 jours et au supermarché discount 1 fois par mois. - 7 bénévoles participant à l'accueil du public sur les 2 demi-journées d'ouverture au public. Lors d'échanges avec les usagers, ils s'efforcent de repérer d'autres problématiques sociales liées à la situation du bénéficiaire et en référent à la conseillère ESF le cas échéant. Ils peuvent notamment donner des conseils nutritionnels et assister les usagers dans le choix de leurs produits.

Budget 2008 : 30 000 euros


Partenaires opérationnels


Le Pôle Départemental de la Solidarité du Conseil Général de l’Hérault, la Mission Locale Jeunes Coeur d’Hérault, la Mutualité Sociale Agricole,  le Secours Populaire, la Croix Rouge, le Secours Catholique, le CLIC Accord

Ils financent l'action


La Ville de Lodève, le Conseil Général de l’Hérault, l’association Nationale de Développement des Epiceries Solidaires (ANDES)

Bilan

Un bilan positif tout au long des années car les bénéficiaires sont acteurs de leur propre insertion qu’elle soit sociale ou professionnelle et par conséquent les objectifs établis lors de l’élaboration du dossier EPISOL sont de plus en plus atteints à la fin de l’accès. Une des forces d’EPISOL est l’élément de coordination qui s’est créé autour de ce projet. Qu’ils soient associatifs ou institutionnels, bénévoles ou salariés, les partenaires travaillent ensemble pour un public qui ne cesse d’évoluer depuis 2002. Aujourd’hui, l’épicerie rencontre de plus en plus de bénéficiaires salariés, en situation de surendettement, des travailleurs pauvres, des jeunes sans ressources et des personnes âgées retraitées depuis de nombreuses années, et le nombre de bénéficiaires ne cesse d’augmenter depuis 2007.Jusqu’à ce jour, la collecte de la Banque alimentaire de l’Hérault (BADH) réalisée en novembre 2008 nous permet de fournir une alimentation variée, mais la baisse de quantité des produits fournis par la BADH nous oblige à acheter de plus en plus de produits de base en supermarchés et augmente notre budget alimentaire.

Observations

L’ensemble des travailleurs sociaux a un retour très  favorable des bénéficiaires qui constatent notamment une évolution de leur situation. Les travailleurs sociaux ont été surpris par l’assiduité et la régularité de fréquentation des bénéficiaires. Par ailleurs, le travail effectué à l'épicerie est reconnu dans l'ensemble du département.EPISOL sert de modèle pour la création d’épiceries sociales. Ainsi de nombreux CCAS ont déjà fait appel à la structure afin d'avoir davantage d'informations sur son fonctionnement et de tenter de reproduire l'expérience dans leurs communes. Forte de son succès, la ville de Lodève souhaite élargir cette expérience dans le cadre de l’intercommunalité dès 2010.

Photo : Wikimedia Commons / Myrabella

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