J'ai compris, mais plus tard...
Fiche d'expérience

EPIC.E.A : EPIcerie d’Ecoute et d’Aide

EPIC.E.A : EPIcerie d'Ecoute et d'Aide

Contexte

De façon classique, le CCAS attribuait des bons alimentaires. Ils ne satisfaisaient ni les usagers, ni le CCAS. Ceux-ci étaient parfois mal à l’aise quand une caissière en sachant pas quoi faire de ce bon, appelait tout haut sa hiérarchie... les mettant dans une position délicate. Le CCAS a étudié tous les tickets de caisse et a découvert que les produits achetés n’étaient pas toujours de première nécessité ni alimentaires. A la suite d’un congrès à Creil (Oise) qui avait pour thème « L’aide alimentaire, outil d’insertion », une réflexion a été entamée pour la mise en place d’une épicerie sociale à Vierzon. Le CCAS avait en effet diminué l’aide alimentaire proprement dite en mettant davantage à contribution les autres institutions comme la CAF ou l’Aide sociale à l’enfance, voire les associations pour les urgences. En outre, une étude menée sur deux ans avait démontré que c’était souvent les mêmes familles qui en bénéficiaient sans pour autant voir d’amélioration dans leur situation. Notre aide n’était donc pas efficace. Même si les choix budgétaires du CCAS étaient de diminuer les aides sur ce plan, les besoins alimentaires demeuraient ; par exemple 25 % des aides à l’enfance demandées concernaient la nourriture. C’est pourquoi il fallait trouver un autre outil. Pour nous, l’aspect alimentaire était un prétexte, un support pour proposer autre chose aux usagers, comme les activités pour lutter principalement contre l’isolement social.

Description / Fonctionnement de l'action

A la faveur de la mesure emploi-jeune, de la disponibilité d’un local adapté et en centre-ville (proximité, arrêt-bus, ANPE, Poste, CCAS) et de la volonté municipale, Epicéa a été créée. L’étude du nom, de la couleur des locaux, de la circu

Bilan

L’accueil et l’écoute personnalisés : Epicéa est devenue au fil du temps un repère pour les usagers. Une fois que les personnes sont à Epicéa, il n’y a plus d’enjeu ni besoin d’expliquer une énième fois sa situation. L’aide alimentaire n’est pas distributive, les personnes ont le choix et sont guidées pour équilibrer autant que faire se peut les repas ; pour cela les ateliers-cuisine sont un bon apprentissage. Les prix affichés sur les produits sont ceux d’une grande surface. L’encadrement souple, avec les personnes bien identifiées encourage le public à venir et le rassure. Il faut reconnaître qu’il est très difficile de mobiliser les personnes surtout lorsqu’elles n’ont plus l’habitude de se projeter dans le temps, qu’elles ne savent pas ce qu’elles vont faire le lendemain ou à l’inverse qu’elles le savent trop, la routine étant si pesante et paralysante. Force est de constater également que lorsqu’un groupe est constitué, il est malaisé pour les nouveaux de l’intégrer. Il faut toute la diplomatie et l’encouragement de l’équipe pour former de nouveaux groupes. L’accompagnement est indispensable. Par exemple, pour ceux qui fréquentent l’atelier Internet, même s’ils ont l’habitude de s’y rendre, ils n’osent pas y aller seuls. On pourrait toujours nous rétorquer que cela se rapproche de l’assistanat, mais l’essentiel est de permettre la réalisation de la démarche. Il ne s’agit pas d’aider les bénéficiaires malgré eux, ni de faire à leur place. Les difficultés rencontrées résident dans aussi dans la recherche des subventions, dans la complexité des dossiers, dans l’incertitude de la reconduction de l’action.

Moyens

L’équipe d’Epicéa est composée de Sophie GUEDE, agent admnistratrif, de Virginie CANON, conseillère ESF, de Sylvie BERREHOUC, rédacteur principal - responsable du service action sociale, de Monsieur Bruno VIGNEL, employé chargé de l’approvisionnement et Virginie SAGUERRE, employée en contrat CAE.

Le comité de pilotage vient en appui, ainsi que les bénévoles et les agents de service qui pallient les absences. C’est le budget du CCAS qui finance, aidé pour partie par des subventions du Département et de l’Etat.
Moyens financiers - budget 2005 : dépenses : 113 661,50 Euros, recettes : 62 266,02 Euros.

Les partenaires

Partenaires opérationnels

Le comité départemental d’éducation pour la santé, une grande surface de Vierzon (dons de denrées à date de péremption rapprochée), la Banque alimentaire du Cher, les bénévoles des associations caritatives, les services techniques de la ville (approvisionnement à Bourges et enlèvement des déchets ménagers), les intervenants (diététicienne, animatrice en danse-thérapie) et en fonction des sujets (Maison de la Justice et du Droit...), le centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA de Vierzon qui oriente des personnes vers EPIC.E.A uniquement pour les activités), les agents du point CYB du Point Information Jeunesse pour les ateliers Internet et le public qui nous donne des idées de sorties, des suggestions pour l’achat des denrées.

Ils financent l'action

Le CCAS, la Ville de Vierzon via la subvention municipale.
Le département : fonds du Programme Départemental d’insertion (P.D.I.) / l’Etat : la DDASS avec les fonds du PRAPS / les usagers à travers leur participation (10 % pour l’aide alimentaire, 2 eu

Les observations du CCAS/CIAS

Epicéa est une action sociale qui est devenue indispensable. Sur le plan alimentaire Epicéa propose des produits de qualité et variés. Classés par groupe d’aliments, ils rappellent les informations diffusées pendant les ateliers-cuisine par la diététicienne. Epicéa est avant tout un lieu d’écoute et de détente, par exemple avec un coin-jeu pour les enfants. Ce lieu sans enjeu est d’autant plus propice à l’écoute et à la parole que la personne est libre de se confier, le personnel étant soumis au secret professionnnel. C’est un lieu protégé pour des personnes qui vivent le plus souvent d’incertitude. C’est aussi l’occasion de se lever le matin, d’avoir une raison de sortir de chez elles. De nombreuses personnes présentent un état de santé proche de la dépression et le fait d’aller à Epicéa force leur inertie. Si Epicéa est un lieu protégé, il ne demeure pas moins un lieu ancré dans la réalité. Réalité de la faim : des mauvaises habitudes alimentaires, des problèmes de santé liés au surpoids, aux dépendances, au diabète, etc...

Réalité des prix : les prix affichés sont les mêmes que dans les grandes surfaces. Réalité de la vie : les usagers conservent le rapport à l’argent en acquittant une participation. Réalité des modes de paiement : la personne reçoit un chéquier qui lui permet de s’acquitter de ses achats. Souvent, elle n’a plus de chéquier, elle est en interdit bancaire, sous tutelle... Réalité de la solitude et de l’exclusion sont en définitive les piliers d’Epicéa, et la raison d’être de l’épicerie. C’est ainsi que les activités sont mises en place pour lutter contre l’isolement social. Elles répondent aux attentes des usagers. Elles réussissent à fidéliser les bénéficiaires et à créer un lien social avec le sourire. C’est pourquoi, avec les réserves d’usage et même si les objectifs sont ambitieux, la réalité nous rend modestes et humbles mais déterminés face au quotidien et à l’action en faveur des usagers. Epicéa est donc devenue un outil incontournable dans l’action sociale vierzonnaise, en complément du restaurant social.

Photo : Wikimedia Commons / Croquant

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