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Difficultés d’accès aux droits et discriminations liées à l’âge avancé : l’état des lieux du Défenseur des droits

Difficultés d'accès aux droits et discriminations liées à l'âge (...)

Face au constat de l’enjeu des discriminations à l’égard des personnes âgées peu investies par les débats et politiques publiques, le Défenseur des droits a réalisé une étude afin de documenter les difficultés d’accès aux droits, les inégalités de traitement et les discriminations dans l’accès aux biens et aux services des personnes âgées vivant à domicile.

Cette étude présente les difficultés rencontrées par les personnes âgées dans leurs relations avec les services publics et aborde la question des discriminations. Les résultats de cette étude invitent à replacer cet enjeu au cœur des débats et politiques publiques portant sur l’effectivité des droits fondamentaux des personnes âgées.

L’ACCES AUX DROITS : UNE PERSONNE SUR CINQ CONFRONTEE A DES DIFFICULTES

Près d’un quart des personnes de 65 ans et plus évoquent des difficultés pour faire valoir leurs droits.
Le niveau de dépendance des personnes âgées, la situation de précarité, la maitrise de la langue française et l’usage d’internet apparaissent comme des facteurs fortement associés aux difficultés dans la réalisation de démarches administratives chez les personnes âgées.
Les personnes en situation de dépendance ont deux fois plus de chances qu’un individu autonome d’avoir des difficultés à remplir des démarches. Il en est de même pour les personnes déclarant avoir des difficultés financières ou des faibles revenus.

Les personnes de 65 ans ou plus ayant un usage d’Internet rare déclarent davantage de difficultés administratives que les personnes ayant des usages plus fréquents, ce qui vient souligner l’impact de la dématérialisation des services publics sur cette catégorie de population. La difficulté d’utilisation des outils numériques et l’accès à Internet pour ceux habitant dans des zones blanches ou n’ayant pas d’ordinateur, ou encore l’absence de maitrise des usages d’Internet s’avèrent être des réalités qui concernent particulièrement les personnes âgées.

Face à une difficulté avec une administration ou un service public, les principaux problèmes évoqués par les personnes âgées sont la difficulté à contacter quelqu’un (28%), le manque d’information (19%) ou la mauvaise information (18%) et enfin l’absence de réponse (18%).
Même si l’usage d’Internet au sein de la population des séniors est en croissance, selon le dernier Baromètre du numérique, les personnes âgées restent les moins nombreuses à déclarer effectuer des démarches administratives en ligne (CREDOC, 2021).
La fermeture des agences de proximité participe également à ces difficultés dans la réalisation des démarches administratives, en particulier dans les zones rurales, comme l’évoquent les aidants de personnes âgées dépendantes.
Les difficultés survenant dans les relations avec les administrations peuvent être à l’origine d’un renoncement aux droits. Les taux d’abandon sont significativement associés à la situation de précarité des personnes âgées : les personnes âgées déclarant des difficultés financières abandonnent deux fois plus fréquemment les démarches que les personnes se déclarant à l’aise financièrement.

UNE FAIBLE RECONNAISSANCE DES DISCRIMINATIONS

Seulement 30 % des personnes âgées de 65 ans ou plus pensent que les discriminations interviennent « souvent à très souvent ». La tendance chez les personnes âgées à sous-estimer les discriminations serait le signe d’une forme d’intériorisation des situations d’inégalités et de discriminations.
Le regard des aidants des personnes âgées en situation de dépendance se révèle plus aigu que celui des personnes âgées elles-mêmes sur ces phénomènes discriminatoires.

L’étude révèle une forme de « hiérarchie » dans les perceptions des discriminations selon les critères : les personnes âgées dénoncent plus fréquemment les discriminations à raison de l’origine ou de la couleur de peau (28 %) que les discriminations liées à l’âge ou au sexe par exemple (moins de 20 %).
Le domaine de l’emploi est identifié comme étant le plus fortement discriminatoire, suivi de l’accès au logement (23 %).

Près d’une personne âgée sur cinq est victime de discrimination liée à l’âge. Les discriminations se sont manifestées le plus souvent dans les contextes suivants : les transports publics (42 %), les relations avec les services publics (39 %) et l’accès aux biens et aux services privés (34 %).
L’enquête révèle une association entre la déclaration de ces discriminations et l’état de santé, la vulnérabilité économique ou encore, dans une moindre mesure, l’origine.
Face à une discrimination, une personne âgée sur cinq décide de ne rien dire. Le faible recours en cas de discriminations est préoccupant.

Ces résultants viennent réinterroger la place des personnes âgées dans nos sociétés et invitent à remettre la question des discriminations liées à l’âge avancé au cœur des débats et politiques publiques. Notre attention est appelée sur la nécessité d’opérer un changement d’approche sur le sujet du grand âge afin de retrouver le sens de l’universalité des droits pour ne pas confiner la question de l’avancée en âge à une approche catégorielle qui tendrait à stigmatiser davantage les personnes concernées.

POUR ALLER PLUS LOIN

Etudes & Résultats, Difficultés d’accès aux droits et discriminations liées à l’âge avancé : une étude auprès des personnes âgées de 65 ans ou plus vivant à domicile, octobre 2021

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