Consulter les personnes âgées pour être au plus près de leurs besoins et de leurs souhaits

Grand âge
Publié le 1 janvier 2001

Elements clés

Contexte

Depuis 2001, le conseil d'administration du CCAS a confié une mission de diagnostic de la situation des personnes âgées de la commune au service animation solidarité retraités (SASR) afin de connaître leurs besoins et leurs attentes et de mieux lutter contre leur isolement. Cette action intervient en complément des actions menées par le SASR, l'ensemble des services d'action gérontologique (maintien et soins infirmiers à domicile, accompagnement social, tutelle) et le CLIC.

La population âgée de Tourcoing étant nombreuse (plus de 15 000 personnes de plus de 60 ans dont 2 700 âgées de 80 ans et plus), et le quartier une entité territoriale reconnue, les diagnostics basés sur les entretiens individuels proposés à toutes les personnes âgées, sont effectués quartier par quartier. Grâce aux éléments recueillis, des actions adaptées aux personnes âgées de plus de 80 ans et/ou isolées ont été mises en œuvre progressivement dans ces quartiers par le SASR.

Au Flocon : des rencontres bimensuelles ont été organisées, elles réunissent régulièrement 24 personnes, accompagnées par des agents et des bénévoles. Au Blanc-Seau : en plus des séances hebdomadaires de gymnastique d'entretien et d'un atelier mémoire, des séances bimensuelles de gymnastique sur chaise ont été mises en place à la maison des services (les personnes y sont menées en minibus). De plus, ce diagnostic révélant que de nombreuses personnes âgées prenaient constamment leurs repas seules, a été l'origine de la création de l'action "repas partagés" en petits groupes.

En 2003 et 2004, les diagnostics sur la situation des habitants des Phalempins et du parc Logicil Belrencontre (bailleur social) se sont déroulés dans le cadre de l'appel à projet "Viellir dans son quartier, des aménagements à inventer ensemble", lancé par la Fondation de France. Pour ces projets, le SASR a bénéficié de l'aide d'un psychosociologue pour la grille d'entretien, le questionnaire et l'analyse des données, du renfort d'un agent formé en sociologie pour les entretiens, et a partagé les enquêtes avec l'association "Générations et Cultures". Ces diagnostics ont eu de ce fait une plus grande ampleur que les précédents, ils se sont en effet intéressés aux personnes de plus de 75 ans au lieu de 80 ans et ont développé les questions de vie de quartier, d'habitat, ces deux quartiers connaissant des projets importants de réhabilitation. Le bilan de ces diagnostics respectifs a été partagé lors de rencontres avec les partenaires de proximité ainsi qu'en conseil de quartier.

En ce qui concerne les actions dans le quartier des Phalempins : En amont du diagnostic, des séances bimensuelles de gymnastique ont été mises en place. Le SASR a participé à des rencontres intergénérationnelles portées par le centre social. Une action de portage de livres en lien avec la médiathèque a démarré, certaines personnes âgées ne pouvant manifestement plus sortir de chez elles ou n'en ayant plus le goût. Des agents ont ensuite participé à une action de transmission d'expériences avec l'association Générations et Cultures dans une école de quartier.

En juin 2005, le diagnostic a été réalisé auprès des 400 habitants de plus de 75 ans du quartier Belrencontre hors parc LOGICIL. Ce quartier, composé essentiellement de petites maisons anciennes, connaît également des transformations urbaines. En mai 2006, pour répondre aux demandes, une nouvelle animation collective pour les plus âgés et/ou les plus isolés a été créée par le SASR en partenariat avec le centre socioculturel Belrencontre qui l'accueille dans ses locaux.

Après ce diagnostic, il est prévu de poursuivre ultérieurement la démarche dans un quartier comprenant une part importante de personnes d'origine étrangère, ce qui permettra qu'une analyse des besoins et des attentes de la population viellissante issue de l'immigration soit effectuée.

Description


Présentation de l'action


L'action mise en place par le CCAS a pour objectif de prévenir l'isolement, et de favoriser la citoyenneté et la vie sociale des personnes âgées de la commune.

Les objectifs généraux sont de : - connaître les besoins, les demandes et les attentes des personnes âgées quartier par quartier en leur donnant la parole, - prévenir l'isolement et maintenir la vie sociale des personnes âgées en tenant compte de leur diversité, en créant des conditions favorables à la vitalité sociale : le voisinage, les forces vives du quartier, les partenaires, en mettant en place des act

Les objectifs opérationnels sont : - la mobilisation et l'association en amont, pendant le diagnostic et lors du bilan des partenaires de proximité, - la consultation des personnes âgées par le moyen d'entretiens semi-directifs à domicile, l'information et l'orientation en cas de besoin, - l'analyse des éléments recueillis dans un bilan quantitatif et qualitatif, - la mise en place des actions en fonction du bilan.

Depuis 2001, cinq diagnostics sur la situation des personnes âgées dans leur quartier ont été réalisés, un sixième est programmé. Pour les deux premiers diagnostics, vingt et un entretiens dans le quartier du Flocon et quarante-cinq entretiens dans le quartier du Blanc-Seau ont été réalisés auprès de personnes âgées de plus de 80 ans. Le dernier diagnostic a été effectué auprès des 400 personnes âgées de plus de 75 ans. 175 entretiens ont ainsi pu être menés. Pour le prochain diagnostic, il est prévu de poursuivre la démarche dans le quartier Bourgogne, où vit un nombre important de personnes d'origine étrangère et de rencontrer des retraités plus jeunes.

En amont de chaque diagnostic, un rapprochement est établi avec les partenaires institutionnels et associatifs du quartier, une quête d'informations est réalisée sur la vie du quartier via la politique de la Ville et sur les services existants. Des courriers sont adressés aux personnes âgées les informant de la démarche de diagnostic et de la future visite à domicile qui leur est proposée. Lorsque les personnes âgées acceptent de recevoir l'agent d'animation, un entretien semi-directif, qui permet à la personne de s'exprimer largement, est mené à partir d'une grille d'entretien. Un questionnaire est ensuite rempli. L'entretien reprend les caractéristiques du foyer, la qualité du réseau de parenté, la qualité du réseau de sociabilité, le logement, l'état de santé, la mobilité et les déplacements, le rapport au quartier, les loisirs, la vie quotidienne, les ressources et les demandes exprimées par la personne.

Une fois toutes les visites à domicile effectuées, un bilan quantitatif et qualitatif est réalisé à partir des questionnaires. Ce bilan fait ensuite l'objet d'une analyse des besoins et des demandes exprimées par les personnes âgées, d'un partage au sein du CCAS et avec les différents partenaires des quartiers, afin que les éléments du bilan puissent servir à améliorer la qualité de vie des personnes âgées, que ce soit en terme de vie sociale, d'habitat et de vie de quartier. Des actions adaptées sont également mises en place en fonction des besoins détectés : animations collectives, repas partagés, portage de livres, etc.


Moyens


Moyens humains : Six agents.

Moyens financiers : Budget de l'année 2005-2006 Dépenses : Animateur territorial (huit mois équivalent temps plein d'un animateur territorial réparti sur six agents) soit 17 120 euros, Coordination et rédaction du bilan : 4 142 euros, Secrétariat : 2 140 euros, Matériel et questionnaires : 1 635 euros, Frais de structure : 4 692 euros, Total : 29 729 euros

Recettes : 29 729 euros (CCAS).


Partenaires opérationnels


Le centre socioculturel Belrencontre, les différents services de l'action gérontologique du CCAS, le CLIRPA-CLIC, les services municipaux de politique de la Ville et de concertation, le PACT, les conseils de quartiers, le réseau associatif Générations et Cultures.

Le service social CRAM, le centre social Bourgogne et l'ASSFAM (Association service social familial migrants) deviendront les prochains partenaires dans le cadre du démarrage du prochain diagnostic courant de l'année 2007.


Ils financent l'action


Aucun.

Bilan

Bilan quantitatif : Nombre d'entretiens réalisés au domicile des personnes âgées : 21 entretiens dans le quartier du Flocon en 2001, 45 entretiens dans le quartier du Blanc-Seau en 2002, 156 entretiens dans la quartier des Phalempins en 2003, 44 entretiens dans le quartier Logicil Belrencontre en 2004, 175 entretiens dans le quartier Belrencontre hors parc Logicil en 2005 (enquête terminée en août 2006).

Nombre de personnes âgées bénéficiant des nouvelles actions mises en place en fonction des besoins repérés lors des diagnostics à fin 2006 : * 84 participants aux 5 animations de quartiers ont moins de 70 ans, 30% ont entre 70 et 79 ans et 40% ont plus de 80 ans. 10% sont bénéficiaires de l'APA, les autres participants sont des personnes du grand âge ou isolées. * 65 personnes supplémentaires se sont inscrites aux sorties minibus : 20% ont moins de 70 ans, 40% ont entre 70 et 79 ans et 40% ont plus de 80 ans. 14 personnes font partie de foyers bénéficiant du service de soins à domicile, 5 d'entre elles ont des aidants naturels, 9 relèvent des GIR 1 à 4, les 41 autres personnes sont en perte d'autonomie ou isolées au niveau affectif et social ou tout simplement viellissantes. * Les repas partagés sont proposés aux personnes les plus isolées parmi ces 159 personnes : 12 repas pour 53 participants. * 25 personnes bénéficient du portage de livres à domicile avec l'aide de 8 bénévoles, 5 personnes ont des visites de convivialité, * 5 autres retraités participent à des ateliers de danse avec les enfants d'école marternelle dans le quartier des Phalemplins.

Bilan : Points positifs: Au niveau des personnes âgées : La personne âgées est au cœur de la démarche : elle est consultée lors d'une visite à domicile. Elle s'exprime sur son entourage familial, social, son quartier, son habitat, ce qui favorise sa citoyenneté. La visite de diagnostic a un caractère préventif lorsque des personnes âgées encore autonomes se rendent compte qu'elles sont obligées d'avoir un rythme plus lent, que leur santé s'affaiblit mais qu'elles n'ont pas encore fait appel à l'aide de tiers pour leur vie quotidienne. La personne âgée peut être informée immédiatement ou orientée vers les services d'aide à domicile ou autres si des besoins sont répérés, être contactée dans un second temps pour être aidée, pour intégrer une nouvelle animation si elle le souhaite ou si elle semble souffrir de solitude. L'équipe du SASR reste à la disposition des personnes âgées, il n'est pas rare que des personnes rappellent le service plusieurs mois après la visite, voire une année. Les éléments de la consultation, servent de base à la mise en place d'actions adaptées aux besoins et aux attentes des personnes âgées. Ils sont partagés avec les partenaires qui peuvent les prendre en compte lors de leur prise de décision (par exemple la réhabilitation de logements).

Au niveau de la démarche : La démarche de diagnostic menée par le CCAS est évolutive, elle prend de plus en plus en compte le cadre de vie des personnes âgées vivant à domicile, le fil conducteur étant de lutter contre leur isolement. Les deux premiers diagnostics ont concerné des personnes du grand âge et avaient pour principal objectif de mettre en place des animations adaptées afin de favoriser le maintien d'une vie sociale et de lutter contre l'isolement, en évitant le risque de réclusion à domicile. Puis les deux diagnostics suivants, réalisés dans le cadre du projet de la Fondation de France pour lesquels un accompagnement par l'UNCCAS a été effectué, ont dépassé ces premiers objectifs : * des personnes plus jeunes ont été consultées (75 ans au lieu de 80) ce qui comporte une notion de prévention importante, * les conditions d'habitat, de vie de quartier ont été prises en considération en plus des autres critères, * une véritable collaboration a été créée le jour avec les partenaires : centre social, conseils de quartiers et bailleurs sociaux avant que des travaux de réhabilitation ne soient entamés.

De plus, l'aide du psychosociologue, le partenariat avec Générations et Cultures, le travail en équipe avec l'agent formé en sociologie, ont été très formateurs pour l'équipe du SASR et ont permis que les outils restent opérationnels et adaptables pour le diagnostic en cours et les prochains.

Point négatif : La démarche de diagnostic est exigeante en temps, donc en moyens humains. Le diagnostic d'un quartier se déroule sur une année car les agents d'animation du service effectuent ces visites en plus de leurs tâches traditionnelles : visites aux retraités ayant perdu leur conjoint, aide administrative, soutien aux douze clubs de retraités, animations sportives, ateliers mémoire puis animations spécifiques pour les plus isolés et/ou les plus âgés.

Observations

L'expérience de diagnostics-actions a permis :

  • la mise en œuvre d'une écoute de la personne âgée et la prise en considération de celle-ci en tant que citoyenne. La personne âgée apprécie beaucoup cette initiative.
  • l'action préventive du diagnostic et son action concrète en cas de besoin,
  • l'adaptation effective et progressive des actions mises en place par le service animation solidarité retraités aux besoins et demandes exprimées,
  • le développement du partenariat autour de la personne âgée. A partir des diagnostics, le SASR multiplie des relations de complémentarité avec les acteurs des quartiers. Cette démarche, pérenne et évolutive, favorise les relations entre les générations.

Pour le prochain diagostic qui se mettra en place dans le quartier de la Bourgogne dans le courant de l'année 2007, le travail en amont a commencé avec la politique de la Ville, le RALI (Réseau des Acteurs Locaux de l'Intégration), le centre social du quartier, les bailleurs sociaux : HLM, LOGICIL, l'ASSAFAM, le service social de la CRAM.

Photo : Wikimedia Commons / Smiley.toerist

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