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Attractivité des métiers du grand âge : les leviers d’action identifiés par l’enquête du Cercle vulnérabilités et société

Attractivité des métiers du grand âge : les leviers d'action identifiés (...)

Face à des métiers du grand âge exposés depuis plusieurs années à une crise chronique profonde et des besoins croissants des personnes âgées, le Cercle Vulnérabilités et Société a mené une grande enquête sur l’attractivité des métiers du grand âge afin d’identifier des moyens de la soutenir et de la renforcer.

1. La vision très positive du grand âge dans l’esprit des Français

Plus de 4 Français sur 5 (83 %) envisagent le grand âge comme un âge riche de savoirs et de connaissances, ainsi qu’une chance que la société doit pouvoir valoriser. Néanmoins, 17 % l’appréhendent comme un fardeau, pesant sur les ressources financières et humaines, qu’il faut assumer.
Tout en partageant ces positions unanimistes, les personnes disposant de l’expérience de l’accompagnement du grand âge sont, cependant, celles qui en soulignent le plus les principales difficultés : la fragilité et la dépendance (73 %), la précarité et la solitude (64 %).

2. L’inquiétude des Français face à la pénurie de personnel

A la quasi-unanimité (pour plus de 9 Français sur 10), la pénurie actuelle de personnels pour prendre en charge le grand âge apparaît comme une situation grave et structurellement appelée à durer.
Les conséquences de cette pénurie sur la vie des personnes âgées sont jugées comme « très graves ». Les Français soulignent leur impact sur la qualité des soins (51 %) et sur la qualité de vie et l’accompagnement des personnes (46 %).
Similairement, les conséquences sur les professionnels et le système sont considérées comme « très graves » tant concernant le bon fonctionnement de la prise en charge de la dépendance (43 %) et du système de santé (39 %), mais également la qualité de vie au travail des professionnels (35 %).
86 % des Français s’inquiètent des conséquences de cette pénurie en termes de surplus d’implication des proches et des familles.
Et leur inquiétude s’avère croissante lorsqu’on évoque les possibilités de résoudre la situation à l’avenir, le manque de personnel leur apparaissant comme durable…

3. Le niveau de satisfaction professionnelle plutôt élevé des personnes travaillant dans le grand âge

Dans un contexte médiatique dominé par le tropisme de la souffrance au travail des soignants et des accompagnants, la satisfaction au travail des professionnels du grand âge (a posteriori, et non selon des critères d’attractivité, a priori) ne s’avère pas significativement différente de celle de la population générale. Elle s’établit même à un niveau plutôt élevé de 6,6 / 10 en moyenne.
Plus loin, des critères plus altruistes sont évoqués : être utile aux personnes (31 %) ou à la société (27 %), les valeurs de l’employeur (19 %), l’impact écologique (9 %).

4. La perception ambivalente des métiers du grand âge

Une tendance à la banalisation (« un métier comme un autre ») est observée, surtout auprès des plus jeunes.
La perception positive des métiers du grand âge découle de caractéristiques positives bien ancrées dans l’esprit des Français : des métiers de vocation (89 %), ayant du sens (96 %) en dépit du fait qu’ils demeurent dans l’esprit général des métiers insuffisamment rémunérés (93 %), usants et épuisants (91 %), mal reconnus et mal considérés (91 %).
Pour 34 % des Français, ce sont des métiers qui conservent des perspectives de carrière.

5. Les facteurs d’attractivité des métiers du grand âge évolutifs avec l’âge ou l’expérience

A l’entrée dans ces métiers, sont essentiellement mises en avant l’utilité sociale et la relation humaine. Avec l’âge et l’expérience, les conditions de travail et le niveau de salaire semblent prendre le pas.
Parmi les métiers du grand âge, les métiers du soin sont perçus comme moins attractifs (23 %) et requérant des compétences plus techniques.
Sans doute en lien à sa faible valorisation sociale, le métier d’auxiliaire de vie souffre d’un déficit sérieux d’attractivité (21 %), ce qui dénote par rapport aux attentes à l’égard du développement du maintien des personnes âgées à domicile.

6. En termes d’exercice des métiers du grand âge, la conformité des attentes des Français aux évolutions attendues de l’offre et aux transformations du rapport au travail

53 % des Français préféreraient exercer ces métiers du grand âge à domicile ou en réseau, 34 % dans un établissement pour personnes âgées et seulement 13 % à l’hôpital, ce qui apparaît en phase avec le virage domiciliaire engagé par les pouvoirs publics.
Pour autant, les personnes, surtout celles sans expérience, ne semblent pas mesurer les difficultés liées au travail à domicile.

7. Les quatre recommandations et des pistes d’actions potentielles

• Valoriser les apports du grand âge plutôt que les besoins en réduisant les messages dévalorisants :

-  Valoriser les témoignages de personnels en place, en mettant en perspective les apports de l’expérience vécue auprès des personnes âgées,
-  Promouvoir les réussites technologiques, industrielles ou de service rattachées à la prise en compte du grand âge,
-  Favoriser les études et recherches universitaires visant à évaluer les impacts du grand âge sur la société,
-  Susciter des vocations (appel à réalisation, financement de projets) de nature à renforcer la place des personnes âgées.

• Replacer les métiers du grand âge dans une perspective résolument tournée vers l’avenir plutôt que dédiée à solder le passé : écrire et construire une véritable épopée contemporaine :

-  Stimuler des démarches de design en vue de doter les métiers et leurs lieux d’exercice des attributs de la modernité (architecture, support métiers…),
-  Créer des liens plus étroits entre les lieux d’accompagnement et leur bassin éducatif et d’emploi,
-  Valoriser les passerelles compétences entre les métiers du grand âge et d’autres secteurs.

• Construire une véritable approche marketing par cible/métier tenant compte des attentes et des besoins des personnes susceptibles d’intégrer la filière du grand âge :

-  Construire des kits mis à disposition des acteurs de terrain en vue de les aider dans leur démarche de recrutement : annonces type de recrutement, conseils…
-  Identifier et travailler à l’organisation des principaux métiers en vue de les rendre les plus désirables possibles : ajustement des horaires, aide au déplacement…
-  Investir les réseaux sociaux et de communication.

• Envisager de poursuivre la réflexion autour d’autres initiatives de nature à créer un contexte (ou écosystème) favorable :

-  Diversifier les possibilités d’exercer les métiers du grand âge, tant en termes de statuts, qu’en termes de nature de l’activité.
-  Au domicile notamment, porter une attention particulière à la qualité de vie des professionnels pour qui cette activité peut constituer un facteur d’isolement, voire de mise en danger du fait des rythmes qu’elle impose.
-  Assouplir la règlementation et plus largement alléger les contraintes administratives qui pèsent sur ces métiers.
-  Renforcer la formation,
-  Créer à terme des filières d’excellence des métiers du grand âge,
-  Susciter les conditions d’une meilleure association des bénévoles auprès des métiers, notamment dans les établissements où ils peuvent contribuer à faciliter l’exercice professionnel.

Téléchargez la note du Cercle Vulnérabilités et société « Améliorer l’attractivité des métiers du grand âge : quels facteurs, quels leviers ? Résultats, analyse, recommandations et pistes d’action »

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