J'ai compris, mais plus tard...
Fiche d'expérience

Atelier de quartier : « Paroles d’habitants »

Atelier de quartier : « Paroles d'habitants »

Contexte

En 2003, certains discours politiques concernant l’irresponsabilité des parents et leur incapacités à éduquer leurs enfants se sont généralisés et renvoyaient une image stigmatisante des familles. Ces réflexions ont amenés le CCAS à être plus près des personnes, les réunir, les écouter, les comprendre. Plutôt que de renvoyer la faute aux parents, le CCAS de Saran constate qu’il n’est pas facile d’être parents à une époque où la précarité sociale (emploi, économique, affective...) touche directement ces personnes dites des « cités ». Mais cela est-il suffisant pour s’autoriser à penser qu’ils peuvent être de plus de « mauvais parents » de « mauvais jeunes », de « mauvais adultes ». Le CCAS qui a souhaité savoir si ses préoccupations étaient identiques à celles des habitants et a décidé de lancer l’action « Paroles d’Habitants ».

Description / Fonctionnement de l'action

L’atelier « Paroles d’Habitants » est un temps de rencontre hebdomadaire proposé dans un local municipal au sein du quartier. Il est organisé le jeudi matin (9h30-12h) autour d’une collation.

Deux axes de travail sont proposés :
- Régulation des tensions et conflits de leur quotidien.
- Réflexion sur des projets à court terme et moyen terme (fête de Noël, fête de quartier, sortie à la journée...).
Dans un premier temps, l’atelier est un lieu d’échanges où chacun parle librement sans jugement de valeur. A partir de l’expérience de chacun, une communication collective s’établit pour créer un espace de parole. Chaque rencontre réunit en moyenne 20 adultes.

Dans un second temps, l’échange suscitant une dynamique de projet, l’atelier devient un lieu de proposition et de montage de projets bénéfiques pour le quartier. La finalisation des projets permet de valoriser les savoir-faire et l’implication des personnes qui se reconnaissent comme "étant capable de" .

Plusieurs projets ont déjà vu le jour :
En 2007  : création d’une pièce de théâtre avec eux « Empreintes » et jouée par eux deux fois sur le quartier (180 spectateurs) traitant avec humour de leur vie de citoyen en situation de précarité : apprentissage technique du théâtre, écriture des textes, mise en scène...

En 2006  : écriture de texte en collaboration avec l’APLEAT (Association de Prévention et de Lutte des Toxicomanies) puis lecture publique par une compagnie d’artistes « Les Fous de Bassan »

En 2005  : création de maquettes symbolisant « comment je vois mon quartier » en collaboration avec les « Fous de Bassan » exposées ensuite et mises en scène lors d’une grande fête de la Ville « Les Rencontres »

En 2003 et 2004  : Ecriture de deux journaux, l’un traitant de la parentalité et l’autre de la discrimination.

● Depuis 2004 : organisation de vacances familiales au bord de la mer pour une durée d’une semaine.

L’objectif étant de permettre aux parents et enfants de partager des moments de plaisirs et ainsi retisser des liens familiaux hors du contexte quotidien. Actuellement, le groupe prépare une création théâtrale avec pour partenaires l’Association LAE (Lieu d’Accueil et d’Ecoute pour les violences conjugales et le Théâtre de « L’imprévu » avec comme thématique « Du sentiment amoureux à la violence ».

Bilan

Points positifs :
A court terme : le contact immédiat avec les familles qui posaient des problèmes de comportement sur le quartier, a permis d’atténuer les conflits de voisinage. L’intervention de proximité a eu pour effet de désacraliser les institutions (en particulier la Mairie) et de transmettre la connaissance des dispositifs publics et associatifs.

A moyen terme : Les liens tissés à travers le groupe leur a permis de sortir de leur isolement social en créant des relations amicales et de solidarité.

A long terme : Certaines familles ont retrouvé, par les relations de confiance et les actions mises en oeuvre, l’énergie nécessaire à la mobilisation vers les projets de vie (accès à l’emploi, à la formation, favoriser la vie familiale) mais aussi la capacité à s’organiser et à adapter leur savoir être face à diverses situations (ex : répondre présent à une convocation d’établissement scolaire lors d’exclusion de leur enfant avec une maîtrise du comportement)

Un renouvellement du groupe se fait régulièrement et permet de maintenir une dynamique collective.

Points négatifs : Certains professionnels s’interrogent sur la dépendance du groupe vis à vis des deux intervenants de l’action.

Moyens

Budget total 2008 : 28 000 euros (charges de personnels comprises)
Deux éducateurs spécialisés : l’un dépendant du CCAS, l’autre dépendant du service insertion-prévention de la ville.

Les partenaires

Partenaires opérationnels

APLEAT, les Fous de Bassans, LAE, le théâtre de l’Imprévu

Ils financent l'action

CAF du Loiret (2 000 euros de subvention en 2008)

Les observations du CCAS/CIAS

« Paroles d’habitants » a réuni des personnes en situation de précarité socio-économique, certaines étaient isolées, d’autres étaient connues pour des troubles de voisinage et des difficultés éducatives avec leurs enfants.

Le travail de proximité permet d’instaurer des relations de confiance et de poser un diagnostic social en amont.

La réalisation des différents projets permet de démontrer aux jeunes que leurs parents ou « l’adulte » en général est dans la capacité de s’organiser, de construire des rapports positifs et de finaliser des actions.

Depuis, certains jeunes ont formulé et construit des projets de groupe. ils se sont fortement mobilisés lors des manifestations organisées par « paroles d’habitants ».

L’atelier a finalement favorisé une réelle dynamique intergénérationnelle au sein du quartier.

Photo : Wikimedia Commons / Ryanblu

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