Contexte
La Courneuve montre depuis longtemps une sensibilité particulière pour les droits des femmes. Le contrat municipal 2001-2007 s’est donné pour objectif de faciliter cet accès aux droits. La ville a créé en 2003 le comité de promotion des droits des femmes, qui s’inscrit dans « l’observatoire des violences envers les femmes de la Seine-Saint-Denis », regroupant quatorze communes sous l’égide du conseil général.
Le CCAS a décidé de s’engager dans cette démarche en créant un dispositif d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales.
Description / Fonctionnement de l'action
Il s’agit d’un hébergement temporaire de 3 femmes victimes de violence (et de leurs enfants), dans 2 appartements relais appartenant à un organisme HLM et situés sur la commune. Une assistante sociale, recrutée à mi-temps, est chargée de la mise en œuvre de l’action et de l’accompagnement social.
L’accueil dans l’appartement-relais est conçu comme une étape du travail d’insertion et d’autonomisation. Il ne s’agit pas d’une structure d’urgence. Il s’agit de permettre aux femmes victimes de violences conjugales de trouver des solutions d’hébergement temporaire tout en contribuant à leur relogement définitif, avec l’accompagnement nécessaire.
Cet accompagnement permet à la femme de réaliser matériellement et psychologiquement la séparation comme une étape nécessaire. La reconsidération de soi (et des enfants) dans l’appartement-relais, avec du temps prévu pour cela, contribue à la reconstruction de la personne et de la famille, en mesure in fine d’entrer durablement dans un logement.
Les femmes accueillies sont préparées à la proposition d’accompagnement et ont commencé une réflexion sur leur recherche d’autonomie. La décision de quitter le domicile conjugal demande du temps. Les femmes signent conjointement un contrat d’hébergement et un contrat d’accompagnement, indissociables.
Public concerné : accueil de trois femmes majeures et sept enfants au maximum.
Logement : deux appartements de type F4. L’un est destiné à accueillir deux femmes et leurs enfants en cohébergement et le second une autre famille. Le CCAS de Paris est locataire des appartements, les familles hébergées versant une participation correspondant à 10 % de leurs ressources et à un montant forfaitaire pour les charges.
Durée de l’accueil : le temps d’accueil prévu est de six mois renouvelables une fois. C’est le temps nécessaire pour la construction du projet social et la recherche d’un logement définitif.
Une commission de huit membres se réunit tous les deux mois pour faire le point sur la situation des personnes prises en charge. Elle est composée d’un administrateur du CCAS, de l’adjoint à la directrice du CCAS, d’un membre du bureau du comité des droits des femmes, de l’assistante sociale municipale référente du dispositif, de la directrice de SOS femmes, de la responsable de la CAF, de la responsable du service social du conseil général et de la directrice du Centre d’information sur le droit des femmes et de la famille (ou de leurs représentants).
Bilan
Les 3 femmes et leurs 7 enfants accueillis ont à ce jour évolués favorablement, en retrouvant la sérénité et une possibilité de construire l’avenir. Deux femmes ont amélioré leur vie sociale et leur relogement est en cours. Pour la troisième, la difficulté d’insertion et le faible niveau de ressources handicapent la recherche d’un logement, un projet de bail glissant est donc à l’étude.
La gestion des logements n’a pas posé de problème, les femmes ont respecté le contrat, en réglant leur participation régulièrement. La cohabitation, qui a été difficile pendant une période, s’est régularisée ensuite, les femmes ayant compris l’enjeu pour chacune d’elles.
Les partenaires locaux (CAF , CIDFF, Maison du droit et de la justice, service social départemental, etc.) se sont bien impliqués dans l’apport technique.
La première année de fonctionnement apparaît positive et le CCAS a reconduit l’action pour l’année 2007-2008.
La difficulté principale est due à la situation du logement en Ile-de-France. Le relogement des familles à la sortie de l’appartement-relais est compliqué par le faible nombre de logements disponibles dans le parc social et le montant des loyers dans le parc privé.
Moyens
Une assistante sociale à mi-temps.
Le CCAS gère le budget de l’action : investissement initial pour meubler les logements, paiement des loyers et des salaires.
Il perçoit l’ALT, qui couvre une partie des loyers.
Les partenaires
Partenaires opérationnels
CAF, conseil général, Centre d’information sur les droits des femmes et de la famille, association SOS femmes, Comité des droits des femmes.
Ils financent l'action
CAF (versement de l’ALT).
Les observations du CCAS/CIAS
Les appartements-relais sont une micro-structure sans lourdeur de fonctionnement, demandant peu de moyens.
Cette expérience est réussie car elle remet sur pied des femmes, également mères de famille, à bout de forces quand elles arrivent.
Sa réussite est due à une bonne adéquation entre le public reçu et les moyens mis à disposition, et à un accompagnement soutenu des familles accueillies.
La plue-value sociale et psychologique est indéniable, notamment pour les enfants. Elle se mesure à la réalisation de démarches difficiles (divorce), à l’implication dans la recherche de solutions. A la sortie, les femmes sont durablement « sorties d’affaire ».
Les perspectives seront d’ouvrir des partenariats communaux et extra communaux pour mieux répondre aux besoins en logement de ces femmes victimes de violence.
Photo : Wikimedia Commons / Hegor