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Fiche d'expérience

Action d’auto-réhabilitation accompagnée sur les cités « Baléares et Rois de Majorque »

Action d'auto-réhabilitation accompagnée sur les cités « Baléares et Rois (...)

Contexte

Le programme s’inscrit dans le programme national expérimental « créer des services d’accompagnement et d’auto-réhabilitation » placé sous le parrainage du secrétariat d’Etat au logement. Il encadre une démarche pilote et innovante de développement social à partir d’une préoccupation majeure des ménages : le logement, considéré comme étape de base préalable à toute démarche d’intégration.

En milieu urbain comme en milieu rural, en banlieue comme en centre ville, des personnes en difficulté sociale, très démunies, connaissent des problèmes de logement difficiles à résoudre. Elles occupent un logement dégradé, voire indécent ou insalubre. Elles sont mal insérées socialement et ont parfois du mal à assumer leur rôle éducatif.

Une mesure de relogement, même lorqu’elle est possible, s’avère parfois inadaptée car elle peut entraîner une rupture de lien social.

Dans bien des cas, il est préférable de maintenir ces ménages sur place, mais il faut alors enrayer le processus de dégradation du logement et procéder à une remise en état. Comment faire, alors que souvent ces publics manquent non seulement de ressources monétaires, mais aussi de ressources culturelles et des savoir-faire indispensables pour améliorer ou simplement entretenir leur logement.

L’auto-réhabilitation accompagnée propose à ces publics en difficulté sociale de mobiliser leur propre force de travail pour remettre en état leur logement. Afin que les travaux soient réalisés conformément aux règles de qualité et de sécurité, il est proposé d’encadrer ces chantiers et de fournir aux bénéficiaires un monitorat technique et social de qualité.

Description / Fonctionnement de l'action

L’amélioration matérielle du logement ne peut se réduire à la mise en œuvre de gestes techniques et de procédures. Elle doit s’inscrire dans un projet social personnalisé et dynamisant.
Pour cela, il faut se donner les moyens techniques, financiers et administratifs et respecter un certain nombre de principes :

1) création d’un comité de pilotage : il est composé d’un représentant des partenaires financiers.

2) création d’un comité technique : il est composé de personnes qualifiées issues des services suivants : conseil général, CAF, Ville (centre social du quartier, service d’urbanisme...), Office Public d’HLM de la ville, associations de quartier, équipe opérationnelle, CCAS de Perpignan.

Ce groupe de travail, qui a une bonne connaissance du projet, et qui se réunit une fois par mois, est chargé de mettre en place l’accompagnement des habitants à plusieurs niveaux :
* en permettant l’accès à l’information :
a) en interne : il fait l’inventaire des outils développés par les partenaires et s’assure, en respectant les différents champs de compétence, une complémentarité d’action pour aider les habitants à accéder à l’information, à l’initiative, aux droits, à travers la question du logement et d’élaborer un protocole de collaboration. Il s’informe sur l’avancée du projet global de réhabilitation du quartier pour mieux en apprécier les articulations (organisme de réhabilitation pour le logement, équipe d’étude préopérationnelle, opérateur de réhabilitation...),
b) en direction des habitants : il est un vecteur d’information supplémentaire du projet en direction des habitants pour les associer dans toutes les phases d’élaboration de requalification du quartier par un accompagnement individuel et collectif, afin qu’ils comprennent et qu’ils y participent,
* en permettant un soutien technique adapté : il assure la concertation pour que l’équipe en charge de l’auto-réhabilitation n’ait aucune difficulté à évoluer entre les différents dispositifs en rodant les interfaces. Il soutient l’équipe d’auto-réhabilitation pour l’aider dans ses choix : pour quelle famille l’action d’auto-réhabilitation est la plus urgente, la plus porteuse ?

3) Mobilisation des partenaires et des travailleurs sociaux locaux.

4) Recrutement d’une équipe opérationnelle.
* le coordinateur, assistant social ou CESF (un demi-poste) :
- il assure l’interface entre les familles, les bailleurs, les services sociaux et tous les organismes compétents impliqués dans le cadre de la réhabilitation des secteurs Baléares - Rois de Majorque,
- il organise avec l’animateur technique des temps de régulation et prépare avec lui les réunions avec les partenaires,
- il anime pour l’action les réunions de suivi,
- il a progressivement la charge de veiller à pérenniser et à développer l’action.
* l’animateur technique (poste à temps complet) :
L’animateur technique a pour fonction d’animer sur le quartier le groupe d’habitants impliqué dans la démarche d’auto-réhabilitation de leur logement. Il est indispensable qu’il ait une compétence technique vérifiée dans un des métiers du « second œuvre » du bâtiment.
a) Il a la reponsabilié technique de la mise en œuvre des ateliers d’auto-réhabilitation :
- il fait, avec les membres du ménage, un état des travaux à réaliser par les personnes elles-mêmes, ainsi que ceux qui incombent au propriétaire,
- il chiffre les matériaux et assure la logistique pour les mettre à disposition des personnes,
- il donne des conseils et apprend à réaliser correctement les ouvrages (plan de travaux, gestes techniques...),
- il met à disposition des personnes l’outillage nécessaire et explique le bon usage,
- il contribue pour une part à la réalisation du chantier sur des travaux techniques ou plus physiques, mais aussi dans un but d’apprentissage.
b) Recherche de financements pour l’achat de matériel :
- il a la responsabilité pédagogique dans la mise en œuvre des ateliers et de leur organisation :
- il ne s’agit pas de faire mais de faire faire aux personnes,
- il est nécessaire à l’animateur d’appréhender les difficultés des personnes avec lesquelles il est amené à travailler : manque de confiance en soi, manque de savoir-faire, difficutés d’ordre culturel... mais aussi, personnes installées dans un fonctionn
Cet apprentissage dans le logement vise au-delà de la bonne réalisation des travaux. Il vise la revalorisation de l’image de la personne.
c) Il contribue à l’action sociale mise en œuvre pour les familles :
- il est amené à travailler avec les travailleurs sociaux qui accompagnent les familles dans leur parcours d’insertion sociale,
- il est tenu à un positionnement professionnel qui prend acte de la distance à instaurer, de la discrétion à garder,
- il doit pouvoir rendre compte aux référents sociaux des difficultés rencontrées par les personnes mais aussi des évolutions et transformations significatives dont il est témoin dans le cadre de son travail.

5) Mise en place d’ateliers d’animations collectives.
Où sont donnés : l’apprentissage des gestes techniques, l’information sur des droits et devoirs des locataires et des bailleurs ainsi que des informations sur différents thèmes (eau, électricité...),
Où sont développés les échanges et l’entraide entre les familles.

6) Mise en place de chantiers.
Pour chaque chantier individuel, il est prévu un temps de concertation avec l’habitant et le travailleur social qui le suit afin de définir un projet qui soit réellement celui du ménage, en cohérence avec son mode de vie et avec son environnement local. Il est également prévu un temps de suivi pour favoriser une bonne appropriation du logement après le chantier.

L’opérateur fait en sorte que ce soient les mêmes personnes qui préparent le chantier avec le bénéficiaire et qui encadrent sa réalisation. Cela requiert un personnel compétent, formé à l’accompagnement technique et social de personnes en difficulté et qui doit être payé en conséquence. L’organisation du chantier doit viser à ce que le bénéficiaire et ses proches réalisent eux-mêmes la plus grande part possible des tâches.
Le projet d’amélioration concilie d’un côté l’adaptation du logement au mode de vie et aux ressources des bénéficiaires et, d’un autre côté, le souci de qualité ainsi que du respect de l’intégrité du bâti et des règles de sécurité.

Mise en place de l’atelier technique :
- achat de l’outillage nécessaire à l’activité de l’atelier d’auto-réhabilitation. Ce matériel est mis à la disposition des habitants,
- location d’un local qui sert de « lieu rencontre » et d’entrepôt de l’outillage.

7) Résultats attendus et moyens d’évaluation.
Comptes-rendus quantitatifs et quantitatifs :
Compte-rendu sur le nombre de familles participant aux réunions d’information, sur le nombre de familles mobilisées par un projet d’auto-réhabilitation, sur le nombre d’appartements mis en chantier, la nature des travaux, les difficultés rencontrées et les effets observés.

Bilan

Points positifs :
- amélioration du cadre de vie,
- appropriation du logement,
- développement de l’entraide entre voisins,
- revalorisation ou restauration de l’image du chef de famille,
- initiation des enfants à valeur du travail,
- réduction des consommations de fluides,
- développement d’actions complémentaires d’insertion par l’habitat (atelier petite décoration, réfection de meubles usagés...).
Difficultés rencontrées :
- activation du partenariat de terrain,
- remobilisation du public en cours d’action.

Moyens

Moyens humains :
Un coordinateur : assistante sociale ou CESF,
Un animateur technique qui possède de solides compétences en second œuvre du bâtiment, des aptitudes pédagogiques et une expérience dans l’animation de groupes et dans l’organisation des chantiers.

Moyens financiers :
Budget réalisé 2005 : 114 090 Euros.

Les partenaires

Partenaires opérationnels

L’Etat, la DDE, la DDASS, la Ville de Perpignan, la CAF, la Caisse des Dépôts et Consignations, la Caisse d’Epargne, le conseil général, EDF, la Fondation de France, le Fonds d’Action et de Soutien pour l’Intégration et la Lutte contre les Disciminations (FASILD), les compagnons bâtisseurs, le PADES (Programme d’Auto-évaluation pour le Développement Social), les assistantes sociales du quartier.

Ils financent l'action

L’Etat, le FIV, la DDASS, la Ville de Perpignan, la CAF, la Caisse des Dépôts et Consignations, le conseil général, EDF, la Fondation de France, le FASILD.

Les observations du CCAS/CIAS

L’expérience montre que, lorsqu’elles sont bien conduites, les démarches d’accompagnement à l’auto-réhabilitation du logement ont des effets sociaux et techniques très intéressants et qu’elles offrent un outil de développement social territorialisé adaptable à la diversité des contextes locaux et de publics en difficulté.

Les effets sont pluridimensionnels.
Adaptation et appropriation du logement : faire des travaux chez soi, c’est pour l’habitant un moyen de l’améliorer, de l’adapter à ses besoins et à son mode de vie, de l’embellir et de l’aménager. Même si les travaux sont modestes, le bénéficiaire reçoit, outre les formations techniques, des informations sur les économies d’énergie et d’eau, des conseils pour lutter contre les problèmes de santé par défaut d’hygiène ou d’entretien. L’amélioration a toutes les chances d’être durable car le bénéficiaire aura donné de sa personne pour faire de son logement « son chez lui ».

Une démarche d’insertion sociale dynamisante : l’accompagnement social et technique permet de démarrer un projet sur le logement. Pendant le chantier, le bénéficiaire mobilise son énergie et ses ressources pour le mener à bien. Il fait un apprentissage à l’autonomie favorisé par la conduite d’un chantier pour lequel doit gérer son temps et prendre des initiatives pour mener à bien certains travaux.

Cet effet dynamisant peut se poursuivre après la fin du chantier par la reprise de la confiance en soi, par la capacité retrouvée pour faire face à d’autres difficultés, pour reprendre un projet professionnel en panne.

Un outil d’aide à la famille et à l’enfance : les effets sur la dynamique familiale se font sentir dans le couple, à travers la mise en œuvre du projet, mais aussi entre les générations. Les enfants sont les principaux bénéficiaires des chantiers. C’est pour eux aussi un moyen de s’initier au travail par la participation aux travaux. Pour les parents, le chantier est l’occasion de montrer à leurs enfants leur capacité à faire, à affirmer leur autorité.

Un support d’intégration sociale : le chantier modifie de manière positive les relations du bénéficiaire avec son environnement. Il n’a plus honte de son logement et se trouve en capacité de renouer des relations avec ses amis, ses voisins.

A noter que cette démarche d’auto-réhabilitation est également expérimentée par trois autres CCAS : Les Mureaux (consulter la fiche expérience sur cette même banque), Le Havre et Bordeaux.

Photo : Wikimedia Commons / Monster1000

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