Accueil et accompagnement parent-enfant

Enfance et jeunesse
Publié le 1 novembre 2007
Le Lieu d'Ecoute et d'Accompagnement des Parents (LEAP) de Semur-en-Auxois est créé en novembre 2007. Il accueille des parents et leurs enfants âgées de 0 à 6 ans, des futurs parents en désir ou en attente d'un enfant, des grands-parents, des parents et leurs enfants vivant séparés. Le LEAP est ouvert tous les mardis de 15h30 à 18h30 et un mercredi par mois de 9h30 à 11h30 dans le cadre de l'atelier contes, où des personnes âgées viennent conter des histoires aux enfants et à leurs parents.

Elements clés

Contexte

L'action se déroule sur le canton de Semur-en-Auxois lequel compte 29 communes pour 9292 habitants.  Deux principaux éléments sont à l'origine de la création du Lieu d'Ecoute et d'Accompagnement des Parents (LEAP) : 1. En 2005, la responsable du Relais d'Assistantes Maternelles (RAM) observe d'une part une forte demande des parents à participer à des ateliers. D'autre part, qu'il existe un réel questionnement de fond pour les familles sur les fonctions parentales. Ainsi, en novembre 2006 une analyse diagnostic est menée auprès des acteurs locaux de la petite enfance complétée par des recherches théoriques. Celle-ci révèle l'incapacité (matérielle et humaine) des services existants à mener des actions répondant aux attentes des parents en matière de parentalité. Différentes rencontres permettent également de constater l'absence sur le territoire, de structures d'accueil dédiées aux parents et enfants vivant séparés. Seule l'Association Rencontre Parents Enfants située à Dijon exerce cette mission sur le département (Elle a accueillie 580 familles en 2008). Néanmoins, les familles qui habitent l'Auxois rencontrent de nombreuses difficultés pour s'y rendre.

2. Depuis mars 2007, la loi sur la protection de l'enfance reconnaît et pose clairement le cadre de l'existence des espaces rencontre enfants parents séparés. La modification du code civil permet d'ailleurs, dans certains cas, d'y organiser le droit de visite. Par ailleurs, l'article L.222-4-2 de la loi permet au service de l'Aide Sociale à l'Enfance et les services habilités d'accueillir tout mineur et ses parents, dans un lieu situé à proximité du domicile, afin d'apporter un soutien éducatif, ainsi qu'un accompagnement à sa famille dans l'exercice de sa fonction parentale. En parallèle, le rapport de 2008 de la Défenseure des Enfants précise : "Les espaces rencontre sont des lieux indispensables pour le maintien des liens insuffisamment soutenus par les pouvoirs publics." Enfin, le schéma départemental de la Côte d'Or souligne :"Au regard de la complexité de certaines situations familiales qui ne requièrent pas pour autant l'intervention des services de la protection de l'enfance, il est nécessaire de développer dans un but préventif en différents points du département des lieux d'accueils parents-enfants permettant d'apporter une réponse mieux adaptée sur l'ensemble du territoire départemental."

Description


Présentation de l'action


Le LEAP est un espace d'accueil ou les familles entrent librement, sans rendez-vous, et de manière anonyme. L'une des finalités du lieu réside dans la rencontre mutuelle des parents, afin qu'ils puissent échanger, se rassurer, dédramatiser et trouver eux-même des solutions pour faire face aux difficultés qu'ils peuvent rencontrer en qualité de parents. Par ailleurs, des jeux et des ateliers pédagogiques sont proposés aux parents et aux enfants afin des les aider à ouvrir le dialogue et trouver là encore des solutions à des problèmes récurrents. L'accueillant facilite le lien parents-enfant et la prise de parole entre adultes. L'espace rencontre, dédié à l'accueil de parents et d'enfants vivant séparés, a ouvert ses portes en décembre 2008. Pour plus de commodité, l'espace est ouvert les mercredi, samedis et dimanche en journée. Cet espace peut en effet être désigné par un juge des affaires familiales ou un juge pour enfant, comme lieu neutre pour la rencontre du parent disposant d'un droit de visite et de son enfant. Les modalités du droit de visite sont fixées par l'ordonnance du juge. Contrairement au LEAP, les parents viennent, dans ce cadre, sous contrainte et le travail avec ces familles repose sur la mise en place d'une relation sécurisante entre eux et l'enfant. Les accompagnateurs recontrent dans un premier temps la famille, définissent le cadre de l'accompagnement et évaluent régulièrement avec elle l'évolution de la relation avec l'enfant. Le soutien parental s'entreprend autour du relationnel enfant-parent et de la place de ce dernier. L'objectif du soutien et que chacun apprenne à se connaître, à se reconnaître, à s'accepter et à se respecter.

 

Le LEAP et l'espace rencontre obéissent à une charte éthique rattachée à la charte des droits et libertés du code de l'action sociale et des familles.


Moyens


Moyens humains : Une équipe de personnes intervenantes est en cours de recrutement. Ses fonctions seront d'accueillir, d'accompagner les familles et d'être garantes du bon fonctionnement des lieux.

Par ailleurs, une psychologue (2 heures par mois) intervient dans le cadre de l'analyse de la pratique auprès du coordonnateur qui, jusqu'à ce jour, prend en charge l'accueil et l'accompagnement des familles.

Budget 2008 : 4 713 euros (fiancement des salaires : 3506,77 euros, de services extérieurs : 414 euros et 792 euros d'achats).


Partenaires opérationnels


Le relais d'Assistantes Maternelles (RAM), le multi-accueil de Semur "Les pt'its Loups", la Protection Maternelle Infantile (PMI), le Centre d'Action Médico-Spécialisé Précose (CAMSP), la CAF, le centre social d'Epoisses, la Résidence Sociale/FJT de Semur "Coluche", le service Jeunes mères Chrysalide, l'Espace Socio-Culturel "Le Mail" de Semur, les professionnels du secteur de la Protection Judiciare de la Jeunesse (PJJ), les Juges aux Affaires Familiales (JAF), les Juges pour Enfants (JE), les associations : "Histoire de vie" et "les papis et mamies conteuses d'Epoisses".

Ils financent l'action


Subventions : - Etat : 1 000 euros, - Commune de Semur 2101 euros, - Caisse d'Allocations Familiales (CAF) : 1613 euros.

Bilan

Le LEAP accueillent actuellement une dizaine de familles. Généralement, les parents se rapprochent du lieu lorsqu'ils se sentent perdus dans l'éducation de leurs enfants et qu'ils sont parfois en proie aux jugements de leur propre famille, de leurs amis ou encore des professeurs des enfants. Le LEAP leur permet de se rassurer dans l'échange avec d'autres parents. De prendre conscience qu'ils ne sont pas les seuls à rencontrer des difficultés éventuelles. Après une première année de fonctionnement, le LEAP a démontré qu'il correspondait à un besoin de la population mais aussi des professionnels du territoire. Les personnes qui fréquentent le lieu apprécient son aspect chaleureux et rassurant. Par ailleurs, le LEAP a démontré qu'il représentait un acteur complémentaire sur le territoire dans le dispositif de la petite enfance en affirmant ses différences et son travail autour de la parentalité.

Une des difficultés majeure rencontrée au cours de cette première année demeure la représentation que peuvent se faire les parents d'un tel lieu pensant qu'ils vont devoir parler uniquement de leurs problèmes et de ce fait hésitent à venir. Lorsqu'ils franchissent le seuil ils repartent convaincus du contraire et le bouche à oreille fait le reste en terme de communication. Toutefois, un processus reste à developper afin de faire passer le message que ce lieu n'est pas d'une réservé exclusivement aux parents en difficultés et qu'il n'appartient pas au domaine de la psychologie ou autres thérapies.

Un travail de communication et d'information doit également être développé avec les professionnels de la petite enfance et de l'action sociale qui adressent au LEAP des familles qui ne s'y présentent jamais.

 

L'espace rencontre, ouvert plus récemment a permis d'accompagner deux pères dans la rencontre avec leurs enfants en lieu dit neutre. Après trois mois, l'équipe d'accompagnement a réussi à éviter un placement en internat éducatif pour deux enfants, permis à un des deux pères de recouvrer des droits d'hébergement pour un de ses fils. Concernant l'autre parent, il a commencé à prendre auprès de son enfant sa place et la mère à porter un regard différent sur le père et lui permettre d'accueillir son fils à son domicile en journée.

L'existence aujourd'hui d'un tel lieu sur le territoire répond à un réel besoin et à une attente en terme de proximité tant pour les familles que les professionnels de la protection de l'enfance. Néanmoins, le cadre de travail est moins souple que pour le LEAP et l'équipe a dû s'adapter et être rigoureuse au regard du cadre juridique.

Observations

Le LEAP et l'espace rencontre correspondent à un réel besoin sur le territoire. Leur création permet un accompagnement de proximité et de renforcer le lien parent-enfant.

Le LEAP constitue un axe alternatif, ni social ni psychologique. Un lieu au sein duquel les parents ne sont pas jugés où ils prennent conscience d'une part, du processus de pression sociétale qui se joue aujourd'hui avec l'objectif d'être un parent parfait. D'autre part, qu'ils sont des parents ni bons ni mauvais et qu'ils s'exercent leurs fonctions avec ce qu'ils sont et ce qu'ils ont appris de leurs parents. Le LEAP se place aussi en terme de prévention en exerçant dans le secteur de la petite enfance et en accompagnant des futurs parents en attente voire en désir d'enfant. Nous soutenons ainsi ces personnes à passer de couple à parents en sachant qu'ils sont nombreux à se séparer à l'arrivée du bébé. Enfin le LEAP développe progressivement différents ateliers (contes, café parents, randonnées poussettes) afin de permettre la rencontre parentale, l'échange.L'espace rencontre évite aux familles de faire 140 kilomètres (aller/retour) afin de rencontrer leurs enfants. Le déplacement ne représente plus un obstacle pour les familles qui répondent ainsi plus facilement à l'injonction du juge. Cette proximité géographique des parents permet de les rencontrer plus facilement et plus rapidement et d'adapter l'organisation des visites qui parfois sont réduites à une heure par mois. Par ailleurs, l'accueil s'effectue en nombre limité et permet un accompagnement et un soutien du lien parent-enfant de qualité et non de quantité.

Photo : Wikimedia Commons / Christophe Finot

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