Accompagnement santé

Santé
Publié le 1 septembre 1990

Elements clés

Contexte

En 1990, le département du Doubs a été retenu comme site expérimental du programme européen "Pauvreté 3" auquel la Ville de Pontarlier a souhaité participer. C'est ainsi que le CCAS de Pontarlier et le CODES 25 (Comité Départemental d'Education à la Santé) du Doubs ont choisi de développer une action "accompagnement santé".

Ce programme avait pour objectif d'expérimenter et d'évaluer les pratiques des intervenants sociaux auprès des populations en difficulté sociale et/ou professionnelle ; et donc de répondre au plus juste aux besoins multiples des personnes. A l'issue des 4 années du programme, l'action a été pérennisée et s'intègre parfaitement dans le dispositif d'insertion.

Description


Présentation de l'action


L'accompagnement santé individualisé est destiné aux personnes en grande difficulté sociale (situations de précarité, pauvreté, exclusion, problèmes de santé). Ce public est le plus souvent suivi par un travailleur social. Il arrive aussi que les problèmes de santé amènent les personnes à une première démarche qui débouche par la suite sur un parcours d'insertion sociale et/ou professionnelle.

La mise en place de cette action est motivée par les besoins d'une population pour laquelle le recours aux soins est difficile (image de soi négative, absence de confiance en soi, mal de vivre, déni des pathologies, etc...).

Ce travail a pour objectifs : - d'assurer un lien entre la personne et son environnement sanitaire et/ou social, - d'utiliser ce qui se passe concrètement dans la vie des personnes afin d'aborder progressivement leur santé et les accompagner dans cette démarche de prise de conscience.

Cela signifie : - la mise à disposition d'un lieu et d'un temps d'écoute, d'aide, de réflexion et de suivi, - l'information et la responsabilisation sur les comportements de santé (dépendances, hygiène corporelle, hygiène de vie, dépistages...), - la réflexion sur les attitudes, croyances, représentation de la santé de chacun, - la contribution à l'apprentissage d'aptitudes nouvelles à gérer sa santé, - l'orientation du public vers les structures (centre d'examen de santé, hôpital...) ou les professionnels de santé (généralistes, CMP...) et parfois l'accompagnement concret vers ces professionnels, - l'accompagnement dans les gestes de la vie quotidienne (aide à la prise de traitements médicamenteux, douches, échanges de vêtements...).

La prise en charge de ces personnes ne permet pas d'envisager un schéma type définitif : il s'agit de parcours individuels à construire avec chaque personne.

Les rencontres peuvent se faire au sein du CCAS ou dans les structures autres que les personnes fréquentent : au domicile, accueil de jour, abri de nuit, CHRS, résidence sociale, dans la rue.

Les prescripteurs de cet accompagnement sont les travailleurs sociaux du CCAS et les centres médico-sociaux, les personnes elles-mêmes, les services administratifs, les structures d'insertion, l'hôpital, les associations caritatives.

La prise en charge est de durée variable et tient compte de l'adhésion de l'usager, des diffcultés rencontrées et de leur complexité.


Moyens


Une infirmière cadre en santé publique ayant pour mission l'accompagnement santé mais aussi une collaboration à la politique de promotion de la santé sur le territoire de la Ville et relevant du secteur politique de la ville dans le cadre du contrat local de sécurité. Le CCAS participe à hauteur de 50 % des frais de l'action. Le Conseil Général, dans le cadre des actions du FDI (Fonds Départemental d'Insertion), finance à hauteur de 30 %, les 20 % restant résultent de projets menés par le CODES. Le CCAS met à disposition de la salariée un bureau au sein de la structure et toute sa logistique (téléphonie, informatique, mobilier...) Budget 2008 : 54 000 euros

Partenaires opérationnels


Personnel du CCAS et de la mairie de Pontarlier, organismes de formation, l'entreprise d'insertion, les chantiers écoles, l'association intermédiaire, les éducateurs de la prévention spécialisée, les urgences hospitalières, le centre médico-psychothérapeutique, le centre hospitalier de Pontarlier, le commissariat, le foyer des travailleurs, le dispositif Haut-Doubs logement, les associations caritatives, l'accueil de jour, les médecins, le Centre Départemental de Prévention Alcoolisme (CDPA).

Ils financent l'action


Le CCAS de Pontarlier, le CODES 25, le conseil général du Doubs.

Bilan

Poins positifs : le partenariat entre CCAS et CODES permet d'offrirl'accompagnement santé dans les réponses proposées par le CCAS et la collaboration entre assistantes sociales, service logement, accueil et accompagnement santé, facilite le traitement rapide des situations urgentes ou vécues comme telles par les usagers. La prise en charge peut ainsi se réaliser de façon très formelle ou très adaptée à l'usager. La grande richesse est la complémentarité des missions de chacun dans un souci de prise en charge globale. Autre point positif, le CCAS est un lieu de référence pour les plus démunis où ils se sentent écoutés, accompagnés, rassurés. Cet ensemble leur permet de retrouver un cadre structurant qui les aide à redevenir acteur de leurs décisions. Par ailleurs, l’infirmière fait partie intégrante de l’équipe sociale du CCAS pour travailler ensemble auprès des publics en grandes difficultés. A ce titre, une analyse de la pratique professionnelle est mise en place depuis 2007, à destination de l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire : assistantes sociales, infirmière, psychologue, adjoint d’animation, apprentie en économie sociale et familiale.

Points négatifs : Le maintien des bilans de santé : en effet, le centre de médecine préventive se situant à 130 kms de Pontarlier, il est difficile de faire se déplacer des personnes ayant une notion du temps modifiée. La délocalisation de ces bilans à Pontarlier a été un progrès pendant 3 ans. Désormais pour des raisons internes au centre de médecine préventive, les bilans ont lieu à Besançon (60 kms) pour un effectif très réduit et à raison de 4 fois par an et l'on retrouve les difficultés liées à l'éloignement.

Observations

Cette expérience démontre que même dans une petite ville, il est possible de faire un travail important de prise en compte des plus démunis à partir du moment où il existe une volonté politique faisant preuve d'innovation tout en repérant au plus juste les compétences existantes. Il n'y a pas de complexe par rapport aux expériences reconnues et de références réalisées dans les grandes villes. Autre richesse également, c'est l'apprentissage du décloisonnement institutionnel et des pratiques professionnelles qui permet d'aborder au mieux la globalité des difficultés rencontrées par les personnes.

Cette expérience de collaboration permet de tisser au-delà du lien CCAS/CODES, un maillage opérationnel sur la ville qui prend en compte les différentes facettes de la précarité et de l'exclusion et où les acteurs de terrain se connaissent bien dans leurs compétences habituelles et peuvent imaginer des partenariats jusque là non envisagés.

Photo : Wikimedia Commons / Yves LC

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