Un observatoire social de la précarité des personnes âgées

Publié le 1 février 2010

Elements clés

Contexte

Si le vieillissement annoncé de la population française ne constitue plus une surprise, cette situation concerne de près la ville de Perpignan, dont 27 % de sa population a plus de 60 ans. D’après les données INSEE, les plus de 75 ans augmenteront de plus de 35 % sur la ville sur les 25 prochaines années…

Depuis une dizaine d’années, les préoccupations des pouvoirs publics touchent principalement les personnes âgées dépendantes, plus en terme de risque social, que de catégorie sociale. Pourtant il existe une autre réalité que celle de la maladie, ou celle de la perte d'autonomie, à savoir, la précarité de ces personnes âgées du fait de très faibles revenus.

Frappée par la crise, et peut être plus durement encore que d’autres villes de l’arc méditerranéen à l’activité plus dense, la commune de Perpignan est confrontée à un réel problème de précarité sociale… Les premiers touchés sont les plus vulnérables, les moins bien préparés. S’ajoute aux publics traditionnellement en voie d’exclusion, un nombre malheureusement croissant de personnes âgées jadis « intégrées » et aujourd’hui précipitées dans un processus lent de désaffiliation. L’analyse de besoins sociaux faisant apparaitre une très forte hausse en 2009 des demandes d’interventions d’urgences auprès de cette population.

Face à ce contexte social délicat le risque de voir les personnes âgées organiser leur propre repli est réel.

 

Très peu abordée dans l’élaboration des politiques publiques cette problématique n’a jamais été étudiée de prés, alors que convergent les observations des différents intervenants sociaux sur l’extension des situations de précarité ainsi que l’aggravation de l’isolement dont elles sont victimes.

L’ensemble des institutions locales s’accordent sur la nécessite de la « qualification de ce qui fait problème » autour de 3 variables : la précarité, l’isolement, et l’âge. Il convient d’en étudier leur éventuelle corrélation  et les liens de causalité que les observateurs supposent souvent de façon intuitive.

L’idée n’étant pas ici de commanditer une énième étude sur ce sujet, ou de rassembler l’ensemble des données statistiques souvent assez peu déclinables en termes opérationnels, mais bien de renforcer la capacité d’analyse des opérateurs locaux autour de cet objet de travail.

C’est ainsi que sur la proposition du CCAS, est  née l’idée de créer un outil de partage de données, d’analyse partenariale, d’aide à la décision autour d’un espace interdisciplinaire alliant intelligence universitaire et pratique de terrain, appelé ici "l’observatoire local des précarités".

Description


Présentation de l'action


L’objectif de l’observatoire est de se situer vers un modèle d’étude-action où elle intègre une approche critique de l’offre disponible sur les politiques d’accompagnement des publics précarisés plutôt que dans la compilation d’éléments chiffrés ou d’observations difficilement re-coupables. Porté conjointement par le CCAS et l’université de la ville, le projet se déroule en plusieurs phases :

Une étude de faisabilité Une étude de préfiguration à été mené par une étudiante en master de sociologie spécialement missionnée pour cette étude auprès des principaux opérateurs ciblés (Département, CPAM, CAF, MSA) ainsi qu’en direction de certaines associations locales. Cette étude de faisabilité s'est déroulée à partir d’entretiens visant d’une part à informer ces partenaires de l'initiative mais d’autres part, de connaitre leur positionnement, leur attentes, leurs appréhensions et leurs propositions. L'élaboration de l'outil Un collège scientifique et technique a été composé dans la perspective de dépasser les observations partielles et convenues et de définir des problématiques afin de peser sur les politiques de prévention à mettre en œuvre.

Les objets de réflexion :

- Qualifier ce que peut être la précarité des personnes âgées, et ainsi définir les conditions élémentaires locales permettant à celles ci d’assurer convenablement leur besoin.  

- Qualifier ce que peut être l’isolement de ces personnes et tenter de le définir. Définir en quoi la précarité est une variable agissant sur cet état.

La recherche de solutions concertées :

L’objectif recherché est de mettre en évidence les orientations et les aménagements propres à chaque institution, et ceux mutualisables, qui paraissent souhaitables afin de mieux prendre en compte les besoins mis à jour.


Moyens


Moyens humains : - le directeur adjoint chargé des politiques sociale co-anime l'observatoire avec l'université. - la responsable du pôle seniors du CCAS suit les travaux réalisés, coordonne l'information entre les professionnels et fait remonter des problématiques de terrain.

Budget annuel prévisionnel : 500 euros (production de documents et de rapports)


Partenaires opérationnels


Département, CPAM, CAF, MSA, Université de Perpignan via le laboratoire de recherche

Ils financent l'action


Aucun

Bilan

Devant la fragilité d’une société qui perd ses repères, confrontée à un réel problème d’adaptation de l’intervention sociale, il est nécessaire de revisiter sans cesse les méthodes de travail permettant d’appréhender globalement la problématique sociale.

Il est difficile de dresser un bilan d’une démarche en construction, pour autant cet outil constitue un espace de rencontre interactif, entre  acteurs destinés à produire de la connaissance et de l’analyse sur les situations sociales, et des professionnels de l’intervention  sanitaire et sociale, confrontés quotidiennement à l’acuité des problèmes liés à la désaffiliation d’un public de plus en plus en difficulté.

Observations

Cette expérimentation devrait permettre d'imposer collectivement la nécessité d’une réflexion approfondie sur un phénomène (la précarité des personnes âgées) qui, à ce jour reste difficilement lisible, surtout lorsque ces personnes vivent dans leur logement et ne sont pas placées dans des établissements de soins.

La quasi absence d’un mode fort d’interpellation des institutions, les situations de retrait social et de souffrance « invisible » ne saurait cacher l’urgence d'intervenir le plus en amont possible dans une logique de prévention plutôt que de réparation.

Photo : Wikimedia Commons / Monster1000

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