Transformer et conserver : des clés pour bien manger

Aides, accès aux droits
Publié le 18 janvier 2017
Au travers de l'épicerie solidaire du CIAS Aunis Sud, l'action consiste à accompagner les bénéficiaires de l’aide alimentaire autour de la transformation et la conservation des aliments, à la fois pour leur permettre de gagner en autonomie, mais aussi pour lutter contre le gaspillage alimentaire en prolongeant la durée de consommation de certains produits. Toutes ces actions visent à créer du lien social.

Cette action avait été présélectionnée par l'UNCCAS dans le cadre des Prix de l'Innovation Sociale Locale 2016.

Elements clés

Contexte

En France, le contexte de l'aide alimentaire est en évolution : baisse de l'approvisionnement et de l'aide de l'Union Européenne, évolution des méthodes d'approvisionnement, évolution du public avec l'apparition de personnes nouvellement arrivées dans la précarité (accident de la vie : séparation, perte d'emploi, maladie…). Par ailleurs, le contexte de crise économique a eu pour conséquence une très forte augmentation du nombre de personnes en situation de précarité. De plus, des études récentes montrent la forte augmentation des inégalités sociales de santé dues en grande partie à la nutrition (obésité, maladies chroniques, diabète...).

En Charente-Maritime, les épiceries solidaires sont depuis longtemps au cœur de la réflexion sur le "mieux manger" à travers un approvisionnement de qualité et diversifié (programme Uniterres permettant un approvisionnement en primeurs de qualité en circuit court, en local, essentiellement en produits bio).

Partenaires du PNNS, les épiceries sont vigilantes pour que l'approvisionnement soit en cohérence avec les messages nutritionnels notamment sur la consommation recommandée en fruits et légumes.

Dans un contexte mondial de lutte contre le gaspillage alimentaire, le travail de recherches de dons provenant des magasins, industriels, producteurs en circuits courts et grandes surfaces permet de donner une seconde vie à des produits souvent de qualité voués à la destruction.

C’est autour de ces constats que les différents partenaires se sont retrouvés. L’épicerie solidaire « Au panier partagé » et celle de Rochefort sont toutes deux affiliées au réseau ANDES et bénéficient de l’approvisionnement en primeurs du programme Uniterres. Ensemble, nous partageons les mêmes valeurs et idées du travail social et de l'aide alimentaire. Nous avons respectivement pointé certains besoins et avons le même goût pour l'expérimentation et le développement de projet. L’association iC était, quant à elle, repérée sur le territoire pour son travail de recherche-action et ses savoir-faire, tant sur la mobilisation du public que dans son approche des questions de santé et de précarité. Co-porter ce projet nous est apparu opportun dans l'idée d'initier un travail de fond auprès des bénéficiaires pour recenser leurs besoins et envies et de ré-impulser une dynamique tant dans le développement de partenariats que dans l'autonomie de notre public.

Description


Présentation de l'action



Principaux objectifs


Objectifs généraux du projet

 

  • Réduire les inégalités sociales en matière de santé
  • Connaître le public bénéficiaire de l'aide alimentaire, ses contraintes, ses besoins et ses pratiques alimentaires
  • Améliorer en conséquence l'approvisionnement dans l’épicerie dans un contexte de lutte contre le gaspillage alimentaire
  • Enrichir et compléter les savoir-faire et connaissances nutritionnelles des clients/bénéficiaires afin de conserver au mieux et plus longtemps les produits alimentaires
  • Créer du lien social entre les clients/bénéficiaires et envers les producteurs locaux

Objectifs opérationnels du projet

 

  • Rendre accessibles des produits frais de qualité aux personnes en situation de précarité, participer au développement des petites exploitations agricoles, tout en renforçant les liens entre producteurs et consommateurs
  • Répondre au mieux à la demande des clients/bénéficiaires et améliorer la qualité de leur alimentation
  • Tester sur le terrain des méthodes d’aide alimentaire innovantes en prolongeant la durée de conservation des aliments
  • Acquérir davantage de liberté dans les méthodes d’approvisionnement des denrées alimentaires
  • Améliorer la connaissance du travail des agriculteurs et renforcer l'information des consommateurs en matière de nutrition
  • Faciliter la participation des clients/bénéficiaires aux actions au regard des problèmes de mobilité

Fonctionnement de l'action


I – Phase de mobilisation / Diagnostic

  Dans le cadre de ce partenariat et en tant que professionnels de l’action sociale, nous partageons l’idée que les projets mis en place doivent reconnaître les bénéficiaires comme des acteurs capables de jouer un rôle concret et utile pour la collectivité. C’est pourquoi, nous souhaitons faire émerger la parole des bénéficiaires. Pour cela, nous nous sommes appuyées sur un outil de l’IREPS Poitou-Charentes intitulé « Photo alimentation » à partir duquel nous avons pu travailler sur les représentations de chacun sur des temps collectifs. Un diaporama présentant des denrées des épiceries a servi à un second temps de mobilisation. Il s’agissait d’un véritable support d’échange et de valorisation qui a débouché sur la mobilisation des personnes pour participer à l’animation des ateliers (nouvelles recettes / découverte interculturelle).

Parallèlement, des questionnaires sur les pratiques liées à la conservation ont été réalisés auprès des clients de l’épicerie. Ceux-ci ont nourri un rapport rédigé par Camille Ruiz d’iC, intitulé « Transformation et conservation : enjeux de santé au sein de l’aide alimentaire ». Ce travail recense les savoir-faire, moyens matériels et représentation de la conservation. Il fait également état des contraintes et limites à cet exercice en apportant des pistes de travail. Celles-ci sont à la base de la recherche-action menée dans le cadre de ce projet (voir IV).

II – Mise en place d’ateliers cuisine / Santé, lien social et petit budget

  Ateliers cuisine et conservation des aliments

Depuis 2015, nous proposons des ateliers cuisine (à raison de deux par mois) support au développement de projets et propice à la mise en place d’animations destinées à transmettre les différentes méthodes de conservation. IC est chargée de l’animation de ces séances. En appui sur les analyses de la socio-anthropologue Christine César, il apparaît clairement qu’une des réponses pour favoriser l’autonomie alimentaire des personnes en situation de précarité passe par une réappropriation des techniques de transformation et de conservation. C’est pourquoi, nous souhaitons initier des cycles de transformation permettant de « recycler » des fruits et légumes frais légèrement abimés. Cette action permet à la fois de lutter contre le gaspillage mais aussi de garantir aux bénéficiaires de consommer ces denrées toute l’année et à petit prix. Nous alternons entre :

  • Des temps de dégustation pour valoriser les produits distribués au sein de l’épicerie (exemple : fabrication de gâteaux de pain salés et sucrés à partir de toasts).
  • Des ateliers « cuisine » orientés vers la cuisine du monde à la demande des usagers (exemple : atelier cuisine africaine co-animé avec une bénéficiaire). La cuisine plaisir à petit prix est ici valorisée autour de recettes simples, facilement reproductibles et équilibrées (PNNS).
  • Des ateliers « conservation » pour (re)transmettre les gestes et transformer des produits (exemple : confiture de mûres après glanage, légumes lactofermentés ou séchés, fabrication de sirops de plantes…).

Santé et petit budget

Il est important de promouvoir une alimentation favorable à la santé sans avoir un discours restrictif, ni moralisateur. Nos différentes actions ne s’inscrivent pas dans une logique de culpabilisation des personnes ne mangeant pas les « cinq fruits et légumes » recommandés par les autorités de santé. Au contraire, pour les personnes en situation de précarité financière, mais souvent aussi en situation d’exclusion, le discours doit être adapté. Ces objectifs alimentaires ne sont pas des normes strictes, il suffit de tendre vers elles. De ce fait, nous ne prétendons pas changer radicalement les habitudes alimentaires des bénéficiaires avec quelques ateliers culinaires. Cependant, si la notion de plaisir réapparaît, il sera plus aisé par la suite d’encourager les comportements favorables à la santé. Il s’agit ici de reconnaitre les savoir-faire de chacun et de participer à la création de lien social entre les participants.

III – Recherche action sur la conservation et lutte contre le gaspillage alimentaire

  Tout autour des actions présentées, le projet vise à apporter de nouvelles réponses permettant de réduire le gaspillage alimentaire (des lieux de collecte et de l’épicerie) et d’apporter une réponse concrète pour améliorer l’autonomie alimentaire des clients. En effet, la conservation des aliments périssables au sein des Epiceries pose souvent problème. La gestion des stocks (parfois aléatoire / trop ou trop peu) et l’idée de récupérer des produits frais non commercialisables par la grande distribution, nous a amené à réfléchir à des méthodes novatrices de transformation / conservation. Cette réflexion est présentée de façon exhaustive dans le rapport « Transformation et conservation : enjeux de santé au sein de l’aide alimentaire » rédigé par Camille Ruiz (iC – Initiative Catering) dans le cadre du Diplôme Universitaire « Santé et précarité » qu’elle a suivi à Nancy en 2015.

Les ateliers « conservation » présentés ci-dessus font partie de cette réflexion. Nous privilégions actuellement la transmission de savoir-faire sans risque sanitaire et travaillons avec les étudiants de Licence pro de l’ENILIA à la réalisation de « fiches process » autour de la pasteurisation et de la stérilisation en prenant en compte les risques d’intoxication par le botulisme (maladie paralytique rare mais grave due à une neurotoxine bactérienne pouvant se développer dans les conserves).

Conserverie mobile

Parallèlement, nous souhaitions étudier la faisabilité de transformer des aliments au sein des épiceries. Dans ce cadre, nous avons entrepris, avec le Laboratoire d’analyse microbiologique BioVal, une réflexion sur les différents modes de conservation possibles à mettre en place au sein des épiceries dans l’objectif de proposer aux bénéficiaires des produits cuisinés. Les conditions spécifiques à la transformation étant drastiques, nous avons opté collectivement pour étudier la faisabilité de créer un outil itinérant que nous nommons « Conserverie mobile », permettant de transformer directement les produits sur site. La Conserverie mobile pourrait ainsi travailler en lien avec les lieux de distribution alimentaire, voire se rendre directement sur les sites (supermarché, exploitation agricole…) ayant des quantités importantes de denrées à transformer. Outre l’intérêt de mutualiser le matériel, cet outil réduirait considérablement la logistique liée à l’acheminement des aliments. Il contribuerait également à des actions de proximité répondant ainsi au mieux aux difficultés liées à la mobilité sur notre secteur particulièrement rural.

Redistribution des invendus de l’épicerie solidaire

Dans le cadre de notre dynamique de lutte contre le gaspillage, nous avons mis en place un réseau de redistribution des surplus avec la Banque alimentaire d’Aigrefeuille d’Aunis et les Restos du cœur de Surgères. Bien que ceci demande une logistique importante, elle nous permet de « sauver » une partie des denrées et de créer du lien avec des structures similaires et d’apporter soutien et méthodologie aux bénévoles qui les animent.

IV – Actions périphériques

  Parallèlement aux ateliers cuisine, il nous est apparu important de mettre en place plusieurs actions ponctuelles promouvant la solidarité et créant du lien entre les bénéficiaires et un plus large public. Chacune de ses actions est co-portée par les structures et leur public (bénévoles et bénéficiaires).

« Le Troc casseroles et petit matériel de cuisine »

Le « Troc casseroles » pose un principe simple : chacun peut déposer et/ou prendre un ou des objet(s) en lien avec la cuisine… De la casserole à la cuillère en bois, en passant par le livre de recettes, les bénéficiaires de chaque épicerie sont invités une fois par an à se mobiliser pour partager un temps d’échanges, fédérateur en cette période de crise… L’entrée est libre et gratuite. L’ensemble des partenaires pose comme principe de ne pas contrôler les entrées et sorties de matériel. Il s’agit ici de valoriser les articles jusqu’à la fin de leur vie, de proposer ce qui ne sert plus à certains à ceux qui en ont l’utilité. C’est un troc visant aussi à la réduction des déchets.

« Glanage et balades nature » / Valorisation du compostage

Cinq sorties sont prévues par an pour aller ramasser des plantes sauvages comestibles (en partenariat avec la botaniste Anne Richard de l’association A Fleur de Marée), cueillir des fruits sauvages dans la nature (mûres…), récolter des fruits chez des particuliers ayant ouvert leur jardin ou encore pour découvrir la pêche à pied. Il s’agit de temps fédérateurs qui se poursuivent par un temps de transformation (confiture, repas…). En 2015, à la demande des usagers des épiceries, nous avons co-construit des jardinières en palettes afin d’y planter des herbes aromatiques à disposition de tout le monde. Cette réalisation s’est appuyée sur un groupe de six bénévoles qui ont contribué à la récupération de la matière première et au dessin de la jardinière avant de la réaliser. Il s’agit d’une action participative. La mise en place de composteurs à proximité de ces jardinières a également permis de sensibiliser le public à cette technique respectueuse de l’environnement. Une formation des bénévoles de l’épicerie solidaire a été assurée par un agent de Cyclad, une piqûre de rappel a lieu chaque année pour s’assurer de la bonne utilisation des composteurs. Cela permet, en outre, de mobiliser de nouveaux bénévoles. Les composteurs sont également utilisés lors des ateliers cuisine pour mettre en pratique les gestes présenté par Cyclad.

« Transmission des savoir-faire / Ateliers intergénérationnels »

Au travers de cette action, nous rapprochons des jeunes (lycée professionnel) et des personnes âgées (EHPAD de Surgères) pour mettre en place des ateliers de transmission des savoir-faire. Il s’agit d’un échange intergénérationnel au sein de l’épicerie, incluant les bénéficiaires. Ces rencontres sont basées sur l’échange des savoir-faire culinaires, de l’art de réutiliser les restes alimentaires pour lutter contre le gaspillage mais aussi d’échanger des astuces sur des pratiques familiales « traditionnelles » qui n’ont pas forcément été transmises aux jeunes générations. Cinq rencontres ont été programmées chaque année.

Ateliers cuisine parents/enfants : la compagnie des gourmands

Par ailleurs, en adhérant au réseau ANDES, l’épicerie solidaire s’engage à développer des ateliers cuisine parents/enfants. Nous utilisons en priorité les primeurs d’Uniterres afin de valoriser ces produits essentiellement « bio », de production locale et obtenus en circuit court. Le principe de la Compagnie des Gourmands est de faire cuisiner ensemble les parents (au sens large du terme) et leurs enfants. En effet, la manipulation des aliments par les enfants permet une autre approche plus ludique de l’alimentation. De plus, il est intéressant pour les enfants d’apprendre les bases d’une cuisine simple et peu onéreuse puisqu'ils seront les adultes de demain. La prévention en termes d’alimentation commence ici dès le plus jeune âge.

« Culture et solidarité »

Des temps culturels sont organisés chaque année autour de l’épicerie. La programmation est en lien avec les thématiques de l’alimentation et du développement durable afin d’apporter de nouveaux regards sur nos façons de manger et de consommer. Le CIAS a fait le choix d’une formule « intime » en proposant une après-midi « Contes à la louche » avec le Collectif Les Amuses-Gueules. Une centaine d’enfants et de parents ont assisté à un après-midi « contes » dans les locaux du CIAS. Pour le second semestre 2016, l’épicerie a mis en place un projet de spectacle interactif par un comédien de la compagnie des sept lieues. Il s’agit d’entraîner, de façon ludique, le public du CIAS à trier les déchets selon les règles de Cyclad.

Les outils pour évaluer l'action


Dans le cadre de ce projet, nous avons mis en place nos propres outils. Il s’agit avant tout de comptes-rendus d’actions. Parallèlement, nous sommes suivis par la Fondation Daniel et Nina Carasso qui nous a sollicités dès la mise en place du projet pour présenter notre démarche d’évaluation. Début 2016, nous avons renvoyé à la Fondation un bilan intermédiaire selon une trame bien précise. Nous avons joint l’ensemble des documents (comptes-rendus), des affiches, des photos, des articles de presse… relatifs au projet sont présentés en annexes dans le dossier « Bilan Carasso 2015 ». A cela s’ajoutent des conventions (Uniterres / ANDES, charte du bénévole…) et le dynamisme partenariat entretenu avec l’Epicerie La Boussole (Rochefort).

Par ailleurs, nous rendons compte de la fréquentation de nos ateliers cuisine « parents/enfants » la compagnie des gourmands, auprès de notre partenaire l’ANDES. Pour la période allant de février à septembre 2016, l’épicerie solidaire bénéficie de l’animation des ateliers par Coralie Morin, service civique auprès de l’ANDES dans le cadre de la valorisation du programme Uniterres. En moyenne, 12 enfants fréquentent ces ateliers animés durant les vacances scolaires soit 12 ateliers par an.

Outils d’évaluation


Pour ce qui concerne le projet Carasso, chaque animation fait l’objet d’un compte-rendu descriptif des échanges entre les participants. Ceci nous permet de rebondir sur les thématiques abordées en atelier et/ou d’orienter les participants selon leurs besoins (logement, santé…). Une évaluation quantitative (nombre de personnes touchées et implication dans l’activité proposée) y figure également. Des comptes-rendus de l’ensemble des réunions de coordination sont réalisés mentionnant les points à réaliser dans le mois.

Exemples de critères et d’indicateurs


Nous vous présentons un guide méthodologique que nous suivons pour l’évaluation de nos actions :

Objectifs opérationnelsCritères d’évaluation Indicateurs d’évaluation
Acquérir davantage de libertés dans ses méthodes d’approvisionnement des denrées alimentaires Cibler la saisonnalité et le choix des produits
Mise en place de nouveaux partenariats (commerces, supermarchés, particuliers)
Nombre de produits différents distribués
Variété des produits (offre et partenaire)
Répondre au mieux à la demande des usagers et améliorer la qualité de leur alimentation Apport des réponses concrètes à partir des éléments mis en lumière lors de l’action 1 (photo-langage) Acquisition de matériel de cuisine
Augmentation de leur consommation de fruits et légumes
Améliorer le dialogue avec les bénéficiaires et les rendre acteurs Respect des personnes
Proposer des actions collectives et veiller à ce que chacun trouve sa place
Nombre de rendez-vous organisés
Nombre de personnes mobilisées
Tester sur le terrain des méthodes d’aide alimentaire innovantes en prolongeant la durée de conservation des aliments Implication de nouveaux partenaires pour l’essaimage de l’action Quantité d’aliments transformés et redistribués
Méthodes mises en place pour la transformation

Conventionnements et chartes


Notre épicerie est conventionnée avec l’ANDES et la Banque alimentaire. En interne, la charte du bénévolat pose de cadre de l’engagement attendu au sein de la structure (accueil bienveillant, confidentialité, responsabilisation des usagers à travers le respect de leur dignité et la reconnaissance de leurs savoir-faire…).

La Boussole, un partenaire privilégié


Si l’épicerie solidaire « Au panier partagé » a ouvert ses portes en mars 2014, elle s’est appuyée sur l’expérience et le savoir-faire de son homologue de « la boussole » : échange de pratiques avec la boussole tant sur le fonctionnement que sur l’approvisionnement de la structure.


Moyens



Moyens humains


CDC AUNIS SUD - CIAS

 

  • Delphine Marie-Marty, Coordinatrice de l’Epicerie solidaire « Le Panier partagé», 0.50 ETP mobilisée pour la coordination de l’épicerie et 0.50 ETP sur les actions collectives
  • Sandrine Rayer, Responsable du CIAS Aunis Sud, 0.05 ETP mobilisée sur cette action
  • Vincent Barnac, gestionnaire logistique de l’Epicerie solidaire 0.10 ETP
  • Jean-Luc Zamparo, agent d’accueil du CIAS 0.30 ETP
  • Anita Porcar, agent d’entretien du CIAS 0.25 ETP

ASSOCIATION iC – INITIATIVE CATERING

 

  • Camille Ruiz, Animatrice – Chargée du développement
  • Isabelle Mabille, Animatrice – Responsable de la coordination
  • Vincent Bouvier et Agnès Dégrez, Animateurs (contrats temporaires)

ASSOCIATION LA BOUSSOLE

  Valérie Hongrois, Directrice Raïssa Neveu, Animatrice – Secrétaire de direction

Cyclad – syndicat mixte pour la collecte, le tri et le traitement des déchets

  Christophe Pernin, Agent

ANDES (Association Nationale de Développement des Epiceries Solidaires)

  Coralie Morin, Animatrice service civique – Chargée de la valorisation des produits primeurs dans le cadre du programme Uniterres

Moyens matériels


Les ateliers cuisine ont eu lieu dans chaque épicerie (à Surgères et à Rochefort) avec le matériel dont chacune d’elle dispose. Une enveloppe issue de la Fondation Carasso (FDNC) a permis de compléter l’équipement par l’achat de petit matériel et par l’investissement dans des tables en inox, permettant de travailler dans de meilleures conditions sanitaires.

Les fiches recette, affiches et autres supports de communication ont été faits en interne (hors trame de l’affiche). Nous avons également fait appel à l’Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé (IREPS) pour utiliser certains de leurs outils (photo-alimentation utilisé dans la phase de mobilisation).

Budget / coût de l’opération


L’ensemble des actions collectives citées ici sont pilotées par la coordinatrice de l’épicerie solidaire en partenariat avec des associatifs, dans le cas présent l’Association Nationale de Développement des Epiceries Solidaires et Initiative Catering. Le budget ci-dessous développe le coût des actions en tenant compte des prestations de service assurées par ces associations. La somme accordée par la Fondation Carasso a été répartie entre l’épicerie de Rochefort et l’épicerie du CIAS. Pour ce qui nous concerne l’aide de la Fondation s’élève à 138820 € d’octobre 2014 à décembre 2016.

Pour ce qui concerne l’ANDES un agent en service civique intervient depuis avril 2016 dans nos actions, il est difficile d’évaluer la contribution de cet agent dans l’immédiat car elle doit répartir son temps d’intervention sur trois structures.

201420152016
Charges de personnel

CIAS
Coordinatrice épicerie 6875 27775 27775
Agent d'accueil 2390 10560 10560
Agent d'entretien 1050 4320 4650
Gestionnaire logistique 805 3270 3220
Directrice CIAS 690 2760 2860
Prestations de services IC 4500 22500 22500
ANDES - - 2100
Frais de fonctionnement 200 600 600
Frais de communication 500 700 700
Petit matériel et denrées - 3000 3000
Spectacles - 3000 3000
UNTERRES (approvisionnement primeurs) 6400 15000 15000
Total 23410 93485 95865

  Coût global de l action : 212 760 €


Partenaires opérationnels


L'épicerie solidaire « Au panier partagé » dispose d'un comité de pilotage qui se réunit deux fois par an pour examiner le développement du projet de l’épicerie et notamment des actions collectives connexes à la structure. Le conseil d'administration du CIAS est amené ensuite à valider les orientations issues du comité de pilotage.

Le développement d'actions collectives a été initié rapidement avec les partenaires locaux du CIAS (services sociaux, associations, mission locale, centre social…) autour de thématiques variées : santé, loisirs, accès aux droits, mixité sociale…

Les actions présentées dans ce dossier font donc partie intégrante de l'ensemble du projet d'actions collectives mené par le CIAS, en partenariat avec d'autres professionnels.

L’essentiel du projet a été pensé collectivement avec l'association la Boussole et l'association iC – Initiative Catering, à l'occasion de réunions de travail. Les premiers constats et besoins ont été immédiatement partagés. A partir d’un diagnostic partagé (retour de bénéficiaires, gestion des stocks aléatoire au sein des épiceries, recherches sociologiques…), nous avons conjointement écrit le projet que nous avons déposé à la Fondation Carasso, dans le cadre d'un appel à projet. Nous avons décliné une série d’objectifs et d’actions. Tout ceci en appui sur les actions déjà existantes dans nos structures et en lien avec nos réseaux d’approvisionnement (programme Uniterres développé par l'ANDES).

Aujourd’hui, le projet est en place depuis un an et demi. Les ateliers sont programmés au semestre. Le contenu est défini avec les participants d’une séance à l’autre. Nous organisons des réunions de coordination mensuelles (CIAS / La Boussole / IC) qui permettent de faire le point sur les différentes avancées et de prendre des décisions collégiales. Des comptes-rendus sont rédigés systématiquement. Ils sont présentés en annexes dans le document « Bilan Carasso 2015 ». Un recueil des propos des participants se trouve dans le document « Rapport intermédiaire FNDC 2015 ».


Ils financent l'action


La Fondation Daniel et Nina Carasso : 138 000 €

La Fondation Daniel et Nina Carasso est une fondation familiale créée début 2010, en mémoire du fondateur de Danone en France et aux États-Unis, et de son épouse. En soutenant des initiatives dans les domaines de l’alimentation durable et du rapport entre le citoyen et l’art, elle a pour objectif de concourir à l’épanouissement de l’être humain et à la préservation de notre environnement. www.fondationcarasso.org

Le CIAS Aunis Sud : 74 760 € soit 35 %

La valorisation du salaire de la Coordinatrice de l’Epicerie solidaire « Au panier Partagé » équivaut à 62 425 €.

Le programme Uniterres représente 36 400 € sur la totalité du projet. Il s’agit d’un budget alloué par l’Association Nationale de Développement des Epiceries Solidaires (ANDES) est de 15 000 € par année et par épicerie. Il s’agit d’une subvention de l’Etat couvrant la totalité des frais engagés pour l’achat des primeurs Uniterres. Il s’agit d’une opération neutre dans le budget de l’épicerie solidaire puisque la somme est versée directement par l’ANDES aux producteurs.

Bilan

Nous tirons un bilan positif de cette première année. La mobilisation du public correspond à nos perspectives. Nous tenions ici à rappeler qu’au-delà de l’intérêt de cette action, nous ressentons de véritables attentes des usagers des épiceries en termes de lien social et d’échange. Nos constats portent sur l’isolement des populations (quel que soit leur âge ou leur cadre d’habitation).

La partie expérimentale avance doucement du fait des contraintes sanitaires dont nous n’avions autant conscience. Pour autant, nous avons su nous appuyer sur des partenaires compétents sur notre territoire. Le travail sur les « Fiches process » est bien avancé. Nous souhaitons les faire valider par un organisme compétent avant diffusion et mise en place d’atelier. Le projet « Conserverie mobile » est à l’étude. Plusieurs institutions et partenaires (ARS et DRAAF Poitou-Charentes, ANDES et les épiceries de Charente-Maritime et Deux-Sèvres, CCAS de La Rochelle et la Banque Alimentaire 17…) sont actuellement très intéressés et suivent de près nos réflexions. Nous avons été amenées à témoigner de cette action dans différentes instances plénières. Ceci marque leur intérêt en vue d’un potentiel essaimage de l’action.

Bilan quantitatif / Année 2015


ActionNb de personnes prévuesNb de personnes touchées
Mobilisation 120 Rochefort : 70
Surgères : 50
Ateliers cuisine et conservation 200 (sur deux ans) Rochefort : 99
Surgères : 103
Ateliers intergénérationnels 1000 (sur deux ans) Rochefort : 26 adultes + 24 enfants
Surgères : 40 personnes
Troc Casseroles Rochefort : 48 familles
Surgères : 25 familles
Balade glanage Rochefort : 31 personnes
Surgères : 44 personnes
Spectacle Rochefort : 304 personnes
Surgères : 100 personnes
Ateliers Parents / Enfants
La Cie des gourmands
Surgères : 146

Réseau partenarial


Par le développement de ces actions, nous avons dû créer et entretenir un réseau partenarial important : il s’agit ici de travailler avec l’association iC, l’épicerie solidaire « La Boussole », le centre de formation de l’ENILIA, le lycée de notre secteur, la maison de retraite de Surgères. Pour le bon fonctionnement de notre épicerie, nous avons établi un accord d’approvisionnement avec un producteur de porc local, qui écoule auprès de notre épicerie des produits carnés à forte valeur ajoutée (destinée à une coopérative locale). Un second producteur de viande de bœuf est actuellement en lien avec notre structure pour développer le même genre d’accord. Ils ouvriront dès lors droit à une défiscalisation à hauteur de 60% de la valeur des produits donnés. Par ce réseau, nous entendons ouvrir des relations entre nos bénéficiaires, et les partenaires de nos actions, toujours dans l’objectif de faire du lien et de mieux connaitre les ressources de notre territoire.

Observations

A ce stade, nous poursuivons la capitalisation de savoir-faire et de données pour pouvoir essaimer une partie de l’action à partir de septembre 2016. Nos savoir-faire en conduite de projet sont aujourd’hui reconnus et notre expérience dans ce domaine fait aujourd’hui référence dans diverses instances.

Perspectives d’essaimage


Ateliers cuisine « conservation domestique »


A ce jour, les « Fiches process » autour de la stérilisation et de la pasteurisation ont été rédigées par les étudiants de l’ENILIA. Nous avons sollicité plusieurs partenaires (Direction Départementale de Protection des Populations, CRITT Poitou-Charentes, CTCPA) pour leur regard et la validation de ces fiches : la partie sanitaire (risque de botulisme) étant un point clef de ce sujet. A partir de là, nous demanderons à un graphiste de les mettre en page et réaliserons une trame d’animation, notamment pour sensibiliser les futurs participants aux dangers de la conserve maison. Les ateliers seront proposés Au Panier Partagé dès septembre 2016. A partir de 2017, l’association iC les proposera à d’autres structures intéressées : réseau des épiceries solidaires, centres sociaux…

La Conserverie mobile


En ce qui concerne la Conserverie mobile, ce projet est encore à l’étude (coût d’investissement et de fonctionnement). L'association Initiative-Catering est particulièrement mobilisée autour de ce projet, auquel le CIAS adhère et collabore. Nous envisageons de rencontrer l’école provinciale d’agriculture de Huy (Liège / Belgique) qui a développé un outil similaire. Celui-ci ayant une finalité pédagogique, il nous faudra analyser les besoins sociaux en lien avec notre idée (forme juridique, règles de fonctionnement…). Des recherches de financements complémentaires sont actuellement en cours. L’outil sera testé dans un premier temps auprès de La Boussole et du Panier Partagé. Une fois opérationnel, il sera proposé à d’autres partenaires : réseau des épiceries solidaires du Poitou-Charentes, siège de la Banque Alimentaire 17… et pourquoi pas proposer l’outil à des producteurs locaux pour diversifier l’activité et auto- l’équipement. L’ouverture du réseau sera pour nous un point clé qui permettra d’essaimer l’idée de la conservation et d’amortir l’équipement. Nous pourrons apporter un diagnostic précis des besoins dès septembre/octobre 2016. Après la construction de l’outil (Food Truck transformé en laboratoire équipé de matériel de conservation : autoclave, surgélateur…), son opérationnalité sur le territoire est prévue début 2017.

Les points clef de la réussite de notre travail


Gouvernance partagée


A ce jour, nous pouvons signaler que la force de notre travail réside avant tout dans le partage de la gouvernance. Au démarrage du projet, chaque partenaire s’était positionné sur ses envies et besoins afin d’apporter par nos compétences réciproques un projet cohérent. Chaque étape est donc étudiée collégialement pour avancer ensemble au même rythme et partager nos réflexions. La mutualisation des savoir-faire et les échanges au-delà du projet (notamment les échanges et le soutien mutuel tissés avec La Boussole) font de notre trio une équipe pertinente, croisant des constats de terrain à une analyse des besoins sociaux, en passant par des idées innovantes et originales.

Un partenariat de compétences


Parallèlement, nous avons su nous tourner vers d’autres acteurs et construire des partenariats autour de compétences spécifiques. L’exemple de l’ENILIA reste selon nous le plus marquant. En tant que professionnelles de l’action sociale, nous nous sommes rapidement confrontées à des difficultés de compréhension des risques sanitaires et des procédés (microbiologie alimentaire) liés à la conservation des aliments. Pour compenser ses lacunes, l’ensemble des partenaires du projet a suivi une formation. Ceci nous a permis d’être plus claires et de mieux comprendre les enjeux des étudiants de Licence pro lors de leur projet tuteuré. Pour la suite de nos investigations, nous travaillons avec le CRITT Poitou-Charentes, le CTCPA… Une rencontre avec d’autres porteurs de projet (l’école provinciale d’agriculture de Huy / Liège) est prévue d’ici la fin du semestre.

Participation des usagers et mixité des publics


Dans un souci de cohérence de notre projet, nous avons développé de nombreuses sous-actions. Chacune est co-construite avec les partenaires dédiés dans le respect de nos objectifs généraux, et en appui sur les besoins repérés et/ou décrits par les bénéficiaires (Exemple : phase de mobilisation autour du photo-langage). Il s’agit ici de s’assurer que chaque action entraine une plus-value pour le public. En rassemblant un public très divers, ces actions assurent une mixité sociale qui permet la connaissance et la reconnaissance de l’autre tant dans ses savoir-être que dans ses savoir-faire. Les codes de fonctionnement de chaque communauté tendent à être mieux compris et acceptés par l’autre. Dans un secteur essentiellement rural, il est important d’accompagner les échanges entre les différents groupes d’appartenance pour limiter les crises identitaires. Une forte communauté de voyageurs plus ou moins sédentarisés est présente sur le territoire. Une cohabitation dans les locaux du CIAS et à fortiori de l’épicerie solidaire avec d’autres groupes d’appartenance (ethniques notamment) peut engendrer des tensions dans un contexte de besoins alimentaires. La mise en place d’actions collectives mixant tous types de population contribue à la rencontre, à l’échange, à la compréhension des valeurs de l’autre et à ses codes d’appartenance.

Photo : Le village de Saint-Laurent-de-la-Barrière iwiNeko14 / Wikimedia Commons

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