Echange équitable et solidaire : des pots de confiture contre des denrées alimentaires non périssables

Publié le 5 janvier 2008
L’idée du CCAS est de fabriquer, avec la participation active des bénéficiaires, des confitures avec des fruits récupérées auprès d'une grande surface et de proposer à la population de les échanger contre des denrées non périssables (café, pâtes, riz…) dans la galerie marchande d’une grande surface, où le CCAS tient un stand une fois par mois. Ce sont les bénéficiaires qui tiennent ce stand et distribuent des tracts à l’entrée du magasin. Dès qu’une famille devient bénéficiaire d’un colis alimentaire, elle est invitée à venir faire quelques heures de bénévolat.

Elements clés

Contexte

Depuis 2002, le CCAS a mis en place son propre système de distribution de colis alimentaire, opérationnel toute l’année. Le CCAS a obtenu d’une grande surface l’autorisation d’enlever des denrées alimentaires fraiches une fois par semaine. Il a ensuite mobilisé des bénéficiaires de l’aide alimentaire et leur a demandé de donner un peu de leur temps en bénévolat pour aller chercher les denrées avec le véhicule mis à disposition par la municipalité. Les denrées récoltées sont diverses et en quantité non négligeable, mais rapidement périssables (viennoiseries, pâtisseries,  légumes, fruits…). Par ailleurs, bon nombre de fruits ne pouvaient pas être redistribués car, durant le transport, certains s’abimaient ou s’écrasaient. Les fruits devaient donc être triés et ceux jugés trop abimés pour être distribués aux familles, étaient jetés. L'idée est donc venue de fabriquer des confitures avec ces fruits et de proposer à la population d’échanger les pots de confiture contre des denrées non périssables (café, pâtes, riz, etc.).

Description


Présentation de l'action


Dès qu'une famille devient bénéficiaire d'un colis alimentaire, elle est invitée à s'investir dans l'opération en réalisant quelques heures de bénévolat. Ramassage et enlèvement des fruits, recyclage, triage, nettoyage, stockage des pots, conditionnement des fruits, confection et mise en pots des confitures, gestion des stocks de confitures, tenue d'un stand une fois par mois à l'Intermarché pour proposer aux habitants l'échange, gestion du stock de denrées récoltées et de leur redistribution... les tâches proposées sont nombreuses et variées.Les fruits utilisés sont frais ou congelés au plus tard une semaine avant la cuisson. Ils proviennent essentiellement d'un primeur local et du supermarché Carrefour. Certains viennent également des deux jardins fruitiers du CCAS, entretenus par son chantier d'insertion. Le reste est offert par certains habitants de la commune désireux de faire profiter le CCAS de leur récolte personnelle. La diversité de ces dons permet parfois de proposer jusqu'à 50 parfums différents de confiture.

Le stand « échange équitable et solidaire » Installé dans la galerie du centre commercial Intermarché de Râches, ce stand permet de faire connaitre l'opération et d'échanger les pots contre des denrées. il est tenu un samedi par mois par des bénévoles qui se relaient toute la journée et remettent aux clients du centre commercial un petit tract publicitaire leur proposant un échange de confiture contre des denrées.


Moyens


Moyens humains : - l'adjoint aux Affaires sociales qui est à l'origine du dispositif coordonne et met en place les actions, - quelques familles bénévoles se succèdent pour réaliser les actions. Moyens matériels : - un local destiné au conditionnement des produits et à l'élaboration des confitures et un véhicule permettant d'aller chercher des denrées fraiches au supermarché sont gracieusement prêtés par la municipalité. - bocaux, matériel et ustensiles de cuisine, équipement de cuisson, sucre... Investissement : Le CCAS a investit environ 800 euros pour démarrer l'action et s'équiper du matériel nécessaire à l'élaboration des confitures (bocaux, trépieds à gaz, bouteilles de gaz, presse à fruits, éplucheur, dénoyauteur, entonoir, passoire, écumoires, spatules, louches...). Cette action ne nécessite pas d'autre financement. Aujourd'hui, même le sucre est fourni dans le cadre des échanges.

Partenaires opérationnels


- Intermarché de Râches : don de denrées, mise à disposition d'un stand, mise en place avec le CCAS d'actions ponctuelles - à l'occasion de la chandeleur, des crêpes réalisées par les bénévoles avec des produits offerts par Intermarché, étaient proposées pour tout échange de denrée). - Secours Catholique : promotion de l'action et aide pour récupérer des pots de confiture vides. Grâce au succès de l'opération, le CCAS a fait don de denrées à l'épicerie solidaire du Secours Catholique de Douai. - Le lion d'or : ce marchand de fruits et primeur de Râches fait régulièrement des dons de fruits, notamment de fruits exotiques. - Carrefour : dons hebdomadaires de denrées périssables.

Ils financent l'action


Aucun

Bilan

Plus de 15 000 pots recyclés, plus de 10 000 pots de confitures fabriqué, 9 500 pots échangés contre plus de 10 000 produits non périssables... depuis le lancement de cette opération, le succès est total et les conséquences sont très positives.

  Points positifs : - Aides sociales pour les plus précaires : les denrées récoltées par les échanges de confitures permettent d’augmenter la qualité des colis mais aussi leur quantité. Le CCAS peut donc être moins exigeant sur les critères d’accès à l'aide alimentaire et en faire bénéficier plus de familles, sans engager son budget. - Lien social dans le village et lutte contre les exclusions : cette opération permet de lutter au niveau local contre l’exclusion, la précarité, la solitude et cela sans moyens financiers. Un grand élan de solidarité s’est formé entre les bénévoles qui s’investissent de plus en plus. Beaucoup ont gagné en confiance personnelle et se sentent valorisés. D’autre part, les administrés saluent cette initiative, apprécient son originalité et ne cachent pas préférer ce système d’échange à un simple appel au don. - Respect de l’environnement et développement durable : cette action appelle l’ensemble des citoyens à recycler leurs bocaux vides en les remettants au CCAS pour permettre de réaliser les confitures. Il est rappelé sur chaque étiquette de pot échangé, de ne pas jeter les bocaux vides et que des containers sont disposés à l’entrée d’Intermarché et de la mairie, ainsi que dans les locaux associatifs pour les recycler. Le public est également sensibilisé au gaspillage de nourriture et des fruits plus particulièrement. Difficultés rencontrées : Motiver et inciter les bénéficiaires à devenir des bénévoles actifs et constants et faire en sorte qu’ils s’impliquent dans cette opération. Gérer et coordonner toutes les tâches. Si cette action est possible, c’est en bonne partie à l’implication et à l’investissement de Daniel Wattelet.

Observations

Le succès de cette opération ne se dément pas. En la présentant dans le cadre d'appels à expériences - notamment du prix de l'innovation sociale locale organisé par UNCCAS en 2008 - l'action a pu bénéficier de retombées médiatiques. Un journaliste de « Reporter d’espoir » a également fait paraitre un article sur ces échanges dans le supplément de presse nationale « Femina ». Les retombées n’ont pas tardé et plusieurs institutions ont contacté le CCAS pour demander des conseils afin de reproduire cette action (les CCAS de Béthune, de Roncq, de Joinville, le conseil général des Pyrénées Orientales... tous interpellés par la simplicité de la démarche et surtout, par le peu d’investissement financier qu’elle nécessite. Cette opération est en effet accessible et réalisable même par des petites structures. Elle peut également être très évolutive. Le CCAS a été sollicité pour tenir un deuxième stand  mensuel dans la galerie de l’hypermarché d’une ville voisine. Satisfait du mode d'échange actuel et face aux difficultés d'organisation que représenterait la tenue d'un second stand, le CCAS n'a pas souhaité s'engager. Souhaitant limiter au maximum le stock au local alimentaire, la quasi-totalité de la récolte des échanges est donc redistribuée dans le mois. Les colis étant déjà conséquents, le CCAS avec l’accord des bénéficiaires, remet parfois des denrées alimentaires au Secours Catholique qui les redistribue via son épicerie solidaire à Douai. Cette démarche nécessite pas mal d’investissement et est parfois compliquée en terme logistique. Il est bien sûr tout à fait concevable de créer un ou plusieurs emplois pour permettre une telle réalisation. Le CCAS a d’ailleurs songé à recruter une personne à temps partiel mais ses moyens financiers ne le permettaient pas.

Photo : Wikimedia Commons / Yophp

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